Atlas social et spatial du Pirée des réfugiés
Christoforaki Katerina|Kyramargiou Eleni|Prentou Polina
Cadre Bâti, Logement, Structure Sociale
2019 | Oct
Le programme de recherche interdisciplinaire de la Fondation Nationale de la Recherche et de l’Université polytechnique nationale d’Athènes « Quartiers de réfugiés du Pirée – de l’émergence à la mise en valeur de la mémoire historique », dont l’objectif est d’étudier l’ensemble des quartiers de réfugiés qui se sont développés dans l’agglomération piréote après 1922, s’est achevé il y a quelques mois. A cette occasion, nous en présenterons ici brièvement les constatations en matière sociale et urbanistique.
L’installation urbaine des réfugiés dans l’agglomération du Pirée a constitué un processus graduel qui à ce jour n’a toujours pas fait l’objet d’une analyse détaillée. Ce programme de recherche a tenté d’analyser cette installation en exploitant des documents historiques, des archives non classées, des journaux d’époque mais également des témoignages oraux. D’autre part, un grand nombre de plans topographiques et de fragments de cartes ont été rassemblés par les différents services et structures investies dans cette étude, et qui, après numérisation et harmonisation, ont été positionnés sur un même fonds cartographique. Ceci a rendu possible une lecture et une compréhension plus approfondie de la géographie urbaine de l’installation des réfugiés.
Tout ce que nous venons d’évoquer a permis d’élaborer une nouvelle narration de l’histoire de l’installation des réfugiés au Pirée, ainsi que de l’identification et de la mise en valeur de lieux d’un intérêt particulier d’un point de vue urbanistique et historique. Les éléments rassemblés suite à un plus ample traitement et à un examen approfondi du processus d’évolution résidentielle, serviront de base à la création de l’atlas des réfugiés de l’agglomération piréote.
Les objectifs de la recherche
Les maisons de pierre à deux étages d’Aghios Ioannis Rentis, la cité dite « des Allemands » à Kokkinia, le quartier d’Aghios Georgios à Keratsini, les immeubles ouvriers à Drapetsona constituent autant de modalités différentes d’habitat social, d’installation des populations réfugiées et ouvrières telles qu’elles furent décidées afin de résoudre le problème du logement entre la Catastrophe d’Asie Mineure et la fin de la dictature de 1967. Autant de formes d’installation qui furent adoptées par des acteurs divers, de projets résidentiels tentant de conjuguer les besoins de chaque époque aux possibilités offertes par chacune des zones, et dont on retrouve aujourd’hui l’empreinte dans les formes urbaines que nous venons d’évoquer. Des recherches limitées, des analyses fragmentaires, des archives inexploitées et non classées, servent de trame de fond aux histoires singulières des réfugiés et ouvriers réinstallés. Les histoires des quartiers du Pirée, du logement social et de la politique de l’État grec contemporain en la matière durant plus de 50 ans demeurent un terrain vierge pour les historiens, les chercheurs en sciences sociales et les urbanistes.
L’objectif du programme de recherche « Quartiers de réfugiés du Pirée – de l’émergence à la mise en valeur de la mémoire historique » [1] mis en place par l’Institut de Recherches Historiques de la Fondation Nationale de la Recherche et la Faculté d’Architecture de l’Université polytechnique nationale d’Athènes, grâce au financement de la Région Attique de janvier 2017 à avril 2018 était d’élaborer un cadre d’actions et d’activités coordonnées au sein duquel certains travaux avaient pour vocation de mettre en évidence la mémoire historique des lieux et des habitants. L’arrivée massive d’une nouvelle population dans une zone donnée, les conditions de logement et d’accueil, le faisceau de relations avec le pouvoir central, les autorités locales, mais aussi avec les populations déjà installées, les « anciens habitants », ont eu une série de conséquences pour lesquelles des solutions ad hoc ont été progressivement recherchées, ou qui sont demeurées comme des problèmes chroniques.
