Athènes « immeuble-à-appartementalisée », 1955-1970
2024 | Jan
Introduction
Si l’on souhaite écrire l’histoire des phénomènes de production massive et multicentrique d’habitations, d’une production formée par plusieurs activités privées petites et moyennes – et non pas par l’État ou de grands investissements capitalistes – l’étude de cas peut s’avérer utile mais insuffisante. Indubitablement, en l’absence d’archives centralisées, les études de cas ouvrent des voies quant à l’approche critique d’aspects importants de tels phénomènes. Les historiens de l’architecture et de la ville focalisés sur l’habitation, tels que Gaia Caramellino, Filippo de Pieri et Yael Allweil, ont tenté depuis quelques années de telles approches « micro-historiques » et en ont établi le pouvoir heuristique (De Pieri 2013; Allweil 2017; Caramellino 2019: 294-315; Μelsens et al 2022). S’agissant de l’histoire de la production d’habitations mais aussi de l’espace urbain par le biais de l’anti-pragmatisme de la contre-prestation qui domina en Grèce de l’après-guerre et institua l’immeuble à appartements athénien au sein du tissu urbain, il a été démontré que les études de cas renversent des conceptions dominantes concernant le phénomène en question, non pas seulement en tant que processus prétendument anonyme, du bas vers le haut, mais aussi en tant que processus relevant de l’architecture grecque moderne (Kalfa et Alifragkis, 2022; Kalfa et Theodosis, 2022).
Cependant, la question du logement est une question d’ordre quantitatif (Allweil, 2022), Identifier les modèles de l’activité d’un spectre de « producteurs », mais aussi de l’évolution spatiale des phénomènes de développement immobilier tel que l’immeuble à appartements de la contre-prestation, n’est possible que par le biais de données quantitatives, macro-historiques. Dans ce sens, les enregistrements multi-aspects réalisés par les Groupes d’histoire orale qui travaillent à partir du quartier ou de la ville, narrent une histoire plus complète, collective et venant du bas [history from below] des mécanismes complexes de l’urbanisation. En outre, d’autres outils, éprouvés dans l’étude historique de « l’architecture anonyme », tels que les analyses typologiques, ont enrichi notre savoir dans ce domaine (Paschou, 2008; Woditsch 2018).
Des approches plus récentes, qui exploitent des quantités importantes de données ainsi que leur analyse et leur cartographie à l’aide d’outils de géo-informatique (GIS), offrent des perspectives nouvelles et précieuses quant à l’interprétation des transformations spatiales, socio-économiques mais aussi typologiques de masse. La recherche originale que nous présentons ici est un premier échantillon des nombreuses possibilités qui résultent du géocodage et de l’analyse d’une quantité relativement importante de données qui portent sur les immeubles à appartements d’Athènes de l’après-guerre.
Sources et prémisses
La principale source de cette entreprise de recherche fut les « permis approuvés de construction d’immeubles » publiés dans les journaux économiques Naftemporiki et Express. La recherche étudia et exploita les données des permis portant sur l’activité du bâtiment publiés dans ces deux journaux et liés au Bureau de l’urbanisme d’Athènes et de la Banlieue, pour les années 1955, 1960, 1965 et 1970 [1] .
Photo 1 & 2: Vue panoramique d’Athènes en 1969
Source: La numérisation du négatif (film) a été réalisée par Babis Louizidis à la Documentation de l’École d’Architecture, NTUA. Reproduit avec la permission de Maria Romanos
Bien que le choix des années concernées soit fondamentalement arbitraire – résultant du constat que les premières archives les plus complètes apparaissent en 1955, et compte tenu du fait que le quinquennat est une distance temporelle suffisante pour enregistrer les continuités et les ruptures – il est à relever que toutes les années présentent une croissance relative de la production d’immeubles à appartements (Figures 1 & 2)
Figure 1: Nouveaux immeubles à appartements – polikatoikia– par an (à Athènes, Banlieue et Pirée)
Sources: Analyse combinée des données issues de : a. Annuaires ELSTAT ; b. dépouillement des journaux Naftemporiki et Express ; c. Service statistique du Ministère des travaux publics ; d. Journal To Vima, 5/9/1963).
