Impact du familialisme sur le parcours de logement LGBTQ+
2024 | Jan
Dans un pays comme la Grèce, où l’État providence est absent et les opportunités de revenu sont limitées et précaires, le logement est considéré comme une affaire principalement familiale. La famille est considérée comme le principal amortisseur de chocs dans les périodes de tourmentes socio-économiques (Moreno et Mari-Klose 2013 ; Martin 2015), et les membres qui ont mis en œuvre avec succès leurs stratégies en matière de logement, lors de périodes plus prospères, sont dorénavant en mesure d’offrir des solutions de logement aux membres de leur famille.
Néanmoins, accepter le soutien au logement a pour pendant l’acceptation d’être sous contrôle. Ainsi, le soutien de la famille peut s’appuyer sur la prémisse selon laquelle les bénéficiaires du soutien sont tenus « d’obéir » aux règles et à l’imaginaire que la famille leur attribue. Cet imaginaire inclut souvent un parcours de vie hétéronormatif prescrit que les bénéficiaires sont tenus de suivre.
L’assistance et le logement de la famille grecque
L’on pourrait soutenir que l’État providence grec ne fut jamais suffisamment actif pour répondre aux besoins de ses citoyens. Le modèle grec de protection sociale pourrait être qualifié de « familialisme par défaut » où « l’État ne fournit ni alternatives ni soutien à la famille » (Saraceno and Keck, 2010: 676). Cela est bien visible dans l’absence quasi-complète de prévoyance en matière de logement par l’État. Les politiques de logement en Grèce ont toujours principalement été des indicateurs économiques indirects visant à cultiver l’autorégulation des besoins en logement par le biais du soutien de la famille et des proches, en rendant possible et promouvant la propriété immobilière (Mantouvalou 1985; Leontidou 1990; Allen et al. 2004, à propos de l’État en tant que facilitateur, voir également Tulumello & Dagkouli-Kyriakoglou 2021).
En effet, tout au long de l’histoire de la Grèce de l’après-guerre, la propriété du logement urbain, promue ou soutenue par l’État, constituait un investissement bon, stable et sûr, au vu du climat financier précaire (Leontidou 1990; Allen et al. 2004). La propriété immobilière pouvait servir de logement ou de source de revenu, en l’absence d’alternatives valables en matière d’investissement et en l’absence d’État providence (Allen et al. 2004; Gentile 2016; Minguez, 2016). Ainsi, le logement a toujours constitué un préalable culturel standard à la création de sa propre famille, un désir social collectif, la représentation de la réussite, un symbole de statut et une preuve d’engagement vis-à-vis de la société et de la famille (Minguez, 2016). Cette pratique dépendait fortement de l’épargne et de la richesse de la famille, combinés à un marché hypothécaire local sous-développé et un État providence anémique (Poggio, 2008). Par conséquent, l’accès à la propriété du logement fut inégalement répartie entre générations, pénalisant ceux issus de familles des couches sociales inférieures (Micheli and Rosina 2010; Forrest and Yip 2012; Moreno and Mari-Klose 2013; Ronald and Lennartz 2018).
Crisis
Le logement et la vie quotidienne en Grèce connurent une restructuration rapide au cours de dernières décennies, suite à la crise financière mondiale de 2008 et aux mesures d’austérité qui furent adoptées en conséquence. Ces mesures imposèrent des coupes majeures dans l’ensemble des dépenses publiques, ce qui eut un impact sur la formation de ménages et sur les stratégies en matière de logement adoptées par les familles pour faire face aux défis (Costa Pinto and Guerra 2013; Serracant 2015).
En outre, depuis 2012, la Grèce présente un taux de chômage parmi les plus élevés des pays de l’OCDE, quel que soit le niveau d’instruction. De nos jours, même si ce taux présente une légère baisse depuis quelques années, il demeure encore relativement élevé (12,16 %, en 2022 [1] ) tandis que le taux de chômage des jeunes s’élevait à 30,05 %, en 2022 [2]. Les perspectives d’emploi, instables et précaires, entraînent l’insécurité en matière de logement et obligent à reporter à plus tard des décisions de vie, soulignant le rôle de la famille en tant que pourvoyeur (Christopoulou & Pantalidou, 2018).
