2020 | Mai
Au moment où la pandémie de COVID-19 émerge comme le problème de santé publique le plus important de notre temps, la connaissance historique de la façon dont les sociétés ont fait face aux pandémies passées est devenue inestimable. En effet, en plus de la médecine, l’histoire est devenue l’outil nécessaire pour éclairer les expériences issues des décisions et politiques passées face à d’autres épidémies et pandémies. Les historiens ont étudié la mortalité causée par diverses maladies, ainsi que les effets des maladies et des épidémies sur la santé des hommes ultérieurement et, bien sûr, sur la société dans son ensemble.
Lorsqu’une épidémie éclatait, en plus de la douleur humaine qu’elle provoquait, la panique était répandue et la structure sociale et économique a été perturbée, entraînant l’arrêt du développement économique dans les zones touchées. En d’autres termes, ce mécanisme que nous observons aujourd’hui a fait l’objet d’études et c’est pourquoi il serait utile de mieux le connaître.
Dans cet article, je présenterai mon étude sur la grippe espagnole à Athènes, publiée en 2018 [1] qui est maintenant complétée par la représentation spatiale des victimes de la grippe dans la capitale cette année-là [2]
L’historiographie grecque ne s’est pas intéressée à l’épidémie de grippe espagnole, non parce qu’elle n’a pas atteint le pays et sa capitale, mais parce qu’elle ne parut pas plus meurtrière que les maladies infectieuses endémiques qui continuaient à y sévir et à provoquer une mortalité considérable. La situation sanitaire de la Grèce était telle que la tuberculose ou la fièvre typhoïde, mais aussi le paludisme, faisaient beaucoup plus de victimes chaque année que les quelque dix mille décès dus à la grippe espagnole de 1918 qui n’attirèrent pas particulièrement l’attention et n’alarmèrent pas la population.
En effet, le niveau de santé publique de la population grecque reste extrêmement faible pendant toute la période de l’Entre-deux-guerres : il est caractérisé par une forte mortalité infantile (148,1‰ en 1920-24, avec un taux de mortalité générale de 21,2‰), une faible espérance de vie à la naissance (45,2 ans en 1920-1924) (Valaoras 1959) et la présence endémique de maladies infectieuses.
Pendant la deuxième décennie du XXe siècle, les institutions médicales à Athènes étaient complètement inadaptées. Dans la mairie, avec ses 300.000 habitants environ, seuls 3 des douze hôpitaux publics fonctionnaient comme hôpitaux généraux, mais avec des possibilités très limitées : “Evangelismos” (le plus important hôpital public créé en 1884 avec une capacité de 200 lits dans les années 1910), l’Hôpital Municipal (créé en1835), et l’Hôpital Militaire (créé en 1836) étaient les plus importants.
Toutes ces institutions médicales d’Athènes, auxquelles il faudrait ajouter les cliniques privées, certes rudimentaires et équipées d’un petit nombre de lits, attiraient à la capitale des malades venus d’ailleurs et, de ce fait, le nombre des hospitalisés et des décédés augmentait considérablement et le taux de mortalité en ville paraît très élevé.
La grippe espagnole dans l’historiographie grecque
Phokion Copanares, chef du Service d’Hygiène publique du pays depuis 1912, a écrit en 1933 une histoire de La santé publique en Grèce, dans laquelle il ne consacre pas plus de trois lignes à la grippe espagnole :
« La plus grande épidémie de grippe en Grèce a été celle de l’année 1918 pendant laquelle la maladie a eu un caractère pandémique. Pendant cette épidémie internationale, il y eut seulement 1 668 cas mortels à Athènes et 5 248 à Salonique» (Κοπανάρης 1933) |
L’auteur ne fait aucun commentaire sur ces chiffres. Outre Salonique, Patras semble aussi avoir été très touchée en tant que ville portuaire avec environ 500 décès (soit 95 morts pour 10 000 habitants).