Figure 2: Taux des immeubles à appartements –polikatoikia– sur le total des immeubles construites
Sources: Analyse combinée des données issues de : a. Annuaires ELSTAT ; b. dépouillement des journaux Naftemporiki et Express ; c. Service statistique du Ministère des travaux publics ; d. Journal To Vima, 5/9/1963).
Sur le nombre total de 2 741 permis de construction d’immeubles à appartements qui furent publiés au cours de ces quatre années, 2 712 purent être cartographiés. Nous avons enregistré leur date de publication (réalisée un ou quelques jours après la délivrance du permis concerné), le nom indiqué sur le permis (qui concerne soit le(s) propriétaire(s) qui attribue le projet ou le(s) constructeur(s)), l’adresse, et les noms des architectes ou des ingénieurs civils qui signent les permis. Ensuite, les ingénieurs signataires ont été identifiés dans les archives de la Chambre Technique de Grèce et nous en avons également enregistré la spécialité (ingénieur civil / architecte) ainsi que l’année d’obtention de leur licence professionnelle. Les éléments concernant le coût et le volume de l’immeuble ne sont pas toujours inclus dans les permis publiés, c’est pourquoi ils n’ont pas été pris en compte.
Au cours de cette recherche, nous avons posé une série de prémisses. En premier lieu, nous avons estimé que les éventuelles lacunes et/ou omissions présentées par les permis publiés sont aléatoires et, par conséquent, n’altèrent pas les conclusions susceptibles d’être tirées concernant les tendances à l’expansion, le profil des entreprises de construction, etc. Deuxièmement, lors de l’examen macroscopique de l’expansion des immeubles à appartements (à l’échelle du bassin de l’Attique, à l’exception du Pirée), nous avons estimé qu’il n’était pas nécessaire de marquer de manière distincte les inscriptions concernant les immeubles dont l’emplacement précis n’était pas connu. Dans les cas où il n’est pas indiqué de numéro de rue (507 cas, soit, près de 18,7 % de l’ensemble des inscriptions cartographiées), l’emplacement a été déterminé de façon arbitraire au milieu de la rue concernée, à moins qu’il n’y ait une autre indication de l’emplacement (p.ex., « fin (de la rue) Patission »). Pour les 26 cas (0,96 % du total) dont seule la région était connue (p.ex., ‘Lyssiatrio’), l’emplacement a été déterminé par estimation, dans la région concernée (p.ex., sur une des rues principales). Les quelques modifications d’appellations de rues qui ont eu lieu depuis 1955 à nos jours ont été prises en compte en recoupant les données de sources bibliographiques et d’informations publiées sur Internet par des initiatives de citoyens ou différentes autorités municipales [2].
Troisièmement, nous présumons que la cartographie des données issues des « permis approuvés » peut rendre assez bien l’évolution réelle de l’environnement bâti, en dépit du fait que certains des permis en question peuvent ne pas avoir été suivis de la construction effective de l’immeuble concerné. Nous estimons que, comme proposent les annuaires d’ELSTAT, « le (nombre) des constructions effectives ne s’écarte pas (de celui) des permis délivrés » (Service statistique national de Grèce 1954, 92). En outre, ainsi qu’il apparaît sur la Carte 1, la répartition géographique des immeubles à appartements que nous avons enregistrés correspond aux plans de l’Étude Doxiadis, en 1973, pour le Plan et Programme d’aménagement de la Région Capitale (Γραφείο Δοξιάδη, 1976).