Stratégies familiales en matière de logement
En Grèce, l’on tend à suivre des pratiques en matière de logement qui sont liées à la richesse de la famille. Cela implique l’émancipation tardive par rapport au foyer familial, la résidence partagée entre générations et la proximité spatiale, en termes de résidence, avec les membres de la même famille étendue (Ferrera, 2010; Dagkouli-Kyriakoglou, 2018). Dans le cadre de l’Europe du Sud-est, le foyer familial est à la base de la famille hétéropatriarcale asymétrique, favorisant certaines relations hétérosexuelles et genrées (Valentine, 1993). Étant profondément enracinée dans la société et le foyer, l’hétéronormativité peut, par conséquent, entraîner « l’exclusion » des membres LGBTQ+ en raison des rapports de pouvoir socio-sexuel qui y sont reproduits (ibid.). De plus, aussi longtemps que le bien-être de ces personnes dépend de solutions offertes par la famille, la richesse de la famille renforce l’inégalité sociale existant entre ceux qui disposent d’un patrimoine immobilier et ceux qui n’en disposent pas.
L’Église Orthodoxe a une influence considérable sur la société, en Grèce, et promeut, tout comme l’idéologie de droite, la famille hétérosexuelle comme étant la structure de base de la société (Allen et al., 2004; Trihas, 2018). Le renforcement de l’institution de la famille et de la protection qu’elle offre dégage l’État de l’obligation d’offrir soins, logement et protection sociale et le dispense des frais associés. Par conséquent, les formes de famille autres que la forme hétéronormative seraient susceptibles de porter atteinte à cet équilibre qui dissimule l’absence de l’État. Comme affirma l’archevêque Ieronymos au sujet du débat sur la reconnaissance du genre légal sur la base de l’autodétermination : « Cela n’est qu’un jeu. L’Église a sa propre position. Notre pays a ses traditions, tout comme la famille en a. Tout le reste n’est qu’invention pour passer le temps » (« Ieronymos à propos de l’identité de genre » 2017). Ces idées, dans ce pays fortement religieux, sont également représentatives d’une partie de la société dont certains membres peuvent aussi être des parents d’enfants LGBTQ+.
De plus, au fur et à mesure que la crise évoluait en Grèce, les manifestations violentes des forces de police contre les groupes socialement marginalisés allaient croissant. En même temps, le pouvoir d’Aube Dorée, le parti néo-nazi grec, augmentait. Cette formation politique participait au Parlement pendant la période 2012 – 2019, promouvant l’homophobie et le sexisme, tout en faisant l’éloge de l’hétéronormativité (Eleftheriadis, 2015). Dernièrement, après que le gouvernement de droite fut élu, en 2019, la violence policière contre les personnes non-hétéronormatives et les femmes s’accroît [3]. De même, les questions de genre semblent être traitées par l’État d’une façon qui souligne la supériorité de la famille hétéropatriarcale asymétrique en marginalisant les individus homosexuels et en ciblant les sciences sociale [4] (Vasilaki & Souvlis, 2021). De plus, le gouvernement a aboli le secrétariat à l’égalité – qui fut créé en 1985, marquant une victoire du mouvement féministe – et, dans le même mois (juin 2023), établit un nouveau ministère : celui de la cohésion sociale et de la famille.
S’agissant du logement, les personnes LGBTQ+ qui sont confrontées à des discriminations ne sont pas protégées en tant que telles. Dans d’autres pays, tels que les USA et le Royaume-Uni, les jeunes LGBTQ+ représentent un taux important de la population des sans-abris (Hunter, 2008). Dans les sociétés où le problème n’est pas dissimulé, il existe également des exigences en matière d’offre de services sociaux aux groupes marginalisés qui souffrent de problèmes de logement, d’incidents d’abus et de discrimination (ibid.). Entretemps, en Grèce, étant donné que les citoyens dépendent fortement du soutien de la famille ou de réseaux solidaires informels, le risque d’être sans-abri est lié à la capacité de la famille ou des proches de soutenir ses membres et/ou à la volonté d’une personne LGBTQ+ de se cacher ou d’étouffer son identité et ses projets de vie pour ne pas remettre en cause le soutien qu’elle reçoit.
Les stratégies de famille sur la voie du logement LGBTQ+
Au cours de cette recherche, nous avons rencontré au moins un incident de soutien familial direct/indirect dans chacune des histoires recueillies [5]; Il ne semble pas y avoir d’âge particulier auquel expirerait le soutien intergénérationnel pour les membres LGBTQ+. Le soutien peut provenir des parents mais aussi de membres de la famille étendue, comme dans le cas de Liza (45, homosexualité dévoilée), qui a fini par vivre avec sa tante. Elle décida de cohabiter avec elle pour des raisons d’ordre financier et, même si sa tante désapprouvait le style de vie de Liza, elle accepta avec joie l’idée de la cohabitation, à condition qu’elle tienne sa vie amoureuse à l’écart de la maison.