La politique du logement de l’État grec moderne a tenté de répondre aux besoins d’une population urbaine en augmentation constante, et qui nécessitait l’aide et le soutien de l’État (Γκιζελή 1984: 135-137, League of Nations 1924-1930). Les populations réfugiées d’Asie Mineure, les migrants de l’intérieur et les « bombardés » de la seconde guerre mondiale constituaient les catégories sociales « vulnérables » qui avaient besoin de l’assistance des pouvoirs publics et de la contribution des ministères compétents en matière de logement. Progressivement, une partie des réfugiés du front d’Asie Mineure s’est installée dans les cités créées par le Fonds d’Assistance aux réfugiés, le Comité pour la réinstallation des Réfugiés et le Ministère de l’Assistance Publique (qui deviendra le Ministère de la Sécurité Sociale) dans les faubourgs du Pirée, dans des zones inhabitées et isolées distantes du tissu urbain existant. Au même moment, des réfugiés résidaient dans des cabanes et baraquements de fortune construits à la hâte par eux-mêmes, sur des terrains d’abord illégalement occupés puis expropriés par l’État, où ils s’installèrent provisoirement ou de manière définitive – en fonction du plan de développement urbain mis en œuvre dans chacune des zones (Λεοντίδου 1989: 205-2013, Καραδήμου-Γερολύμπου 2002: 64).
Parallèlement à l’arrivée des réfugiés au Pirée, un grand nombre de personnes originaires de zones rurales vinrent s’y installer afin d’y trouver du travail. Une partie de cette population suivit le même mode d’installation que les réfugiés dans les zones où ils trouvaient à s’embaucher. Dans la zone industrielle du Pirée qui longe les baraquements des réfugiés, vinrent s’ajouter ceux des ouvriers – migrants de l’intérieur. Des trajectoires et des problèmes communs unissaient ces personnes indépendamment de leurs lieux d’origine et des causes les ayant conduits à s’installer dans les cités jouxtant les usines du Pirée. Les bombes de la seconde guerre mondiale – alliées comme ennemies – rasèrent leurs maisons, les laissant une seconde fois sans abri. L’effort de reconstruction urbaine d’après-guerre mené par l’État grec a visé à résoudre tant les anciens problèmes de réinstallation des populations réfugiées (ou non), que les problèmes du même ordre suscités par la guerre. Un vaste programme de renouvellement urbain fut lancé à la fin des années 1940 et s’acheva au début de la période de transition démocratique, transformant la carte de l’urbanisme athénien et piréote.
La présente étude s’est concentrée sur le développement urbain du Pirée en partant de la première période suivant l’installation des réfugiés. Nous y analysons le «type» et le mode d’installation, l’existence ou non d’assistance ou d’aide de la part des autorités compétentes, et un intérêt particulier est accordé à l’évolution urbaine des cités de réfugiés, depuis les premiers baraquements improvisés jusqu’à la mise en œuvre du plan national de renouvellement urbain à la fin des années 1960 (Carte 1). La recherche s’est déployée dans trois domaines d’action de manière parallèle.
Carte 1: L’ensemble des quartiers de réfugiés au Pirée
Source : FNR-UPNA/ ΕΙΕ-ΕΜΠ, 2018
Localisation et recensement des archives
L’objectif était de localiser et de recenser des archives liées à l’installation des réfugiés de septembre 1922 à 1974. La prospection de ce matériau archivistique a été faite dans les Municipalités de Nikaia – Aghios Ioannis Renti, Keratsini – Drapetsona, le Pirée, Korydallos et Perama.
Dans toutes les Municipalités, sont conservés de manière classée et en très bon état la totalité des registres d’État Civil des Communes, puis des Municipalités de leur création à nos jours. Le service de l’État Civil conserve également les livres des Communes et des Municipalités depuis leur date de création jusqu’à nos jours, ainsi que la totalité des registres de la population masculine de chaque Municipalité. L’ensemble des éléments contenus dans les registres d’État Civil et de la population masculine ont été intégrés de manière digitalisée à un programme informatique spécifique utilisé par les services municipaux.