Carte 1: La polykatoikia fonctionne comme le type de logement prédominant pour la classe moyenne de l’époque
Source: Organisme Doxiadis (Γραφείο Δοξιάδη, 1976); Réélaboration par K. Kalfa
Enfin, nous avons formulé des hypothèses quant aux mécanismes de production et aux modes de financement des divers immeubles à appartements, en effectuant des recherches dans d’autres secteurs, étant donné que les archives des « permis approuvés » ne permettaient pas de tirer de conclusions claires. En effet, en recoupant les données issues des archives produites avec les témoignages oraux recueillis, d’une part, et la recherche menée sur les petites annonces et les publicités d’entreprises de construction de la période, d’autre part, il a été possible de classer les inscriptions en « probablement oui » (contre-prestation) et « inconnu »[3].
Répartition géographique: constatations de base
L’expansion des immeubles à appartements dans le tissu urbain d’Athènes de l’après-guerre suivit les tendances déjà esquissées lors de la première apparition de ce type de bâtiments, dans la période 1925-1941. En particulier, l’augmentation de la densité dans des régions centrales et à forte demande et, plus précisément, dans l’arc indiqué par Manolis Marmaras concernant la répartition géographique des immeubles à appartements urbains de l’entre-deux-guerres, délimité par les rues Vassileos Konstantinou – Vassilissis Sofias – Panepistimiou – Patission (Μαρμαρας, 1991:113), reflétait mais aussi intensifiait la division spatio-sociale d’Athènes, déjà établie dès la seconde moitié du 19ème siècle entre quartiers est et ouest, séparés par l’axe virtuel rue Aiolou – rue Patission (Καρύδης, 2015) (Carte 2a)
Carte 2a: Distribution spatiale de tous les permis de construire d’immeubles à appartements à Athènes et sa banlieue (1955, 1960, 1965, 1970)
Source: journaux Naftemporiki et Express
En effet, contrairement au développement étendu à l’est, le développement, à l’ouest, demeura dans une large mesure limité à l’axe de l’avenue Acharnon, jusqu’à 1965, lorsqu’apparut une expansion linéaire des immeubles à appartements le long de la rue Liossion (Map 2b).
Carte 2b: Distribution spatiale de tous les permis de construire d’immeubles à appartements dans la municipalité d’Athènes (1955, 1960, 1965, 1970)
Source: journaux Naftemporiki et Express journals
Les cartes ont également permis de relever que le développement du secteur des immeubles à appartements est orienté non pas uniquement par les initiatives des divers petits propriétaires de terre et des petites entreprises de construction sur le marché libre, comme l’on pourrait s’y attendre, mais aussi par les initiatives de l’État, sur la base des tendances inégales précitées en matière de développement qui, de toute évidence, ont déterminé les prix des terrains dans la ville (Cartes 3 & 4). De manière caractéristique, le positionnement stratégique du Hilton International d’Athènes et de l’ambassade américaine sur l’avenue Vassilissis Sofias à la fin des années 1950 et au début des années 1960 a déclenché le développement de bâtiments polykatoikia dans les zones voisines, car les deux bâtiments fonctionnaient comme des symboles de la culture consumériste américaine et du nouveau normes de logement pour la classe moyenne du pays (Wharton, 2004). Ces développements ont mis fin aux politiques de logement social dans la région, telles que la fourniture prévue d’un terrain appartenant au gouvernement sur Ravineh Str (Hilton) pour loger quarante familles de fonctionnaires sans abri, exploité illégalement par des particuliers, dont le secrétaire adjoint de l’État. État pour le logement, Emmanouil Kefalogiannis—, en 1959, à travers le mécanisme antiparochi (Makedonia, 1961).