Figure 1: Modèles de soutien venant de la famille et des amis (de la famille)
Source: Élaboré par l’auteur (2018)
Sur la base de ma recherche de doctorat, qui représente une partie du présent rapport, j’ai effectué une cartographie du soutien familial au logement. Il en ressort que l’aide peut être fournie selon deux modalités générales : en nature et en espèces. L’aide en nature peut inclure l’offre d’une maison semi-indépendante ou indépendante et l’autorisation et, habituellement, l’insistance pour une cohabitation prolongée ou le retour au foyer familial. Dans bon nombre des histoires recueillies, les participants ont regagné le foyer familial après l’avoir quitté pour une certaine période, indépendamment de la question de savoir s’ils avaient fait ou pas leur coming out.
Dans d’autres cas, le soutien prend la forme d’une aide financière pour subvenir au logement de façon directe ou indirecte. Le soutien indirect a trait à la situation où les parents et d’autres proches offrent (une partie de) la somme nécessaire dont le bénéficiaire a besoin pour acquérir et/ou rénover une maison ou pour couvrir le montant du loyer. Entretemps, le soutien financier indirect au logement est offert sous la forme d’argent de poche qui, tout en n’étant pas spécifiquement destiné au paiement du loyer, constitue un revenu stable qui permet de répondre aux besoins du ménage. Olga (lesbienne, 42, homosexualité non dévoilée) expliqua la procédure comme suit :
(Mes) parents soutiennent financièrement leurs deux enfants [elle-même et son frère] en donnant de « l’argent de poche ». […] Le montant de l’argent de poche est de 400 euros pour mon frère et de 200 pour moi. […] Tout ce qui reste [du revenu des parents], ils le donnent à leurs enfants pour qu’ils puissent survivre. |
Cette habitude n’est pas étrangère à la société grecque, où les parents ont tendance à pourvoir aux besoins de leurs enfants par tous les moyens possibles. Cependant, le soutien offert peut être accompagné de règles précises susceptibles de limiter la liberté de la personne.
L’impact de l’identité LGBTQ+ sur le logement
Le logement et le soutien financier de la part de la famille peuvent être remis en question suite au refus ou à la « désapprobation » des sujets non-hétéronormatifs. Aux fins du présent travail, les impacts ont été classés comme directs et indirects.
Seules quelques histoires parmi celles recueillies portaient sur l’impact direct sur le logement, entraînant le sans-abrisme, bien que cela ne soit pas représentatif de la réalité grecque (voir Pettas, Arampatzi, Dagkouli-Kyriakoglou, 2022). Parmi les participants, certains ont dû quitter le foyer familial afin de revendiquer leur identité ou bien, le soutien financier au logement fut brusquement interrompu. Il y eut trois incidents de déplacement involontaire que les participants vécurent comme une punition et comme du chantage par la famille, lorsque leur orientation sexuelle fut révélée : dans un cas, il s’agit d’un « déplacement assisté » loin du foyer familial, où les parents payaient le loyer du nouveau logement. Dans le deuxième cas, la mère de la compagnonne de la fille lui offrit un endroit pour vivre. Dans le cas d’un autre compagnon [6], il devait devenir indépendant sur le plan financier et cela l’entraîna progressivement à émigrer à l’étranger afin de trouver de meilleures opportunités de logement et d’emploi. Toutefois, le degré élevé de familisme dans le domaine du logement peut également être à l’origine de problèmes pour les tiers, comme le raconte Orion (31, homosexualité dévoilé) ci-dessous :
Je suis parti de mon dernier logement parce que… il y avait trois étages, un petit immeuble qui appartenait à une famille et des parents occupaient tous les appartements, sauf le mien. […] J’étais le seul étranger. […] à la deuxième année, ils m’ont vu un matin, à l’aube, rentrer du drag show et ils me virent ainsi [vêtu comme son personnage drag], et, depuis lors, jusqu’à ce que mon bail expire […] une guerre commença, du genre « on ne veut pas de toi ici, va-t-en |
Dans l’ensemble, des changements violents sont survenus dans les aménagements de vie des personnes LGBTQ+ lorsque la famille qui les soutenait ne pouvait pas accepter leur identité de genre. À ces « inconvénients liés au logement » résultant de l’identité de genre d’une personne, il conviendrait également de considérer les impacts « indirects », notamment concernant la restriction de la liberté qu’implique le fait de vivre une vie personnelle non-hétéronormative aussi longtemps que la personne bénéficie de solutions de logement soutenues par la famille.
