Le quartier d’habitat social à Tavros
2020 | Avr
La zone étudiée est l’un des quartiers créés à Athènes (comme ceux de Dourgouti, Asyrmatos, Ambelokipi, etc.) afin de loger les réfugiés d’Asie Mineure de la décennie 1920. L’installation des réfugiés s’est faite soit par auto-installation dans des baraquements, soit de manière organisée dans des logements construits par l’État. Au cours des années qui ont suivi le quartier a reçu un grand nombre de migrants de l’intérieur, tandis que dès les années 1950 débute la construction progressive d’immeubles dédiés au relogement des réfugiés et ouvriers vivant dans les baraquements. Contrairement à d’autres zones d’habitation de réfugiés (comme par exemple Ilissos, Polygono, Kountouriotika), qui ont été rasés et dont les traces se sont perdues puisqu’elles se sont totalement fondues dans le tissu urbain environnant, Tavros est parvenu, à travers la création d’ensembles de logements sociaux, à conserver ses particularités vis-à-vis de son environnement large.
La place du quartier
Le quartier de logements sociaux de Tavros se trouve dans la partie sud de l’Unité Municipale du même nom, au sein de la municipalité de Moschato-Tavros [1]. Il se trouve à un point nodal facilement accessible par la rue Pireos, tandis que la distance le séparant du centre d’Athènes et du Pirée est faible (respectivement 3,5 km de la place Syntagma et 5 km de la place Koraï) (Carte 1).
Carte 1: Le quartier
Le nombre total des immeubles (de réfugiés ou d’ouvriers) construits entre le milieu des années 1950 et la fin de la décennie 1980, et qui forment l’ensemble des logements sociaux du quartier, est de 88 (Carte 2).
Carte 2: Les ensembles de logements sociaux de Tavros
L’histoire du quartier : installation des réfugiés dans les années 1920
Le quartier des réfugiés de Tavros a été bâti sur des terrains appartenant à la ville d’Athènes sans plan par les réfugiés qui s’étaient enfui en Grèce suite à la Catastrophe d’Asie Mineure, à partir de Smyrne, Antalya, Konya, etc. Tavros portait auparavant le nom de quartier des «Nouveaux Abattoirs» [2] et faisait administrativement partie de la Municipalité d’Athènes (Βαρελίδης, 1999: 314). Mais elle s’en sépara en 1934 pour constituer une Communauté autonome. En 1935 « le Conseil Communautaire par décision unanime […] avait demandé à se défaire du nom « Nouveaux Abattoirs » en invoquant sa sinistre connotation pour adopter celui de Communauté de Tavros » (Σούτος, 1983: 238). La version la plus probable concernant l’étymologie du nom Tavros est celle qui renvoie à la chaîne des monts Taurus dans le sud de la Turquie. De plus, une partie de cette chaîne montagneuse se trouve dans les provinces d’Antalya et de Mersin, (Ελευθερουδάκης, 1931: 55), zones dont un grand nombre de réfugiés sont venus s’installer à Tavros.
Avant l’installation des réfugiés, la zone était inhabitée. « Dans cette zone, entre Athènes et le Pirée, pleine de boue et de champs cultivés […] vinrent s’installer les premiers habitants, des gens malheureux et pourchassés, arrachés à leurs terres ancestrales » (Σούτος, 1983: 105). L’installation des réfugiés à Tavros – qui a commencé en 1922 et s’est achevée en 1927 – s’est essentiellement faite dans des baraquements construits soit par l’État, soit par les réfugiés eux-mêmes. Les différents secteurs dans lesquels se sont installés les réfugiés étaient subdivisés en fonction des ensembles d’habitations, mais aussi des paroisses [3] auxquelles ils se sont intégrés. C’est ainsi que se sont formés les secteurs suivants : bidonville de « Panagitsa », les baraquements « des Allemands » (Nouveaux Abattoirs sud) et « Estavromenos » [4] (Figure 1).