Dans les Municipalités de Nikaia – Aghios Ioannis Renti et Keratsini – Drapetsona, nous avons trouvé des extraits de registres de procès-verbaux et résolutions du conseil municipal de Nea Kokkinia – future Municipalité de Nikaia – du Comité Municipal et du Comité Exécutif, datés de 1934 à 1974, et de la Municipalité d’Aghios Georgios – future Municipalité de Keratsini – datés également de 1934 à 1974. Ces extraits contiennent des informations relatives à la structuration administrative de la Municipalité, à ses fonctions économiques et à la vie quotidienne des habitants de la zone, à l’effort constant visant à assurer la réinsertion des réfugiés en matière de logement et d’emploi. Ces archives n’ont toujours pas été analysées en détail. L’Unité Municipale de Drapetsona conserve et rend disponible la totalité du fonds classé des Archives Municipales de la période 1951-1980. Pour les Municipalités de Perama et de Korydallos, nous n’avons pas identifié d’archives couvrant la période qui concerne notre recherche. Dans la Municipalité du Pirée, le fonds d’archive est conservé de manière non classée aux Archives Historiques, sans qu’il soit possible d’y accéder.
Dans le cadre du programme de recherche, un effort systématique a été consenti pour répertorier les catalogues de fonds d’archives et d’inventorier les sources disponibles portant sur la formation des quartiers de réfugiés et l’organisation de la vie quotidienne des réfugiés. Des documents d’archives ont été prospectés et trouvés aux Archives d’Installation du Centre de Recherches sur l’Asie Mineure, au Ministère des Affaires Étrangères, aux Archives Générales de l’État, aux Archives d’Histoire Sociale Contemporaine et aux Archives Littéraires et Historiques Helléniques. Enfin, un travail de catalogage a été réalisé pour le fonds des registres de bénéficiaires de la politique d’aide à la réinstallation et des cadastres de la Région Attique. L’objectif de ce travail étant de classer commune par commune l’ensemble des registres, cadastres, tableaux d’évaluation et index dont dispose la Direction de la Protection Sociale de la Région Attique. Ce matériau est constitué d’environ 150 volumes reliés de catalogues et registres cadastraux et de dizaines de tableaux cadastraux et d’évaluation, dans lesquels est enregistrée la totalité des terrains occupés par des réfugiés ou des logements attribués à des bénéficiaires réfugiés, principalement de 1923 à la fin de la décennie 1980. Ce matériel renferme une documentation abondante, présentant un véritable intérêt historique et urbanistique, et dont les éléments demeurent aujourd’hui encore ignorés de la recherche.
Histoire orale et visites historiques
L’objectif recherché était de faire connaître aux participants l’histoire locale de leur propre zone d’habitation, mais aussi de former des groupes d’histoire orale parmi les citoyens intéressés. L’objet des séminaires introductifs hebdomadaires était d’examiner les fondements historiques, la théorie et la méthodologie de cette branche de la science historique, ainsi que de se focaliser sur l’histoire des réfugiés dans chacune des zones et sur le développement du tissu urbain. Suite à l’achèvement du premier cycle, se sont formées des équipes dont les membres ont choisi des thèmes particuliers et se sont lancés dans la réalisation d’interviews orales et au rassemblement d’un matériau complémentaire auprès de leurs informateurs.
L’objectif était de créer un fonds audiovisuel de témoignages oraux, qui a été confié aux bibliothèques municipales. Le but principalement visé étant d’impliquer la population locale dans ce processus : la création d’un fonds d’archives vivant et ouvert lié à l’histoire des réfugiés et d’un important outil de recherche susceptible de mettre à jour certains aspects de l’installation et de la vie des réfugiés.
