Hétérotopie Dourgouti: La transformation spatiale et sociale d’un lieu, de la catastrophe d’Asie Mineure à l’immigration contemporaine
Sarantopoulou Evangelia
Logement, Quartiers, Structure Sociale
2020 | Nov
Le quartier de Dourgouti, de nos jours encore, est un ensemble urbanistique remarquable et nettement distinct à l’intérieur du tissu urbain de la ville d’Athènes actuelle. Les migrants « indésirables » d’aujourd’hui, comme l’étaient également les réfugiés d’Asie Mineure, les premiers habitants du quartier, redonnent vie à ces bâtiments « indésirables », se socialisent dans l’espace public du quartier et redéfinissent ses conditions d’habitations. Sur la base des principes des hétérotopies de Foucault, je tente ici d’interroger plus avant les caractéristiques de ce quartier, non seulement en matière de physionomie interne, mais aussi du point de vue de sa relation externe, de ses interactions, avec la ville. La culture, les habitudes, les normes sociales, le genre de vie acquis sont autant d’éléments qui en lien avec l’individualité, la collectivité et la mémoire, ont abouti à la création de l’actuel paysage de ce quartier et de son récit.
Il se peut que dans le passé, nous entendions par quartier la communauté, non seulement considérée sous l’angle de ses limites géographiques, mais aussi d’un certain nombre de fonctions communes et de relations sociales impliquant ses habitants. Aujourd’hui, dans le cas qui nous occupe, le quartier a pu être entendu comme le produit accidentel d’un choix effectué par de multiples personnes et éventuellement d’identités multiples. Ce paysage, les identités multiples qu’il révèle dans le quartier de Neos Kosmos, nous présente un nouveau mode de gestion de la réalité « multiculturelle » d’Athènes, et plus généralement une opportunité de penser l’espace urbain sous un autre angle de vue et enfin une invitation à reconsidérer la ville que nous voulons. La compréhension des modes de structuration et de fonctionnement des quartiers immigrés comme celui-ci, pourrait permettre d’intégrer aux schémas d’aménagement et d’urbanisme de la ville d’Athènes des approches nouvelles et différentes.
Hétérotopie Dourgouti : La transformation spatiale et sociale d’un lieu, de la catastrophe d’Asie Mineure à l’immigration contemporaine
«Il y a également (…) des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables. Ces lieux, parce qu’ils sont absolument autres que tous les emplacements qu’ils reflètent et dont ils parlent, je les appellerai, par opposition aux utopies, les hétérotopies » (Foucault 2012: 260) (Photo 1). |
Le quartier de Dourgouti, de nos jours encore, est un ensemble urbanistique remarquable et nettement distinct à l’intérieur du tissu urbain de la ville d’Athènes actuelle. Les migrants « indésirables » d’aujourd’hui, comme l’étaient également les premiers habitants du quartier, les réfugiés d’Asie Mineure, redonnent vie à ces bâtiments « indésirables », se socialisent dans l’espace public du quartier et redéfinissent ses conditions d’habitations. Le quartier de Dourgouti est donc tout d’abord un ensemble urbanistique délimité par les avenues Syngrou et Ilia Iliou, deux limites «strictes» du quartier qui la coupent de son environnement où dominent les immeubles de contreprestation. Dans le même temps, le quartier de Dourgouti constitue en lui-même un environnement urbain social distinct, avec son parc de bâtiments de réfugiés et les immeubles « populaires » qui attirent, du fait de leur ancienneté et de leurs faibles loyers, des migrants surtout économiques qui arrivent en Grèce à la recherche de travail. Il ne s’agit bien sûr pas d’une règle générale, puisque de nombreux descendants de réfugiés d’Asie Mineure et de migrants de l’intérieur de 2ème, 3ème et 4ème génération y habitent toujours. On remarque donc qu’au fil du temps, ce secteur conserve une structure sociale particulière, distincte de celle qui l’environne (Βαΐου Ντ. 2007, Μυωφά & Παπαδιάς 2016).
Photo 1: Sans issue, mouillage à P. Faliro
Source: Archives personnelles
La coexistence des habitants « indigènes » du quartier avec les « néo-immigrés » ne rencontre pas de problèmes particuliers, malgré la coexistence de deux différentes cultures et identités. Sans doute du fait que de tous temps, la présence des populations réfugiées ou immigrées, notamment des Arméniens, a été forte.