Carte 3: Carte des prix des terrains pour 1952
Source: Ministère des travaux publics, Plan urbain d’Athènes, 1965
Carte 4: Carte des prix des terrains pour 1964
Source: Ministère des travaux publics, Plan urbain d’Athènes, 1965
Dans l’après-guerre, le développement demeura, en règle général, linéaire le long des avenues principales ou des rues importantes, où l’accès et la visibilité augmentait la demande d’une exploitation plus intensive de la terre mais aussi là où le développement fut défini par la législation en vigueur (notamment, GOK (Règlement général du bâtiment) 1955 et décret royal 30-08-1955 « relatif aux termes de construction à Athènes », Journal officiel de la République hellénique n° 249/Α/1955) sur la base de laquelle, la largeur plus importante d’une rue permettait de construire des immeubles de plus grande hauteur sur la ligne de construction. L’expansion et la domination des immeubles à appartements vers le Sud est caractéristique pour expliquer comment l’avenue Syggrou – dont le tracé fut réalisé à la fin du 19ème siècle, unissant Athènes avec les lieux de villégiature de la classe bourgeoise supérieure, tels que Faliro (Palaio et Néo) – « guida » le développement des immeubles à appartements dans les quartiers voisins : partant du quartier de Makriyanni (signalé par Marmaras comme zone de concentration d’immeubles à appartements dans l’entre-deux-guerres, 1991, 126), le développement se poursuit vers Koukaki, Kynosargous, Néos Kosmos et se dirige vers le Sud en suivant l’axe de l’avenue sur Néa Smyrni, Kallithéa, Tzitzifiès. L’ « immeuble-à-appartementalisation » intensive de Kallithéa en 1965 (jusqu’aux rues Bouboulinas et Perikleous, au Sud, c’est-à-dire, les zones d’Agia Eleoussa et Revelaki), et de Néa Smyrni, en 1970, reflètent cette dynamique du développement linéaire. Toutefois, cette dynamique fut renforcée par une série de communications en matière de développement et de politiques spatiales officielles, telles que les déclarations « mort aux cabanes » et l’expulsion des habitants des quartiers de réfugiés (Myofa & Papadias, 2016; Λεοντίδου, 2017; carte 1)—, ou en matière d’augmentation globale des coefficients d’occupation du sol (qui apparaissent également dans le plan urbain de 1965, Sarigiannis 2010) mais aussi plus tard, divers plans de développement et d’aménagement [4].
Les décisions prises au niveau des municipalités locales régulaient également le marché de manière discrète mais ferme. I
Il est intéressant de relever à ce propos que les recherches que nous avons menées auprès du service de l’urbanisme de Kallithéa révélèrent que, alors que le décret en vigueur (décret royal « relatif à la hauteur maximale des édifices et au coefficient maximal d’occupation des terrains dans une partie du bassin de l’Attique », Journal officiel de la République hellénique 86Δ/24-6-1960) fixe le nombre maximum des étage à celui de quatre, on trouve des permis (datant de 1964 mais aussi de 1965) délivrés pour des immeubles à 5 étages. De plus, un de ces permis porte la mention « (immeuble) à 5 étages avec prévision d’étage (supplémentaire). » Bien qu’il ne fut pas possible de détecter la décision autorisant de tels aménagements, les résultats suggèrent que les initiatives spéculatives privées dans le domaine des immeubles à appartements pouvaient se concentrer uniquement dans des zones présentant des conditions favorables au développement, auxquelles elles emboitaient le pas, en même temps, déterminaient.
En ce qui concerne la répartition des immeubles à appartements dont nous estimons qu’ils furent érigés selon le système de la contre-prestation, nous constatons qu’il n’existe pas de différences qui donneraient lieu à des « zones de contre-prestation » clairement délimitées – à l’exception d’une petite différenciation, principalement lors des premières années, surtout dans les zones principales de la classe moyenne, telles que la Place Amerikis, Kypseli, Patissia et Ampelokipi, où la contre-prestation semble avoir connu un essor plus important que dans les zones urbaines telles que les quartiers de Makriyanni, Kolonaki et l’avenue Kifissias (Cartes 5a, 5b, 5c et Tableau 1). Ces cartographies opèrent, par conséquent, comme une visualisation claire du succès de l’ensemble du système de la contre-prestation qui ne rencontra pas d’obstacles significatifs dans l’accès aux transactions foncières, en aucun point commercial de la ville.