Il semble que la grippe se soit manifestée dès l’été 1918, mais elle ne fit ses premières victimes qu’en septembre (Figure 1). En octobre 1918, le ministre de l’Intérieur, dont dépendait le service de l’Hygiène publique, déclarait que l’État n’avait pas à prendre de mesures particulières, et que les habitants devaient se protéger eux-mêmes en évitant les rassemblements. Il ajoutait que c’était
« le seul moyen efficace, alors que l’emploi de l’ail, de l’ouzo ou d’autres produits préventifs contre la grippe est un procédé absurde »
(Journal Embros, 17 octobre 1918). |
Dix jours après, le même journal écrivait dans un article intitulé « La grippe. La mortalité à Athènes » :
« Selon des informations venant du ministère de l’Intérieur, l’épidémie de grippe dans les différentes provinces marque une récession relative. Les expériences d’injection de mercure continuent avec des résultats satisfaisants. Selon l’Office statistique de la municipalité d’Athènes, au cours du mois de septembre dernier, 689 personnes sont mortes à Athènes. La mortalité par maladies : tuberculose, 102 décès ; diarrhée et entérite d’enfants, 9 ; pneumonie grippale, 83. »
(Journal Embros, 28 octobre 1918). |
L’épidémie se propage durant l’automne, les écoles ferment ainsi que les salles de cinéma et de théâtre et les cafés. Elle fait beaucoup plus de victimes en novembre et en décembre. Toujours dans la presse, on relève le 30 décembre 1918 :
«Les décès militaires et civils dus à la grippe à Athènes, selon la statistique du ministère de l’Intérieur, se montent à 595 pendant le mois d’octobre, à 650 au mois de novembre et à 259 en décembre jusqu’avant-hier [28 décembre 1918]. Pendant les dernières 24 heures, 7 autres personnes sont mortes de la grippe »
(Journal Embros, 30 décembre 1918). |
L’état civil athénien: les actes de décès de l’année 1918
Il n’y a pas de statistiques de mortalité ni de causes de décès avant 1921 en Grèce. On sait seulement, grâce aux écrits d’un médecin, Tryphon Adrianakos (1885-1966) (Ανδριανάκος 1925), qu’il y eut 9257 morts dans l’année 1918 (dont 5335 hommes et 3922 femmes), contre 6354 l’année précédente, soit 45% de plus. De ce fait, le taux de mortalité générale en 1918 aurait atteint 33,06 ‰ à cause de la grippe. L’épidémie s’est éteinte en début de l’année 1919 et le nombre total des décès en 1919 a été bien moindre que celui de 1917, du fait des décès prématurés de la partie la plus fragile de la population (Tableau 1). Il n’y a pas eu de reprise de l’épidémie (Figure 1), ni en 1920 comme ce fut le cas dans un certain nombre de pays, tels que la Bulgarie voisine.
Tableau 1: Nombre de décès et taux de mortalité à Athènes, de 1916 à 1920
Source : Τρύφων Ανδριανάκος, Η μαιευτική και γυναικολογία εν Ελλάδι, Αθήναι, 1925, p. 179
Figure 1: Évolution du nombre des décès mensuel dans la municipalité d’Athènes de janvier 1918 à mai 1919
Source: Etat civil de la municipalité d’Athènes
Le classement des causes de décès en 1918 (Tableau 2) révèle une capitale où les maladies épidémiques, endémiques et infectieuses sont la règle puisqu’elles sont responsables de près d’un décès sur deux (45% des décès totaux) : la capitale grecque vit encore dans un système ancien. Les maladies du système digestif continuent de provoquer un décès sur huit (12%), et les maladies du système respiratoire, comme la pneumonie et la pleurésie, un décès sur 10.