Documentation spatiale
Le changement intervenu avec l’installation des réfugiés est également documenté par les représentations cartographiques de cette période. À cette fin, une recherche a été menée afin de constituer une collection de documents cartographiques dans toute une série de services, tels que le département des cartes du Ministère de l’Environnement et du Changement Climatique, la collection de plans et de cartes de la Région Attique et des services techniques et d’urbanisme des municipalités de l’actuel district du Pirée.
Pour chaque habitat de réfugiés, nous avons créé une fiche d’habitat distincte, afin que celle-ci puisse constituer une carte d’identité comportant des informations sur la constitution et l’évolution de chacun de ces habitats, ainsi que des données portant sur leur démographie et leur composition socio-économique. Le matériel utilisé est tiré de documents d’archives, de sources secondaires, de représentations cartographiques, de photographies, mais aussi de témoignages d’habitants.
Le matériel rassemblé provient de différentes sources et est de différente forme selon les cas. Sa numérisation visait à en harmoniser la forme pour le rendre plus facilement exploitable. Les cartes originales et les plans topographiques ont été convertis en fichiers électroniques et recomposés numériquement pièce par pièce (Cartes 2-4). Ceci nous a permis d’intervenir sur leur échelle, la précision des informations qu’elles délivrent, et de pouvoir les comparer entre elles mais aussi avec l’image de la ville à un moment donné. De cette façon, une base de données unique a été créée selon des critères homogènes, sur la base de découvertes cartographiques éparses, ce qui a facilité la représentation globale et la connaissance du tissu urbain.
Carte 2: Plan topographique de Drapetsona (1932). Créé par numérisation du plan topographique original
Source : FNR-UPNA/ ΕΙΕ-ΕΜΠ, 2018
Carte 3: Plan de la cité « des Allemands », ou baraquements de Nea Kokkinia (1934). Créé par numérisation du plan original
Source : FNR-UPNA/ ΕΙΕ-ΕΜΠ, 2018
Carte 4: Modèle d’immeuble à Drapetsona (1961). Créé par numérisation des plans originaux
Source : FNR-UPNA/ ΕΙΕ-ΕΜΠ, 2018
La typologie des bâtiments construits dans le cadre de la politique appliquée en matière de logement peut se décliner en 4 modalités (Γκιζελή 1984, 142-143):
1) Installation dans des habitations construites par le Fonds d’Assistance aux Réfugiés, le Comité pour la Réinstallation des Réfugiés et le Ministère de l’Assistance Publique
2) Hébergement de long terme dans des propriétés réquisitionnées
3) Logement indépendant sans intervention étatique
4) Logement indépendant avec assistance de l’État
La classification des bâtiments en fonction du type de bâtiment et de leur mode d’implantation laisse à son tour apparaître cinq catégories d’habitations. La première se retrouve à Drapetsona où dominent les baraquements improvisés et auto-construits. La seconde est celle qui domine à Kokkina, faite d’habitations de bois de médiocre qualité attribuées par l’État. Font partie de la troisième catégorie les immeubles construits avec le soutien de l’État. Des exemples d’ensembles de ce type sont ceux d’Aghios Dionysios à Drapetsona et d’Aghion Anargyron à Palia Kokkinia, dont l’agencement crée des angles permettant l’existence de vastes cours centrales. La quatrième catégorie est constituée des baraquements construits sans autorisation et avec des matériaux de piètre qualité, tels que les îlots d’immeubles à trois étages, là où des espaces libres existent, ou que l’on retrouve dans les vides du bâti ou dans des zones situées hors du plan de ville. La cinquième catégorie renvoie à la construction, par le Comité pour la Réinstallation des Réfugiés ou par l’État, d’habitations à un ou deux étages, de maisons simples ou doubles, comme à Kokkina. Reste enfin le cas dans lequel les habitations ont été construites par les réfugiés sur des terrains leur ayant été attribués. Ce cas se rencontre par exemple à Kokkinia et Keratsini.
Afin de mieux aboutir à une représentation des caractéristiques urbanistiques de l’installation des réfugiés, le groupe de travail a entrepris de représenter quelques exemples de bâtiments-type (Carte 5).