Carte 5a: Immeubles à appartements probablement érigés par le biais du système de la contre-prestation et cas non confirmés dans la municipalité d’Athènes (1955, 1960, 1965, 1970)
Source: journaux Naftemporiki et Express
Map 5b: Immeubles à appartements probablement érigés par le biais du système de la contre-prestation (à droite) et cas non confirmés (à gauche) dans la Municipalité d’Athènes (1955, 1960, 1965, 1970)
Source: journaux Naftemporiki et Express
Map 5c: Immeubles à appartements -polikatoikia- probablement érigés par le biais du système de la contre-prestation (à droite) et cas non confirmés (à gauche) à Athènes et sa banlieue (1955, 1960, 1965, 1970)
Source: journaux Naftemporiki et Express journals
Tableau 1: Immeubles à appartements -polikatoikia- probablement érigés par le biais du système de la contre-prestation (plus de 10 permits) par quartier
Sources: Analyse combinée des données issues de : a. Annuaires ELSTAT ; b. dépouillement des journaux Naftemporiki et Express ; c. Service statistique du Ministère des travaux publics ; d. Journal To Vima, 5/9/1963)
Les principaux « acteurs »
L’archive qui a résulté permet de dégager des conclusions supplémentaires, autres que celles concernant la répartition géographique des immeubles. Elle nous permet de connaître les principaux « acteurs » du marché athénien des immeubles à appartement, par année (comme un instantané), mais aussi de leur activité au fil du temps. En isolant en particulier les inscriptions concernant les immeubles à appartements dont il est probable qu’ils furent érigés par contre-prestation (1 215 permis, sur l’ensemble de 2 712 immeubles cartographiés, soit 44,8 %), on constate que les permis afférents furent délivrés par 940 entreprises/constructeurs. Il en résulte un produit moyen d’1,3 immeuble à appartements par constructeur, tandis que cette moyenne ne dépassa pas 1,27 par an. Ces données indiquent que, sur 15 ans, il ne semble pas se développer quelque concentration dans le secteur, ce qui confirme l’impression qui existait déjà à ce sujet [5].
Il fut également constaté que, parmi les 940 entreprises de construction par contre-prestation, 194 étaient plus actives (2 à 5 permis au fil du temps, à l’exception de l’OE Semitelos S., Zisiadis A. et Cie, avec 6 permis, et Frères Bougiouris, avec 7 permis entre 1955 et 1970), produisant 18,4% du produit total (499 sur les 2 712 permis cartographiés). Par an, le taux des entreprises actives sur l’ensemble des entreprises, dans des contre-prestations probables, n’était pas supérieur à 23,31 % (taux de 1960) et le produit de ces entreprises n’était pas supérieur à 18,16 % (1960) sur l’ensemble des permis délivrés dans l’année concernée (contre-prestations probables et non). Le taux présente une image de stabilisation quant à la participation de plusieurs « acteurs » dont la production est minimale (1 permis) à partir de 1965 (Figure 3).
Figure 3: Entreprises opérant selon la contre-prestation et produit réalisé
Sources: Analyse combinée des données issues de : a. Annuaires ELSTAT ; b. dépouillement des journaux Naftemporiki et Express ; c. Service statistique du Ministère des travaux publics ; d. Journal To Vima, 5/9/1963)
En ce qui concerne l’expérience de ces entreprises, leur présence constante et stable au fil du temps est particulièrement rare. En effet, prédomine le modèle de la fragmentation. Seules 5 parmi les 194 entreprises apparaissent comme opérant au cours de quatre ou trois de ces années. Encore moins nombreuses sont les entreprises établies longtemps avant la production de leurs immeubles à appartements, telles que Frères N. et I. Bougiouris (avec 7 permis au total) et Techniki Omorrythmos Etairia (société en nom collectif) V. et Tz. Chaniotis – K. Kathreptis (avec 4 permis), qui sont également identifiées dans de petites annonces dès les années 1930 ainsi que dans les listes pertinentes de l’après-guerre établies par M. Marmaras [6]. Toutefois, comme précité, la règle pour l’entreprise moyenne est plutôt celle d’un développement circonstanciel et occasionnel
En résumant les éléments ci-dessus, on peut conclure que, à tout le moins pour ce qui concerne la période étudiée, la production et le profit du bâtiment, tel qu’aménagé par le système de la contre-prestation, furent répartis entre plusieurs entreprises, tandis que l’échelle de production par entreprise est nettement inférieure à celle des grands projets d’investissement que l’on trouve, à la même époque, en Europe et ailleurs [7].