Le soutien peut être accompagné de l’obligation de suivre un code de comportement (hétéronormatif), comme dans l’histoire de Liza (45,homosexualité dévoilé) qui fut hébergée par la mère de sa compagnonne, après avoir quitté son foyer familial. La mère de sa compagnonne demanda, aussi bien à Liza qu’à sa fille, de ne pas se dévoiler aussi longtemps qu’elles bénéficiaient du soutien au logement. Cette histoire fait écho à celle d’Alex, qui explique que :
Mes sœurs et mon frère étaient plus ou moins OK [lorsqu’ils découvrirent qu’il était gay], ce qui importait pour eux c’était que nos parents ne l’apprennent pas… jamais. |
Figure 2: Le parcours de logement d’Alex
Source: Élaboré par l’auteur (2018)
Ne pas révéler leur orientation sexuelle était un ordre, ouvertement exprimé ou implicite, par les parents ou d’autres proches. Qu’il s’agisse d’un ordre ou d’une pratique découlant de la crainte de la personne LGBTQ+ à révéler son identité de genre, cela a des effets évidents sur la vie amoureuse des personnes. Cela est plus évident lorsqu’elles sont soutenues par la famille et, en particulier, lorsqu’ils habitent chez leurs parents ou à proximité de chez eux. Nikoleta (28, homosexualité non dévoilée), qui vit dans le même immeuble que ses parents, explique, par exemple :
Ils [les parents] ne m’ont jamais imposé de restrictions pour ce qui est des personnes venant chez moi… mais, il est certain que si je vivais dans une autre maison, je sais que cela aurait été plus facile […] par exemple, avant que je ne fasse mon coming out à mes parents, je m’inquiétais lorsqu’elle [sa compagnonne] quittait la maison, que quelqu’un pouvait […] la voir. Ou bien qu’on pouvait sonner à la porte et, parce que cela aurait été étrange de la voir toujours dans les parages, elle se cachait dans la chambre […] Dans l’idéal, je voudrais vivre dans une autre maison, pour être moi-même, être indépendante et pour que tout le monde puisse venir. |
Figure 3: Le parcours de logement de Nikoleta
Source: Élaboré par l’auteur (2018)
De façon similaire, Aris (30, homosexualité non dévoilée) qui insistait pour vivre au domicile parental, indépendamment des obstacles décrits :
Je le ferai venir (un futur compagnon) à la maison, de toute évidence, comme un simple ami. Il entrera. Il ira et viendra, il pourra même passer la nuit. Mais, il passerait la nuit en tant qu’ami. […] et si nous avions un rapport sexuel, nous le ferons en secret, pour ne pas qu’on nous entende |
Figure 4: Le parcours de logement d’Aris
Source: Élaboré par l’auteur (2018)
Étant donné que les partenaires de même sexe ne sont généralement pas acceptés, les couples LGBTQ+ ne peuvent pas jouir de temps de qualité chez leur compagnon, même s’ils ont dévoilé leur homosexualité. Dans l’ensemble, comme le dit Alex : « Certes, la liberté dans la maison est vraiment une chose importante pour qu’une relation [s’épanouisse] ». Cela est encore plus essentiel pour un groupe social qui n’a pas la possibilité de s’exprimer librement à l’extérieur, dans un contexte aussi hostile et conservateur.
De plus, la famille occupant une place centrale dans la vie sociale des jeunes en Grèce, la restriction consistant à ne pas révéler leurs relations amoureuses à leur famille a des conséquences ultérieures, tel que le fait de ne pas pouvoir rejoindre et savourer les évènements de famille en pleine lumière. Comme me l’expliqua un de mes partenaires de recherche, il se sent exclu des moments familiaux car il ne peut pas vivre les vacances ou les fêtes spéciales comme les membres hétéronormatifs de la famille, c’est-à-dire qu’il ne peut pas y participer avec son compagnon ou discuter de sa vie personnelle.
Dans l’ensemble, selon les données de cette recherche limitée, les stratégies en matière de logement des personnes LGBTQ+ sont liées aux stratégies assimilées à la révélation de leur identité de genre, qu’il s’agisse de décisions de « coming out » ou du degré de liberté d’expression afin d’être « éligible » au soutien au logement par la famille. Comme le releva également Rodó-de-zárate, (2013:8) ils « jouent avec leurs identités afin d’obtenir des privilèges hétérosexuels normatifs ». Dans la majorité des cas, dans la présente étude, les personnes trouvèrent des façons de dissimuler ou de négocier leurs droits à leur vie personnelle sans perdre le soutien de leur famille mais en éprouvant « seulement » les effets indirects. Mais, dans quelle mesure ces effets sont-ils vraiment indirects ?