Sur la base des principes des hétérotopies de Foucault, je tente ici d’interroger plus avant les caractéristiques de ce quartier, non seulement en matière de physionomie interne, mais aussi du point de vue de sa relation externe, de ses interactions, avec la ville. Selon le premier principe, il n’est pas de société ou de culture au monde qui ne crée d’hétérotopies. Ceci constitue une constante pour tous les groupes humains (Foucault 2012: 261).
Thus, in our case, « the solution to the problem of housing », both during the period of the Asia Minor Disaster and internal immigrations in the country, and during modern immigration, has posed refugees and immigrants as individuals distinct from the rest of society and its culture. As a result, these social groups inhabit separate pieces of land. Enclave areas for those excluded. Spaces for those with a different identity and, as a result, it was considered that they should ‘must’ reside ‘there’.
Selon le second principe des hétérotopies, au cours de son histoire, une société peut faire fonctionner d’une façon très différente une hétérotopie qui existe et qui n’a pas cessé d’exister (Foucault 2012: 263). En effet, dans le secteur considéré, l’usage général a toujours été le même, celui du logement des réfugiés et immigrés. Pour la société moderne « extérieure », à chaque période donnée, ce quartier a été considéré de la même façon, une zone habitée par des réfugiés et des immigrés, anciennement arméniens ou micrasiates, désormais par leurs descendants ou immigrés de pays tiers. Mais entretemps, Dourgouti s’est mué de bidonville en un quartier constitué d’ensembles d’habitations dédiées aux réfugiés, puis plus tard d’immeubles « populaires » créés par le Ministère de l’Assistance Publique, tout en conservant sa caractéristique en matière d’usage de l’espace, soit un usage résidentiel, sous différentes formes et dans différentes conditions. Aujourd’hui, bien que cet usage général demeure, le quartier fonctionne sous l’action de mécanismes différents. A l’intérieur de ses « strictes » limites, se développent différentes cultures et se forgent de nouveaux codes, conditions et relations de coexistence.
Le troisième principe, selon lequel l’hétérotopie a le pouvoir de juxtaposer en un seul lieu réel plusieurs espaces, plusieurs emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles (Foucault 2012: 264), se manifeste dans le cas qui nous occupe à travers la localisation actuelle des habitants. Nous remarquons des lieux d’habitations différents pour les anciens et les nouveaux immigrés, des lieux qui peuvent être proches mais qui sont étrangers et différents entre eux. Les nouveaux immigrés habitent principalement dans les premiers immeubles de réfugiés construits en 1935 et 1940, tandis que les anciens immigrés habitent les « immeubles populaires » de 1969 (Carte 1).
Carte 1: Ancienneté des bâtiments
Source: Archives personnelles, Visite à l’Assistance Publique 8/3/2019
Les hétérotopies sont liées, le plus souvent, à des découpages du temps. Les hétérochronies constituent le quatrième principe (Foucault 2012: 265). Le quartier de Dourgouti pourrait être considéré comme une hétérotopie du temps, où se concentre la « forme » de l’élément réfugié. Des bâtiments qui par leur présence constituent un « monument » déterminant des formes d’habitat de masse basé sur le mouvement moderne et la culture occidentale du 20ème siècle. Deux formes de modernisme dans le tissu urbain contemporain d’Athènes.
Les hétérotopies supposent toujours un système d’ouverture et de fermeture qui, à la fois, les isole et les rend pénétrables. En général, on n’accède pas à un emplacement hétérotopique comme dans un moulin (Foucault 2012: 267). Avec le cinquième principe, il devient clair qu’un tel lieu a des limites. Les grands axes de circulation qui délimitent le quartier peuvent être considérés comme des limites physiques strictes, ainsi qu’une zone de contrôle, liée à la clôture métallique (Photo 3) utilisée comme support d’un panneau publicitaire des Jeux Olympiques de 2004 à Athènes.
Un geste qui, pour certains habitants, a été accompli à cet endroit pour dissimuler le quartier, probablement vis-à-vis de ceux qui se déplacent sur l’avenue Syggrou (Αυγέα 2014). Ces limites ne sont pas simplement une empreinte sur la carte, elles sont aussi les limites imaginaires du quartier, la poche qui la distingue des environs caractérisés par la contreprestation.
Photo 2: Clôture métallique, la frontière «artificielle»
Source: Archives personnelles
mais aussi ceux qui se trouvent en dehors. Il constitue donc soit un privilège, soit un droit sous conditions, soit une condamnation, soit un destin, la poche officialise par l’exception la garantie suprême de la sécurité (Σταυρίδης 2010: 23).