Une ‘architecture’ sans architectes ?
Il serait également intéressant d’aborder en particulier la question de la formation professionnelle des constructeurs les plus actifs dans le domaine de la contre-prestation. Il est révélateur qu’une partie importante (près d’un tiers) ont au moins un actionnaire ingénieur diplômé universitaire (dont la majorité sont des ingénieurs civils, pour les 5/6 d’entre eux), signant le permis [8]. Il est encore plus intéressant de constater que, pour ce qui est de la signature des permis, le rapport entre signature d’architecte et total de permis est le même dans les contre-prestations probables et dans le total des permis cartographiés (dans les deux cas, près d’un quart du nombre total des permis porte la signature d’un architecte [9]. Il en va de même pour ce qui est du nombre absolu d’ingénieurs (et non pas de signatures de permis), où le rapport entre ingénieurs et architectes est le même dans le total des permis cartographiés et dans celui des permis probables d’immeubles à appartements érigés par contre-prestation (=3) [10].
Ces rapports montrent que, premièrement, les architectes et les ingénieurs occupaient une part substantielle, bien que non majoritaire, d’un secteur où l’on considère souvent que prédominaient les entrepreneurs non formés et, deuxièmement, que la prétendue prédominance des ingénieurs civils par rapport aux architectes, dans le secteur des immeubles à appartements est une idée qui relèverait d’un malentendu. En réalité, les ingénieurs civils étaient, de toute façon, en nombre supérieur par rapport à celui des architectes, dans la période 1945-1970 [11]. Here, it is important to highlight that by referring to the ‘involvement’ of both architects and civil engineers, we are solely considering their signatures on the plans and other necessary documents for the issuance of the permits. In other words, we cannot account for the actual level of participation in conceiving these plans or, even more significantly, overseeing the construction process. According to Georgios Sarigiannis, in his unpublished account of the experiences of civil engineer Marinos Sarigiannis during his tenure as the head of the Structural Control Department at the Urban Planning Office of Athens and Suburbs, in the 1950s-1960s, there were instances where contractors or builders would ‘rent the professional stamp and signature of an NTUA graduate who had neither seen the plans nor knew the location of the construction» [12].
La « productivité » (c’est-à-dire le nombre de permis polykatoikia qu’ils ont signés) des deux architectes les plus actifs par rapport aux deux ingénieurs civils les plus actifs est presque identique (les deux meilleurs architectes ont signé vingt et dix-sept permis, tandis que les deux premiers ingénieurs civils ont signé signé vingt-sept et dix-sept permis) [13]. Par conséquent, la participation des architectes au processus de délivrance des permis n’est pas inférieure à celle des ingénieurs civils. Il n’existe pas non plus de modèle géographique de domination, à l’exception d’une légère différenciation en 1955, où les ingénieurs civils (relativement plus jeunes) semblent avoir eu une présence dominante dans la partie ouest de la ville, principalement sur l’avenue Acharnon, par rapport à des quartiers comme Kolonaki, où les architectes plus expérimentés prédominaient dans la signature des permis pour les immeubles à appartements (Cartes 6a και 6b).