Le premier groupe de baraquements, le bidonville de « Panagitsa », se trouvait au sud-est de la rue Pireos et du second groupe de baraquements, ceux dits « des Allemands », au nord-ouest de la rue Pireos (Figure 1). Ces deux terrains faisaient partie des « terres nationales », qui avec la fondation de l’État grec contemporain en 1827 furent affectées à la compétence de l’État, qui les céda aux réfugiés d’Asie Mineure pour qu’ils s’y installent. La première installation de réfugiés s’est faite dans le bidonville de « Panagitsa » (Figure 2 et 3) par de l’auto-construction, et s’en est suivie au cours de la période 1925-1927 l’installation dans les baraquements « des Allemands », qui a été plus organisée, avec des constructions de plus grandes dimensions. Ces bâtiments étaient faits de logements de bois préfabriqués [5] offerts par l’Allemagne en dédommagement des destructions de la Première guerre mondiale (Σούτος, 1983: 93, 105-109).
Figure 1: Les quatre zones d’installation de réfugiés à Tavros.
Source: Παπαδοπούλου, Σαρηγιάννης, 2006: 183, traitement par l’auteur
Figures 2,3 & 4: Le bidonville de Panagitsa
L’installation des réfugiés qui constituaient une force de travail bon marché à Tavros, a attiré des usines dans ce secteur et l’a transformé progressivement zone industrielle et artisanale importante. En outre, l’existence des abattoirs à Tavros a attiré des activités artisanales liées au traitement du cuir.
Installation des immigrés de l’intérieur au cours de l’après-guerre sur les terrains des anciennes prisons Syggrou
A Tavros, ont commencé à affluer des migrants de l’intérieur originaires de différentes régions de Grèce du fait de la guerre civile et du besoin de trouver du travail. D’autre part, ce secteur comportait des Abattoirs Municipaux ainsi qu’un certain nombre d’entreprises artisanales dans lesquelles les populations nouvellement arrivées pouvaient s’employer. Les migrants de l’intérieur qui n’avaient pas les moyens financiers d’habiter ailleurs, trouvaient à se loger dans les terrains abandonnés des anciennes prisons de Syggrou [6]. Ils s’installent sur le site des anciennes prisons dès 1945 en occupant les constructions abandonnées déjà existantes (les cellules) ou en bâtissant eux-mêmes des habitations de fortune sur les terrains. En peu de temps, plus de 200 familles se concentrèrent sur ce site (Σούτος, 1983: 211).
L’État a tenté d’éloigner les résidents de cette zone dès 1950. Cependant, ces nouveaux habitants avaient fondé une Association « des résidents non propriétaires des anciennes Prisons de Syggrou », avec pour principale revendication leur relogement sans éloignement de la zone en question. Les habitants des environs, cependant, étaient en désaccord avec l’occupation de ces espaces et pensaient que les résidents tentaient de se les approprier, alors qu’ils avaient en réalité la possibilité de trouver un logement ailleurs (Σούτος, 1983: 212).
En 1955 le Premier ministre Sophoklis Venizélos proposa la création d’immeubles ouvriers sur ces terrains pour loger les habitants des anciennes prisons. Finalement, suite aux pressions de l’association envers les responsables politiques, les habitations de la zone furent détruites pour construire neuf immeubles dédiés à leur relogement. La construction des immeubles s’acheva en 1959 et les appartements furent attribués aux bénéficiaires dans la période 1960-1961, sur le mode du tirage au sort (Figure 5) (Σούτος, 1983: 213-214).
Figure 5: La Place des héros de Polytechnique et un des immeubles ouvriers bâtis à la place des anciennes Prisons Syggrou
L’évolution du quartier et la création des ensembles de logements sociaux
Les premiers immeubles construits dans le quartier de Tavros suite à la destruction d’une partie du bidonville de « Panagitsa » l’ont été en 1936 et 1950 dans l’îlot 1C [7], c’est-à-dire entre les rues Pireos-Thrakis-Klazomenon et Karaïskaki, sur une surface de 9 687 m² (Figures 6a et 6b). Dans ces huit immeubles ont été logés des réfugiés habitant pour la plupart le bidonville de « Panagitsa » (Soutos, 1983, p.105). Comme l’ont dit nos informateurs (Μυωφά, 2019), cet ensemble était connu sous le nom d’« immeubles à deux étages de Metaxas », étant donné qu’ils ont été construits pendant la dictature de Metaxas (Figure 7).