Carte 5: Représentation d’une habitation de réfugiés dans la cité d’Apollonas, quartier de Kaminia
Source : FNR-UPNA/ ΕΙΕ-ΕΜΠ, 2018
Le résultat final, portant sur l’aspect cartographique de l’évolution historique de l’installation de réfugiés, a été rassemblé dans un atlas numérique interactif. Les différentes sections cartographiques sont rassemblées et regroupées par période historique. Elles sont ensuite positionnées et liées à l’arrière-plan formé par l’agglomération piréote, ce qui permet de faire apparaître la création de petits noyaux urbains en même temps que la totalité de la galaxie des habitations ou lieux résidentiels liés aux réfugiés que l’on rencontre dans le Pirée de l’époque. En passant d’une unité chronologique à l’autre, il est possible de se représenter et de comprendre l‘évolution du tissu urbain et de l’étalement des différents noyaux, ainsi que leur intégration à la ville.
La mise en relation des différentes composantes de l’information cartographique avec un arrière-plan plus vaste et plus complet constitue un processus chronophage, dans la mesure où l’information qui est fournie selon les cas ne correspond que rarement de manière directe aux fonds cartographiques actuels, qui sont beaucoup plus évolués. Cet outil numérique de représentation de la naissance des zones d’habitations période par période ambitionne de devenir un moyen d’appréhension profonde des mécanismes de la ville, mécanismes conduisant à l’élargissement de celle-ci et à l’intégration de ces nouvelles zones.
La totalité des informations rassemblées et répertoriées au cours de cette recherche doit être cartographiée et rendu disponible dans un environnement interactif, ouvert et accessible au public et à la communauté scientifique. Insistons sur le fait que le développement de cette carte numérique est un processus dynamique et que la chronologie tout au long de laquelle cette action pourra être étendue devra, selon notre ambition, couvrir dans le futur l’ensemble de la période d’évolution de la ville, de sa naissance à nos jours.
Premières conclusions – résultats de la recherche
Le programme de recherche « Quartiers de réfugiés du Pirée – de l’émergence à la mise en valeur de la mémoire historique » a tenté pour la première fois d’approcher le thème de la création des cités de réfugiés dans l’agglomération du Pirée d’un point de vue historique et urbanistique, en combinant différents outils méthodologiques et les approches de la recherche propre aux deux disciplines. Des historiens et des architectes-urbanistes ont travaillé ensemble de manière systématique dans une tentative visant à répertorier et documenter de concert l’évolution de l’installation des réfugiés. Au cours de la recherche, des éléments archivistiques variés ont été identifiés et traités conjointement pour réaliser l’atlas. Des plans d’urbanisme ont été mis en relation avec des décisions municipales et des témoignages oraux, ce qui nous a permis de déterminer clairement les limites des quartiers de réfugiés mais aussi les histoires des personnes les ayant habités. La presse de l’époque ainsi que d’autres sources ont servi de complément à cette recherche.
Pour la première fois, des documents d’archive et cartographiques issus du fonds des registres de bénéficiaires de l’aide à la réinstallation et des cadastres de la Région Attique ont été analysés. Au-delà de l’image que l’on peut en tirer concernant la réinstallation – c’est-à-dire le bien immobilier lui-même, son coût et autres éléments du même type – le fonds en question contient le dossier individuel de chaque réfugié bénéficiaire de l’aide à la réinstallation, et il nous est permis d’y lire le mécanisme bureaucratique à l’œuvre entre la demande d’aide à la réinstallation et la publication de la concession définitive.