Carte 6a: Distribution spatiale des permis de construire d’immeubles à appartements en fonction de la spécialisation du signataire (architecte ou ingénieur civil) dans la Municipalité d’Athens (1955, 1960, 1965, 1970)
Source: Journaux Naftemporiki et Express
Carte 6b: Distribution spatiale des permis de construire d’immeubles à appartements en fonction de la spécialisation du signataire (architecte ou ingénieur civil) à Athènes et sa banlieu (1955, 1960, 1965, 1970)
Source: Journaux Naftemporiki et Express
Concernant l’expérience tant des architectes que des ingénieurs civils, il convient de noter, entre parenthèses, qu’à travers toutes les années étudiées, il semble y avoir une division géographique distincte entre deux groupes d’ingénieurs : les « expérimentés », qui ont obtenu leur licence professionnelle il y a 25 ans ou plus, et les « inexpérimentés », qui ont obtenu leur permis au cours de la dernière décennie. Cette distinction se fait en considérant chaque année étudiée et en comptant à rebours dans le temps. Plus précisément, il apparaît que les ingénieurs expérimentés ont systématiquement l’avantage lorsqu’il s’agit de délivrer des permis pour des immeubles d’habitation dans les quartiers les plus prestigieux de la ville (comme Kolonaki, Syntagma, ou le long des avenues Patission, Syggrou, Panormou, etc.), tandis que la majorité des ingénieurs les moins expérimentés sont actifs dans les quartiers périphériques et dans les rues moins centrales – même s’ils ne sont pas nécessairement exclus des quartiers et des rues centraux. Par conséquent, il devient clair que la prolifération des bâtiments polykatoikia a été systématiquement dirigée par de jeunes ingénieurs inexpérimentés, qui se trouvent également être la main-d’œuvre à petit budget – un critère crucial pour toute entreprise de construction dans ce secteur. (Map 7).
Carte 7 : Répartition géographique des permis de construire en fonction des années d’expérience de l’ingénieur qui les a signés (1955, 1960, 1965, 1970)
Source: Naftemporiki and Express journals
Par conséquent, bien qu’il devait exister une certaine différenciation sociale entre un petit nombre d’architectes reconnus (qui, en règle générale, n’opéraient pas par contre-prestation) et les autres, les architectes jouèrent un rôle important, pourrions-nous dire équivalent, à celui des ingénieurs civils dans le « milieu de la profession » des immeubles à appartements, en général, et des immeubles à appartements érigés par contre-prestation, en particulier [14]. Ces constatations enrichissent l’histoire aussi bien du phénomène des immeubles à appartements athéniens et celle de l’urbanisation particulière qu’il entraîna – que l’on considère le plus fréquemment comme un phénomène « spontané », venant « du bas », « conçu par des non-architectes et des non-ingénieurs » (comme suggèrent d’éminents chercheurs, tel que Kenneth Frampton; Frampton in Theocharopoulou, 2022:7)—, que l’histoire de la profession d’architecte, en Grèce. Elles nous permettent de mieux comprendre le prétendu ‘échec’ de l’architecture grecque à marquer de son empreinte l’environnement construit du pays. Ainsi que cela fut discuté à d’autres occasions (Kalfa 2022 ; Kalfa et Theodosis, 2022), le succès de la contre-prestation dépendait de critères précis qui ont fait de l’immeuble à appartements un bâtiment de type usuel, soumettant toute ‘volonté’ d’architecture aux règles d’un marché particulier, alors que, au même moment, elle permettait aux techniciens grecs de jouir de l’avantage qu’il y avait à tirer profit de l’explosion du secteur du bâtiment dans le pays.