Figure 6a: Plan de l’îlot 1C avant la requalification
Figure 6b: Plan de l’îlot 1C aprè s la requalification
Figure 7: Le premier ensemble d’immeubles de réfugiés à Tavros
De tous ces immeubles, six étaient à deux étages et ont été construits par le Ministère de l’Assistance Publique en 1936, tandis que les deux autres étaient à trois étages et ont été construits par le Ministère de la Reconstruction en 1950. Le nombre total d’appartements était de 136 (100 appartements dans les immeubles à deux étages et 36 dans les immeubles à trois étages), et leur surface était très petite, puisqu’elle variait de 39 à 45 m² dans les immeubles à deux étages, et de 35 à 56 m² dans les immeubles à trois étages (Λουκόπουλος κ.ά., 1990: 33).
Carte 3: Les ensembles de logements sociaux de Tavros par période de construction
A partir des années 1950, a progressivement débuté la construction d’ensembles d’habitations pour les réfugiés à la place des baraquements suite à la destruction de ceux-ci, mais sur des terrains revenus à l’État suite à leur expropriation. Au début, au cours des années 1953-1954, cinq immeubles de trois ou quatre étages ont été construits, sur une partie des terrains où se trouvaient les baraquements « des Allemands ». Au cours de la période 1956-1957, la construction de 32 immeubles à quatre étages est réalisée sur les terrains de l’orphelinat Hadjikosta, revenus au Ministère de l’Assistance Publique après expropriation (Σούτος, 1983: 105, 192). Par la suite fut engagé un vaste programme de destruction des baraquements dans le bidonville de « Panagitsa ». A la place des constructions provisoires ont été construits 12 immeubles à quatre étages au cours de la période 1966-1967, tandis qu’au cours de la période 1969-1971 ont été construits les 8 autres (Σούτος, 1983: 106) (Carte 3). Les immeubles de la seconde période ont été construits au cours de la dictature et leur principale caractéristique par rapport aux autres est qu’ils comptent davantage d’étages. Plus précisément, cet ensemble est fait de deux bâtiments à six étages, trois à sept étages et trois autres immeubles à dix étages (Carte 4).
Les baraquements « des Allemands » ont été les derniers à être détruits dans cette zone. Leur destruction a commencé au cours de la période 1962-1964, tandis que la construction de l’ensemble d’immeubles a eu lieu au cours de la période 1969-1971 (Carte 3). Cet ensemble est constitué de 19 immeubles de six, sept et onze étages (Carte 4).
Les appartements étaient donnés aux bénéficiaires, réfugiés et migrants de l’intérieur, qui devaient s’acquitter d’une somme (égale au coût de la construction) pour recevoir l’acte de cession définitif puis finalement avoir le droit de déménager ou de vendre leur logement.
Carte 4: nombre d’étages par immeuble dans les ensembles de logements sociaux de Tavros
Requalification de l’îlot 1C à Tavros
A Tavros, fin des années 1980, a été mise en œuvre la requalification [8] de l’ensemble des huit anciens immeubles de réfugiés de l’îlot 1C, qui avaient été bâtis par les ministères des Services Sociaux et de la Reconstruction. Cette opération a été réalisée par collaboration entre la Société Publique pour l’Urbanisme et le Logement (DEPOS) et la Municipalité de Tavros sous forme de consortium et constitue l’entreprise de requalification de la plus vaste ampleur selon les critères sociaux de DEPOS [9] (Βαρελίδης, 2001: 24).