Quelques réflexions en guise de conclusion
Par le biais du soutien au logement qu’elles s’efforcent d’offrir, les familles grecques renforcent également leur mainmise sur les bénéficiaires. Ainsi, les personnes qui acceptent le soutien offert par la famille sont également tenues de lui rendre des comptes sur leur vie personnelle. Même si elle fut limitée dans le temps et qu’elle portait sur un lieu et un échantillon restreints, cette recherche montre que la communauté LGBTQ+ porte encore le stigmate social qui peut devenir un obstacle à ce qu’elle reçoive un soutien au logement. Ainsi, pour que les personnes LGBTQ+ puissent trouver une solution dans le domaine du logement, il est possible qu’elles doivent dissimuler des aspects de leur véritable identité, étant donné que le foyer demeure une structure fortement hétéronormative qui impose des règles qui peuvent étouffer la liberté des membres dépendants.
Les partenaires de recherche et d’autres groupes sociaux en Grèce, par exemple, les personnes perçues comme féminines au sein de la famille, sont piégés dans cette réciprocité du soutien intergénérationnel où les solutions de logement et la vie personnelle sont enchevêtrées (voir également Dagkouli-Kyriakoglou, 2021). Les personnes qui reçoivent un soutien au logement doivent mener leur vie dans la direction vers laquelle l’on attend d’elles de le faire, c’est-à-dire, vers une vie hétéronormative, centrée sur la famille/les proches, marquée par des étapes conventionnelles telles que le mariage et les enfants, et un dévouement éternel aux besoins des proches. Si la vie personnelle n’est pas approuvée, il est possible que le soutien soit interrompu, parfois de façon violente, ou être géré de façon à faire du chantage au bénéficiaire. D’un autre côté, le destinataire du soutien pourrait soit refuser ce soutien (et, donc, refuser l’identité qui lui a été attribuée) soit dissimuler son identité afin de continuer à bénéficier du soutien dans un contexte d’absence de politiques du logement et de marchandisation rapide de celui-ci.
Les personnes LGBTQ+ ne peuvent et ne devraient pas dépendre uniquement du soutien de la famille grecque pour disposer d’un logement, pas plus que ne le devraient quiconque d’autre. Il est nécessaire d’effectuer des recherches ultérieures centrées sur l’espace-territoire afin d’obtenir une meilleure compréhension des modalités complexes selon lesquelles la sexualité et la performativité du genre, entre autres, définissent les voies possibles et les difficultés afférentes. Il conviendrait d’exiger la mise en place de politiques en matière de logement qui visent à soutenir les personnes indépendamment de critères hétéronormatifs ainsi qu’un parc de logements susceptibles d’accueillir plusieurs formes de famille, autres que la forme hétéropatriarcale.
Figure 5: La voie LGBTQ+. Les voies du logement des partenaires de recherche
Source: Élaboré par l’auteur (2018)
[1]: https://www.statista.com/statistics/263698/unemployment-rate-in-greece/
[2]: https://www.macrotrends.net/countries/GRC/greece/youth-unemployment-rate e
[3]: «Αστυνομική βία: Δύο χρόνια “μεμονωμένων περιστατικών”», tvxs, 2021, https://tvxs.gr/news/ellada/tvxsgr-katagrafei-dyo-xronia-memonomenon-peristatikon-astynomikis-bias-binteo
[4]: https://www.epohi.gr/article/38406/ti-kryvetai-pisv-apo-ti-stoxopoihsh-koinvnikvn-episthmvn-kai-episthmonvn
[5]: However, there is research that highlights more nuanced stories where no support was present and people had to rely on solidarity or support networks (Pettas et al., 2022).
[6]: By research partners I am referring to the participants/interviewees of this research.
Cette notice est partiellement basée sur Dagkouli-Kyriakoglou, M. (2021). ‘When housing is provided, but you have only the closet’. Sexual orientation and family housing support in Athens, Greece. Social & Cultural Geography. DOI: 10.1080/14649365.2021.1910989
Référence de la notice
Dagkouli-Kyriakoglou, M. (2024) Impact du familialisme sur le parcours de logement LGBTQ+, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/impact-du-familialisme-sur-le-parcours-de-logement-lgbtq/ , DOI: 10.17902/20971.115
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
Références
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