Tableau 2: Causes de décès en 1918 à Athènes (d’après la nomenclature de 1920)
Source: Etat civil de la municipalité d’Athènes
Au-delà de ces 15 grandes catégories, on peut mieux se rendre compte de la situation sanitaire dans la capitale et de l’impact de la grippe de 1918 en analysant les causes de décès plus en détail, en partant des 38 catégories du classement adopté en 1920 (ILCD 3) (Figures 2 et 3).
Figure 2: Causes de décès qui ont provoqué plus de 2% des décès enregistrés à Athènes durant l’année 1918
Source : Etat civil de la Mairie d’Athènes, classification selon le classement de 1920 utilisé par la Statistique grecque de causes de décès parue pour la première fois en 1921.
Figure 3: Causes de décès qui ont provoqué plus de 2% des décès pendant les trois mois de l’épidémie (octobre, novembre et décembre 1918) à Athènes
Source: Etat civil de la municipalité d’Athènes
La comparaison des deux graphiques permet de constater que la présence de l’épidémie pendant les mois d’octobre, novembre et décembre 1918 n’a pas bouleversé la hiérarchie des maladies les plus meurtrières, qui restent la tuberculose et les autres affections du système respiratoire comme la pneumonie, et les maladies du système digestif, grandes responsables de l’importante mortalité infantile.
Figure 4: Répartition par groupes d’âges et par sexe des décès athéniens en 1918 (en pourcentage)
Source : Etat civil de la Mairie d’Athènes
Sur les 9296 décès relevés pendant toute l’année, 57,6% concernent des hommes et seulement 42,4% des femmes (Figure 4). Cela semble normal compte tenu de la répartition de la population athénienne lors des deux recensements du début du 20eme siècle : en 1907, il y avait 54% d’hommes et en 1920, 56%. La population de la capitale est jeune et majoritairement masculine à cause des jeunes immigrants célibataires, mais aussi en raison de la présence des soldats recensés.
Je ne m’attarderai pas ici sur la question de l’âge au décès déclaré à la Mairie et sur les interprétations possibles de la mortalité de chaque groupe d’âge examinées dans la publication originale. Je me limiterai sur les victimes de la grippe relevées dans les actes de décès.
Les victimes de la grippe à Athènes
Un peu plus du tiers des victimes de la grippe de 1918 sont décédées en octobre (616 sur 1726 soit 35,7%), un autre en novembre (634 sur 1726 soit 36,7%) et en décembre l’épidémie perd la moitié de sa virulence, ne faisant que 16% de l’ensemble des victimes (le reste 12% étant repartis les mois précédents (Figure 5). Ainsi, l’épidémie s’éteint, sans qu’il y ait de rechute en mars [3] comme dans beaucoup d’autres pays. On peut dire que la Grèce, et spécialement Athènes, a été touché lors de la deuxième vague (automne 1918) de la pandémie, mais que la troisième n’y est jamais arrivée.
Figure 5: Répartition mensuelle de décès dus à la grippe de 1918 à Athènes
Source : Etat civil de la Mairie d’Athènes
Selon les actes de décès de 1918, un athénien sur cinq est mort suite à la grippe ; et préférentiellement les hommes (62,7%) (Tableau 3).
Tableau 3: Répartition par groupes d’âges et par sexe des victimes de la grippe
Source : Etat civil de la Mairie d’Athènes
La grippe de 1918 semble surtout une affaire d’adultes et d’hommes, mais aussi de populations vulnérables comme les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées. Les soldats et leurs officiers sont les victimes par excellence, mais aussi les Athéniens de la population active qui côtoient leurs collègues sur leur lieu de travail où la maladie se transmet presque aussi facilement qu’à l’école, à l’université ou à la caserne.
Plus de la moitié des hommes victimes de cette épidémie de grippe sont des écoliers et des étudiants, mais surtout des soldats et des officiers (Tableau 4). L’autre petite moitié est constituée surtout par des artisans-commerçants et leurs employés. Il n’y a que peu de victimes de la grippe dans les groupes socioprofessionnels appartenant à l’élite athénienne, juste assez pour rappeler que ces personnes devaient éviter de fréquenter la foule des espaces publics, lieu principal de diffusion de cette épidémie populaire.