Ce travail a commencé après demande de la Municipalité de Tavros envers DEPOS, après discussion avec les habitants, qui avaient manifesté une opinion unanime en faveur de sa mise en œuvre (Λουκόπουλος κ.ά., 1990: 34). La demande envers DEPOS a été émise puisque l’îlot 1C était alors devenu le secteur le plus dégradé de Tavros, marqué par d’importants problèmes sociaux (par exemple des cas de violence intrafamiliales), et que le revenu des propriétaires bénéficiaires était bas, ce qui est une indication de leur incapacité financière à procéder aux nécessaires travaux de rénovation des appartements et de requalification des espaces communs (Βαρελίδης, 1987). Les jeunes habitants qui en avaient la possibilité économique abandonnaient leur logement, avec pour résultat que ceux qui continuaient à occuper ces immeubles étaient principalement ceux qui, soit ne le voulaient pas, soit ne pouvaient pas partir pour des raisons économiques (Βαρελίδης, 2001: 18). De plus, le fait que la majorité des propriétaires habitait dans ces appartements dans des conditions de promiscuité (car la surface des habitations était très réduite) couplée à la vétusté de ceux-ci (le parc de logement était très vieux et avait subi d’importantes dégradations), montre le besoin qui existait alors de transférer les habitants dans de nouveaux logements aux meilleures conditions de résidence (Βαρελίδης, 1999: 320). La situation précédant la requalification était donc très dure pour les habitants de l’îlot 1C, et rendait indispensable l’intervention publique.
La mise en œuvre des travaux de requalification a dû faire face à de nombreuses difficultés. L’absence d’expérience antérieure pour des travaux de cette ampleur, ainsi qu’une série de problèmes tels que le régime de propriété, la méthode de négociation et la difficulté de coopérer avec les habitants ont été les principaux problèmes auxquels il fallut se confronter (Ρωμανός, 2000). Sur la base du recensement effectué dans le cadre du consortium DEPOS – Municipalité de Tavros en 1982, 90 des appartements étaient habités par leurs propriétaires et 46 autres par des locataires (Λουκόπουλος, 1990: 33). Une partie des enjeux à affronter sur le plan du régime de propriété était l’existence de nombreux héritiers copropriétaires (environ 300 personnes qui devaient approuver la mise en œuvre du programme), les propriétaires sans titres de propriété (principalement ceux qui n’avaient pas versé la somme correspondant à leur appartement au Ministère concerné), les propriétaires qui vivaient à l’étranger et qui étaient difficiles à contacter, les appartements vides, etc. Ces problèmes ont été surmontés par la création d’une association et par la coopération entre DEPOS et la Municipalité sous la forme du consortium (Ρωμανός, 2000).
Autre enjeu à affronter pour le consortium, le relogement des propriétaires avant l’achèvement des travaux. Il a donc été décidé de subventionner le paiement des loyers pour résoudre cette question tout au long de la période précédant la cession des logements à leurs bénéficiaires (Βαρελίδης, 1999: 327).
En dépit des problèmes qui se sont fait jour, la requalification de l’îlot 1C à Tavros, comparativement aux autres travaux de requalification de DEPOS, «s’illustra comme la réussite relativement la plus importante » (Ρωμανός, 2000: 199). Cette réussite était liée au fait que cette opération avait radicalement rénové l’îlot 1C, apportant des mètres carrés supplémentaires aux bénéficiaires, ainsi qu’au fait que les deux entités avaient collaboré avec succès (op.cit., p. 199).
Finalement, à la place des huit immeubles, a été construit un ensemble de nouveaux immeubles du même nombre (à six et sept étages), avec 144 appartements permettant de rétablir les anciens propriétaires dans leurs logements (Photo 7). Cinq types d’appartements ont été livrés, dont la taille variait entre 67 et 102 m² (Ρωμανός, 2000: 204). Les appartements de 67 mètres carrés étaient donnés gratuitement aux bénéficiaires, tandis que les appartements dont les surfaces étaient plus grandes devaient faire l’objet du versement d’une petite somme, dont le montant était inférieur au coût de construction (ΔΕΠΟΣ-Βαρουτσής, 1990: 71-72). La répartition des appartements se faisait par tirage au sort, mais sur la base des mètres carrés choisis par chaque bénéficiaire. Grâce à la vente d’une partie de l’ensemble nouvellement bâti à des fins commerciales, le consortium a pu mettre à la disposition des bénéficiaires des appartements d’une surface supérieure (Βαρελίδης, 2001: 22-23).