L’image de la famille de réfugiés, autant que le mécanisme bureaucratique que nous venons d’évoquer, constituent deux champs qui d’un point de vue historiographique n’avaient jusqu’à présent pas été traités. Jusqu’à aujourd’hui, la recherche avait mis en évidence la complexité et la diversité de la réinstallation des réfugiés, les différentes modalités de celle-ci ainsi que les différents rythmes d’évolution des programmes selon les endroits et les mouvements incessants des populations réfugiées dans leur tentative d’obtenir un logement. La complexité du mécanisme bureaucratique et le temps nécessaire à l’achèvement des processus d’aide à la réinstallation sont deux domaines sur lesquels notre recherche tente de se focaliser. La formation de groupes d’histoire orale est une tentative visant à donner une voix aux personnes ayant vécu l’exil et lutté pour se réapproprier leurs vies et leurs patries. L’histoire des réfugiés au Pirée n’est d’ailleurs pas une histoire uniforme, mais comporte de nombreuses dissemblances qui s’incarnent dans le mode ou la période de réinstallation et sont en rapport direct avec les caractéristiques économiques et sociales des réfugiés.
[1] Programme de recherche FNR-UPNA « Quartiers de réfugiés du Pirée – de l’émergence à la mise en valeur de la mémoire historique » (2018). Responsables scientifiques : Dimitris Dimitropoulos (Directeur de recherches IRH/FNR, Nikos Belavilas (Professeur associé UPNA). Coordinatrice : Eleni Kyramargiou (Docteur en Histoire, collaboratrice IRH/FNR). Chercheurs-euses : Manos Avgeridis (Historien, doctorant UNCA), Anna Lambrou (MSc d’Architecture-Urbanisme, doctorante UNCA), Alexandra Mourgou (MSc d’Architecture-Urbanisme, doctorante UNCA), Polina Prentou (Msc d’Architecture-Urbanisme UNCA, doctorante UNCA), Leonardos Stryfounias-Polemis (Géographe), Katerina Christoforaki (Msc d’Architecture-Urbanisme UNCA, doctorante UNCA), Christos Chyssanthopoulos (Historien, collaborateur IRH/FNR). Plus d’éléments concernant les actions du programme de recherche sur le site internet du projet: http://prosfigikospireas.blogspot.com/p/blog-page.html (dernière mise à jour : 7.6.2019).
Référence de la notice
Christoforaki, K., Kyramargiou, E., Prentou, P. (2019) Atlas social et spatial du Pirée des réfugiés, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/atlas-social-et-spatial-du-piree-des-refugies/ , DOI: 10.17902/20971.91
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
Références
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- Καραδήμου-Γερόλυμπου Αλέκα (2002) Πόλεις και ύπαιθρος. Στο Χατζηιωσήφ Χρήστος (επιμ.), Ιστορία της Ελλάδας του 20ού αιώνα, Ο Μεσοπόλεμος 1922-1940, τ. Β1. Αθήνα: Βιβλιόραμα, σ. 59-105.
- Γκιζελή Βίκα (1984) Κοινωνικοί Μετασχηματισμοί και προέλευση της κοινωνικής κατοικίας στην Ελλάδα, 1920-1930. Αθήνα: Επικαιρότητα.
- Hirschon Renée (2004) Κληρονόμοι της Μικρασιατικής Καταστροφής. Η κοινωνική ζωή των μικρασιατών προσφύγων στον Πειραιά. Αθήνα: ΜΙΕΤ.
- Κυραμαργιού Ελένη (2019) Δραπετσώνα 1922-1967. Ένας κόσμος στην άκρη του κόσμου. Αθήνα: ΕΙΕ.
- Λεοντίδου Λίλα (1989) Πόλεις της Σιωπής. Εργατικός εποικισμός της Αθήνας και του Πειραιά, 1909-1940. Αθήνα: ΕΤΒΑ ΠΤΙ.
- Μιτζάλης Νικόλας (2008) Παραγωγή Κατοικίας και αστικός χώρος τον Μεσοπόλεμο. Αθήνα: Futura.
- Πολύζος Γιάννης (1984) Η εγκατάσταση των προσφύγων του 1922: Μια οριακή περίπτωση αστικοποίησης. Αθήνα: ΕΜΠ.
- League of Nations, Greece: Quarterly Report of the Refugee Settlement Commission, Γενεύη 1924–1930, τχ. 1 (1924)–τχ. 20 (1928).