Tableau 4: La grippe de 1918 et les catégories socioprofessionnelles (CSP) des victimes athéniennes
Source : Etat civil de la Mairie d’Athènes
Contrairement aux femmes, la moitié (49%) des hommes victimes de la grippe sont morts dans un hôpital : et les trois quarts d’entre eux (395 sur 530) étaient des soldats (surtout) et des « sans métier», mais aussi des étudiants, des artistes et des prêtres. Les soldats et les officiers sont morts dans les 12 hôpitaux militaires d’Athènes, mais tous ces hôpitaux n’étaient pas dotés d’installations permanentes, car certains ont dû fonctionner dans d’autres bâtiments publics ou étaient des abris de fortune pour les blessés de guerre et les victimes de la grippe. La plupart d’entre eux, bien sûr, avaient un accès facile au camp militaire de Goudi. Le dernier quart des hommes décédés à l’hôpital se répartit entre les forces de l’ordre, les artisans et les ouvriers (Carte 1). Apparemment, les nombreuses victimes dans les institutions qui hébergeaient des populations vulnérables des couches économiques faibles, telles que la Crèche Municipale, l’Asile des incurables, l’Asile des pauvres et l’Asile des mendiants suggèrent qu’il n’y avait pas de politique d’isolement pour empêcher la transmission du virus.
Carte 1: Répartition des décès selon le lieu (institutions)
Source : Etat civil de la Mairie d’Athènes
Environ 2 femmes victimes de la grippe sur 3 (71%) ont plus de 10 ans et parmi celles-ci 4 sur 5 (83%) sont désignées sous la profession de « ménagère» (Tableau 5). Quelques dizaines sont des servantes âgées de 12 à 16 ans, à peine une quinzaine sont des écolières, quelques-unes sont des prostituées, des ouvrières, des modistes et seulement deux avaient une profession intellectuelle, une enseignante d’ouvrages artisanaux et une « pédagogue ». Seulement 18,6% de ces femmes sont mortes à l’hôpital, et il s’agit presque exclusivement de servantes, de prostituées et d’ouvrières qui n’étaient pas originaires d’Athènes. Les ménagères meurent à la maison, bien qu’elles soient majoritairement originaires d’autres régions ; il semble qu’elles étaient déjà installées dans la capitale et elles y avaient une famille.
Tableau 5. Répartition des femmes de plus de 10 ans mortes de grippe par profession, lieu de décès et origine
Source : Etat civil de la Mairie d’Athènes
Carte 2: Repartition des décès selon le lieu (paroises)
Source : Etat civil de la Mairie d’Athènes
La répartition spatiale des morts dont le lieu de décès était leur lieu de résidence met en évidence la propagation de la grippe pratiquement dans toute la capitale (Carte 2). La condensation dans les paroisses de l’ouest est normale car elles sont densément peuplées, en particulier celles le long de la voie ferrée. La même chose se produit dans les quartiers également populaires et bondés autour de l’Acropole (Petralona, Kerameikos) [4]. Cependant, des dizaines de victimes (« ménagères », étudiants et professions populaires) ont été enregistrées dans des paroisses moins peuplées telles que la paroisse du Prophète Elias à Pagrati et le quartier voisin de Gouva. Le virus n’a pas exclu le beau quartier de Kolonaki non plus, et de nombreuses ménagères sont mortes dans la paroisse d’Agios Dionysios, ainsi que plusieurs hommes dont les professions les classent probablement dans les couches moyennes ou même supérieures. Bien que nous n’ayons pas de mention de rue pour tous ceux qui sont morts, nous avons tenté une cartographie plus détaillée (Carte 3). Il est donc confirmé la grande mobilité du virus sur toutes les routes et surtout dans les grands axes de la partie ouest comme s’il voyageait en train du Pirée à Omonia ou à Kifissia. Enfin, il semble avoir causé un grand préjudice avec la mort de nombreux jeunes enfants et ménagères sur la rue Vouliagmeni.