Les immeubles qui ont été bâtis constituent l’avant-dernier ensemble d’habitat social construit dans cette zone [10] (Figure 8). Pour être exact, c’est en 1991 qu’a été achevée la construction des immeubles et qu’ont été livrés les appartements aux bénéficiaires, ainsi que quelques magasins. Les travaux de requalification comprenaient aussi la construction de l’École d’Administration Publique qui a été achevée en 1996 et venait répondre au besoin – de même que pour les magasins – de couvrir les coûts des travaux (Ρωμανός, 2000).
Figure 8: Une partie de l’ensemble de logements sociaux de l’îlot 1C (à gauche, la partie arrière de l’École d’Administration Publique)
Le quartier aujourd’hui
Ces dernières années, le quartier a accueilli de nouveaux habitants, Grecs originaires d’autres régions du pays, ou immigrés de divers pays. Aujourd’hui les habitants de Tavros achètent ou louent des appartements dans les ensembles de logement social. Les changements dans la composition de la population du quartier ont principalement eu lieu après la seconde moitié de la décennie 1990, lorsque les familles des premiers bénéficiaires avaient presque terminé de rembourser leurs obligations auprès du Ministère de l’Assistance Publique et qu’ils étaient donc en situation de déménager ou de vendre leur logement. Cependant, les flux d’immigrés ne sont pas aussi importants que certains habitants du quartier le pensent. Plus précisément, sur la base du recensement de 2011, seuls 12,9 % de la population sont constitués d’immigrés originaires de pays en voie de développement. Ce pourcentage comparé à celui de la périphérie proche [11] (11,5%) est légèrement plus élevé, alors qu’il revient à la moitié environ de celui du centre d’Athènes. En 1991 et 2001, la différence entre ces ensembles et leur périphérie était environ la même, bien que les pourcentages aient été largement inférieurs (ΕΚΚΕ-ΕΛΣΤΑΤ, 2015).
Malgré l’arrivée ces dernières années de nouveaux habitants, des descendants de 3ème et 4ème génération des premiers habitants (réfugiés d’Asie Mineure et immigrants de l’intérieur) continuent d’habiter ces appartements. Certains parmi eux n’ont jamais habité dans un autre secteur que celui qui nous étudions [12], tandis que certains autres ont déménagé dans d’autres secteurs mais ont réintégré leur quartier d’origine. Ces dernières années, on remarque à Tavros un retour des descendants des bénéficiaires du Ministère de l’Assistance Publique dans les appartements hérités de leurs parents ou grands-parents.
L’évolution résidentielle et urbanistique du quartier diffère de sa périphérie immédiate. Cependant, les caractéristiques sociales des habitants ne diffèrent pas sensiblement (Tableau 1) comme cela se passe de manière plus générale dans les banlieues ouvrières traditionnelles de l’ouest athénien, mis à part les pourcentages élevés de professions libérales et de diplômés de l’enseignement supérieur qui sont en revanche plus faibles dans les ensembles d’habitat social (Kandylis et al., 2018: 91). A l’inverse, la différence est un peu plus importante concernant les caractéristiques sociales des habitants de ces ensembles avec la population de la municipalité de Moschato-Tavros. Par exemple, selon le Tableau 1, les pourcentages d’ouvriers non qualifiés (catégorie 9 de l’ELSTAT), de personnes vivant dans des conditions de logement extrêmes (dans des logements de moins de 15 m² par personne, sans isolation, sans chauffage), et des immigrés originaires de pays en voie de développement sont supérieurs dans les immeubles de logement sociaux de Tavros par rapport au reste de la municipalité. Au contraire, les pourcentages de professions libérales, de diplômés de l’enseignement supérieur, du second degré et de professions libérales sont relativement bas dans les logements sociaux de Tavros par rapport à l’ensemble de la Municipalité.