Le sixième et dernier trait des hétérotopies, c’est qu’elles ont, par rapport à l’espace restant, une fonction. En jouant le rôle d’ « organisation générale de l’espace terrestre » (Foucault 2012: 268) comme dans le cas des colonies. On remarque donc que le quartier devient lieu de résidence pour des immigrés venant l’habiter selon leurs normes et habitudes culturelles propres, mais dans le cadre strict qui leur a été imposé. Celui qui a été conçu par le mouvement moderne et qui a placé des catégories d’individus particulières dans des lieux particuliers, en oubliant qu’au-delà de l’assimilation que ces habitants souhaitaient vis-à-vis de la société, ils étaient aussi désireux de leur droit au libre choix. Un désir qui n’a sans doute pas été étudié de manière planifiée, mais que les habitants eux-mêmes ont adopté à leur manière. Dans les logements préfabriqués construits par les Allemands à Kokkinia en 1927, le manque d’espace était flagrant, problème que les habitants ont tenté de résoudre tant par des extensions et des agrandissements dans les cours intérieures, qu’à travers les grilles d’aération révélant l’existence de chambres, salons et cuisines souterraines (Hirschon 2004: 125-140). Cette situation pourrait se retrouver dans une large mesure dans le bidonville de Dourgourti. Dans les bâtiments construits pour les réfugiés dans les années 40, les immigrés récents issus de pays tiers conservent au sein des logements un mode d’habitation plus communautaire, ou bien un aménagement intérieur plus typique des appartements modernes intégrant dans chaque cas des éléments de leur culture d’origine, principalement des tapis, des meubles et des ustensiles de cuisine, des courbes, des motifs arabes, des couleurs particulières. Dans le cas des immeubles ouvriers ou « populaires », les actuels habitants, toujours par manque d’espace, ont procédé à des ajouts et agrandissements dans leurs appartements tandis qu’à l’intérieur, seule une minorité de ceux-ci sont rénovés et conservent quelques objets de leurs ancêtres, principalement des photographies. A chaque période, les habitants transforment les bâtiments en fonction de leurs besoins respectifs et des morceaux du passé vivent dans ces logements, non seulement en tant qu’objets physiques, mais comme récit mémoriel. Il n’est donc pas suffisant de disposer de la liberté de choisir son lieu de résidence, la liberté de s’exprimer dans et hors de celui-ci est également nécessaire, comme on le voit à travers les activités des habitants dans l’espace public, et dans une tentative, non seulement de montrer leur identité, mais aussi de communiquer avec la société dans laquelle ils souhaitent s’intégrer. Des mouvements et des actions comme réaction à la marginalisation en vigueur.
Il se peut donc que dans le passé, nous entendions par quartier la communauté, non seulement considérée sous l’angle de ses limites géographiques, mais aussi d’un certain nombre de fonctions communes et de relations sociales impliquant ses habitants. Aujourd’hui, dans le cas qui nous occupe, le quartier a pu être entendu comme le produit accidentel d’un choix effectué par de multiples personnes et éventuellement d’identités multiples. Ce paysage, les identités multiples qu’il révèle dans le quartier de Neos Kosmos, nous présente un nouveau mode de gestion de la réalité « multiculturelle » d’Athènes, et plus généralement une opportunité de penser l’espace urbain sous un autre angle de vue et enfin une invitation à reconsidérer la ville que nous voulons. La compréhension des modes de structuration et de fonctionnement des quartiers immigrés comme celui-ci, pourrait permettre d’intégrer aux schémas d’aménagement et d’urbanisme de la ville d’Athènes des approches nouvelles et différentes (Στεφάνου 2010: 15).
«(…) et ce dernier problème de l’emplacement humain, ce n’est pas simplement la question de savoir s’il y aura assez de place pour l’homme dans le monde – problème qui est après tout bien important -, c’est aussi le problème de savoir quelles relations de voisinage, quel type de stockage, de circulation, de repérage, de classement des éléments humains doivent être retenus de préférence dans telle ou telle situation pour venir à telle ou telle fin. Nous sommes à une époque où l’espace se donne à nous sous la forme de relations d’emplacements» (Foucault 2012: 257). |
«Autrement dit, nous ne vivons pas dans une sorte de vide, à l’intérieur duquel on pourrait situer des individus et des choses. Nous ne vivons pas à l’intérieur d’un vide qui se colorerait de différents chatoiements, nous vivons à l’intérieur d’un ensemble de relations qui définissent des emplacements irréductibles les uns aux autres et absolument non superposables» (Foucault 2012: 259). |
Le fait que les cités des réfugiés et les immeubles « populaires » de Dourgourti soient l’une des rares formes d’expression massives du mouvement moderne de deux périodes différentes (respectivement les années 1940 et 1970) dans l’espace grec (Photo 3), d’une période de l’histoire, de lieux de mémoire, et par conséquent de bâtiments en grand besoin de protection, est incontestable. Toutefois, parallèlement à leur conservation et à leur protection en tant que monuments d’architecture, la préoccupation pour les relations humaines qui se développent en leur sein et en-dehors d’entre elles, est de la plus haute importance.