Carte 3: Répartition des décès selon le lieu (rues)
Source : Etat civil de la Mairie d’Athènes
Conclusion
La grippe espagnole est arrivée en Grèce pendant l’été 1918 et elle a commencé à faire des victimes dans la capitale à partir d’octobre, lors de la deuxième vague de sa propagation. Elle a perdu de sa virulence dès le mois de décembre et, de ce fait, elle n’a pas alarmé les services sanitaires du pays. Ainsi, la Grèce fait partie des pays qui, comme la Bulgarie, n’ont pas connu de rechute au début de l’année 1919. Les victimes à Athènes, outre les enfants de moins de 5 ans, sont surtout des hommes âgés de plus de 15 ans, notamment entre 25 et 40 ans ; ils sont soldats et officiers, ou viennent des couches populaires. Les quartiers densément peuplés de la capitale ont bien sûr enregistré le plus grand nombre de victimes, mais le virus n’a exclu aucun district.
Cependant, le nombre des victimes grecques est resté faible par rapport aux victimes dénombrées dans les pays alliés. D’ailleurs la préoccupation de l’État, et surtout des Alliés, en 1918 était qu’environ 55 000 soldats se trouvant au nord de la Grèce étaient touchés par le paludisme, au point que le chef des armées alliées écrivait à ses supérieurs que « l’armée d’Anatolie court un vrai danger de se dissoudre à cause du paludisme ». Ainsi, la grippe espagnole n’a été qu’un court épisode dans l’histoire sanitaire du pays.
[1] Quand Athènes a du se confronter à la grippe espagnole, στο Isabelle Seguy, Monica Ginnaio, Luc Buchet (sous la direction de), Les conditions sanitaires des populations du passe, Editions APDCA-Antibes-2018, σελ.237-255.
[2] Je remercie l’historienne Myrto Dimitropoulou pour l’organisation et la gestion des données afin qu’il soit possible de construire les cartes de cette édition.
[3] Les seules références dans la presse concernent une petite ville en Macédoine (Nigrita) et une autre du Péloponnèse (Amaliada), mais il ne s’agissait que de quelques cas sporadiques.
[4] Voire «Bournova Ε., Dimitropoulou Μ. (2015) Stratification socioprofessionnelle de la capitale, 1860-1940 in Maloutas T., Spyrellis S. (eds) (2015) Athens Social Atlas. Digital compendium of texts and visual material (https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/stratification-sociale-1860-1940/)
Référence de la notice
Bournova, E. (2020) La grippe espagnole à Athènes, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/la-grippe-espagnole-a-athenes/ , DOI: 10.17902/20971.98
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
Références
- Quand Athènes a du se confronter à la grippe espagnole, στο Isabelle Seguy, Monica Ginnaio, Luc Buchet (sous la direction de), Les conditions sanitaires des populations du passe, Editions APDCA-Antibes-2018, p.p. 237-255.
- Valaoras V (1959) Demographical history of modern Greece (1860-1965), Review of economical and political sciences, 1-2, p. 1-31.
- Κοπανάρης Φ (1933) Η δημόσια υγεία εν Ελλάδι, τύποις Χρ. Χρονόπουλου, Αθήνα, p.p. 108.
- Ανδριανάκος Τ (1925) Η μαιευτική και γυναικολογία εν Ελλάδι, τύποις Π. Δ. Σακελλαρίου, Αθήνα, p.p. 179.
- Voire «Bournova Ε., Dimitropoulou Μ. (2015) Stratification socioprofessionnelle de la capitale, 1860-1940 in Maloutas T., Spyrellis S. (eds) (2015) Athens Social Atlas. Digital compendium of texts and visual material (http://www.athenssocialatlas.gr/fr/)