Tableau 1: Comparaison de données socio-démographiques dans les ensembles d’habitat social de Tavros, dans leur périphérie et la Municipalité de Moschato-Tavros
Pour conclure, les cités de réfugiés et ouvriers de Tavros constituent une unité résidentielle et urbanistique, qui diffère nettement du secteur qui l’entoure pour ce qui est des caractéristiques morphologiques. La majeure partie des immeubles dans ces unités sont à quatre étages, disposés de manière à assurer un ensoleillement suffisant et une aération naturelle, tandis que des dispositions sont prévues quant à l’implantation d’espaces libres entre ces immeubles et à la création d’un plan de circulation dans cette zone. A l’inverse, pour ce qui est des caractéristiques sociales des habitants eux-mêmes, les différences sont moins marquées.
Ce texte est basé sur une étude qualitative, menée à partir d’entretiens avec les habitants du quartier, réalisés par l’auteur entre avril 2016 et mai 2017 dans le cadre d’une thèse de doctorat sous l’égide de l’Université de Harokopeio (Myofa, 2019).
[1] Tavros était une commune autonome de 1943 à 2010, lorsqu’elle a été fusionnée avec celle de Moschato dans le cadre du plan « Kallikratis » et constitue désormais une partie de la grande Municipalité de Moschato-Tavros (J.O. 87Α/07.06.2010).
[2] Le nom de « Nouveaux Abattoirs » fait référence aux Abattoirs Municipaux existant dès 1916 dans ce quartier – à proximité immédiate des habitations des réfugiés – et qui ont définitivement fermé en 1968. Ils avaient été nommés « Nouveaux Abattoirs » par contraste avec le quartier des Anciens Abattoirs à Kallithea (Σούτος, 1983: 230).
[3]« Les églises paroissiales étaient non seulement utilisées comme des points d’orientation, mais elles donnaient également leurs noms à ces quartiers » (Hirson, 2004 [1989], p.127).
[4] Dans la zone des Nouveaux Abattoirs nord, les réfugiés qui en avaient la possibilité économique achetaient une des 55 parcelles entre les rues actuelles de Konstantinoupoleos – Eirini – Estavromenos et Kalchantos. L’association qui a été mise sur pied a loti les terrains et les a vendus aux réfugiés qui, sous leur propre responsabilité, ont construit (soit par auto-construction soit en passant commande de travaux de construction) leur propre habitation.
[5] «Ils furent apportés sous forme de pièces de bois et montés sur place, après qu’eut été construit un mur bas, de cinquante centimètres de hauteur à partir du sol » (Σούτος, 1983: 109).
[6] Ceux qui, parmi les migrants de l’intérieur, avaient les moyens financiers de s’installer soit en louant ou achetant leur logement, soit en bâtissant par eux-mêmes une habitation dans le secteur de Tavros.
[7] La rue Katsigianni divisait l’îlot par le milieu. Cette rue, suite à la requalification, n’existe plus.
[8] Cette requalification ne peut pourtant pas être considérée comme « achevée du point de vue de ses finalités sociales et de son envergure urbanistique » (Varelidis, 2001, p.18), car elle n’a concerné qu’un seul îlot, et le nombre des familles bénéficiaires était faible (136, principalement des familles de quatre personnes).
[9] Plus grand en comparaison que les travaux de Philadelphia et de Kaisarianni.
[10] En 1998 l’Organisme pour le Logement Ouvrier a construit un ensemble de trois immeubles à Tavros à faible distance des anciens immeubles.
[11] Définie comme l’ensemble des quartiers alentours ne disposant pas de cités de logement social.
[12] Sur la base des données du recensement de 2011, 57,7 % des habitants des logements sociaux de Tavros n’ont jamais vécu de leur vie dans une autre habitation que celle des quartiers étudiés (ΕΚΚΕ-ΕΛΣΤΑΤ 2015).
Référence de la notice
Myofa, N. (2020) Le quartier d’habitat social à Tavros, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/lhabitat-social-a-tavros/ , DOI: 10.17902/20971.97
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
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