Photo 3: L’expression massive du mouvement moderne
Source: Archives personnelles
Nous remarquons que dans le cas des réfugiés de 1922, tant les réfugiés eux-mêmes que l’État, souhaitent une intégration des réfugiés par le logement et le recouvrement d’une situation professionnelle. Malgré cela, les réfugiés se sont forgés une identité propre et dont ils sont fiers, qu’ils conservent et adaptent aux nouveaux lieux, avec pour principes directeurs le foyer, la famille et la communauté. Ils portent y compris leurs valeurs avec des objets (Photo 4) qu’ils peuvent ne pas avoir apportés de leurs lieux d’origine, mais auxquels ils ont donné l’importance qui leur est conférée par leur culture. En en faisant des objets non seulement utilitaires mais des vecteurs d’idées dans leur nouveau lieu d’habitation. Au cours de la décennie 1980, sont émis quotidiennement des appels radiophoniques pour l’identification de personnes disparues au cours des années 1920 (Hirschon 2004:250) Tandis que les jeunes réfugiés tout particulièrement se conforment aux prototypes de la vie urbaine moderne (Hirschon 2004: 404). Au fil du temps, ils se mettent à la page, deviennent « modernes », mais n’oublient pas.
Photo 4: L’image de la mémoire
Source: https://www.lifo.gr/
Les réfugiés d’aujourd’hui, à l’inverse, n’ont pas été pris en charge avec un plan abouti par l’État. Ils sont « des habitants plus temporaires » et trouvent un toit et un emploi par eux-mêmes avec l’aide de leurs compatriotes. Ils conservent eux aussi leur identité culturelle, qu’ils expriment sans doute plus nettement dans l’espace, en lui conférant des usages. Ils créent à leur tour de nouveaux modes d’habitation basés sur les conditions résidentielles de leur patrie, mais aussi sur les standards occidentaux. Ils usent d’objets qui leur rappellent au quotidien leur pays, mais dans le même temps ils apprécient de pouvoir s’informer à son sujet via les nouvelles technologies.
A travers les descriptions, nous remarquons que « les idées autour de l’homme et sa vie entre des bâtiments et ses expériences, reflètent l’histoire et la psychologie des gens d’une époque donnée. Une époque dont une parcelle vit peut-être encore autour de nous » (Benjamin 2004: 162). Une errance dont les traces et les innovations coexistent, donnant pour nous un sens au présent et créant un récit parcellaire dont un des aspects majeurs est la mémoire collective des réfugiés de 1922 et des nombreuses mémoires individuelles dans le cas des « néo-immigrés ».
Photo 5: Motifs et couleurs en céramique Iznik de l’actuelle Smyrne
Source: Archives personnelles
En dépit de la forme moderne et des règles qui l’accompagnent, ces unités d’appartements sont habitées selon les normes des immigrés, de leurs besoins et leur vouloir. Les objets (Photo 5) qui décorent un lieu et sont considérées comme superflues dans un appartement moderne stéréotypé, sont ici considérés comme essentiels, partie intégrante de la mémoire et font de ce lieu un lieu hors de l’espace. Un lieu qui vit refermé sur lui-même et qui est à la fois livré au dense tissu de la ville. Une forme d’expression massive stricte et habituelle dissimule en son sein et de manière périodique de nombreuses identités et idées que les architectes de l’époque pouvaient ne pas avoir anticipées ni planifiées, et cependant le besoin des habitants de disposer d’une mémoire du passé et des habitudes domestiques relevant de leur culture, les a dotées de cette hétérotopie.
Ce notice résulte de la Dissertation du 9eme semestre, Département d’Architecture de l’École Polytechnique d’Athènes, Juin 2019, sous la direction de Professeur Kostas Tsiampaos
Remerciements
J’aimerais exprimer mes sincères remerciements à Professeur Kostas Tsiampaos
Référence de la notice
Sarantopoulou, E. (2020) Hétérotopie Dourgouti: La transformation spatiale et sociale d’un lieu, de la catastrophe d’Asie Mineure à l’immigration contemporaine, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/heterotopie-dourgouti/ , DOI: 10.17902/20971.100
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
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