« Entrepreneurs de région » et autres stratégies
La répartition géographique de la production de chaque société de construction confirme le fait que le marché athénien de l’immobilier, aménagé par la contre-prestation, fut le terrain où se développèrent plusieurs stratégies, souvent déviantes. Bien que nous n’ayons pas encore procédé à l’étude quantitative qui nous permettrait de conclure avec certitude si le modèle dominant consiste en ce que le produit des entreprises de construction couvre l’étendue totale de la répartition des immeubles à appartements sur une année donnée ou si les entrepreneurs/constructeurs opéraient localement, comme ‘entrepreneurs régionaux’ (c’est-à-dire, actifs dans des quartiers précis, grâce aux réseaux de connaissances personnelles, utilisant souvent les cafés de quartier comme bureau, comme l’explique Maria Mantouvalou, in Alifragkis and Kalfa, 2021), nous sommes certains que les deux modèles opéraient. Ainsi, les deux entreprises florissantes que nous avons mentionnées plus haut, Frères N. et I. Bougiouris et Société technique en commandite V. et Tz. Chaniotis – K. Kathreptis, opérèrent comme « entrepreneurs régionaux » : entre 1931 et 1970, la répartition géographique des immeubles à appartements de ces deux entreprises fut limitée entre les places Omonoia et Koliatsou (Evg. Karavia), sur l’axe Nord-Sud, et entre la place Karaïskaki (métro Metaxourgeio) et la place Kanari (place Kypselis), sur l’axe Est-Ouest [15]. D’autre part, des entrepreneurs particulièrement réussis ont produit sur un spectre géographique dont la largeur est remarquable, s’étendant de Maroussi, au centre, à Kallithéa, Kalamaki et Palaio Faliro. Dimosthénis Kakkavas en est un exemple caractéristique, qui devint un célèbre constructeur d’immeubles à appartements selon le système de la contre-prestation [16].
En étudiant les entreprises Kakkavas, en comparaison avec une autre entreprise aussi réussie, de la même période, l’entreprise de construction et de l’immobilier Chaïmalas-Glynos [également cité ‘Glinos’], il est possible de tirer certaines premières, mais intéressantes, conclusions [17]. Notons que ni Kakkavas, ni Chaïmalas & Glynos sont identifiés dans les registres de la Chambre Technique de Grèce et, par conséquent, nous en concluons qu’ils n’étaient pas ingénieurs diplômés universitaires. Concernant Kakkavas, vingt immeubles à appartements sont enregistrés entre 1965 et 1971, répartis selon les modèles de répartition observés dans les cartographies, tandis que, concernant la société Chaïmalas-Glynos, on observe qu’elle est active dans une zone précise (Patissia-Kypseli-Agios Eleftherios) (Carte 8) [18].
Carte 8: Répartition géographique des immeubles à appartements des entreprises Dimosthenis Kakkavas et Chaïmalas-Glynos
Sources: Journaux Naftemporiki et Express
En axant l’analyse sur les immeubles à appartements de la période 1965-1970, on n’observe pas de différences typo-morphologiques reconnaissables entre les deux entreprises – à l’exception du fait que les immeubles à appartements de Chaïmalas-Glynos sont, en règle générale, d’un volume plus réduit. Une fois de plus, nous sommes amenés à conclure que l’immeuble à appartements, en tant que type d’édifice, est aménagé non pas tellement par les préférences stylistiques individuelles mais plutôt par les « lois » de la spéculation, même si ces dernières s’inscrivent dans les tendances, les goûts et les règlements en vigueur (GOK – Règlement général du bâtiment) de chaque période (en l’occurrence : l’étage supérieur, dénomme « retiré », la technique de « l’artificiel » utilisée concernant les enduits, couleurs dans les nuances du beige et de l’ocre, balcons habituellement réalisés en continu et dont le garde-fou est composé d’un simple série de barreaux métalliques, parois de séparation en verre, pour délimiter les balcons des appartements individuels, et pare-soleil en tissu de couleur unie – vert, bleu ou orange).
Note de conclusion
Le travail ingrat et incroyablement pénible de la collecte de permis de construire d’immeubles à appartements commerciaux anonymes semble être un travail accessoire, situé hors des méthodes traditionnelles ou innovantes de l’architecture et de l’histoire urbaine. Cependant, la cartographie de ces données promet de réaliser des ruptures dans la façon dont on comprend l’architecture en tant que pratique culturelle. Ainsi que le nous signalions au début, cette publication ne présente qu’un premier ensemble de conclusions qui révèlent, dans une certaine mesure, à tout le moins, le caractère « anonyme » de l’Athènes contemporaine, « immeuble-à-appartementalisée ». De nouveaux outils informatiques pourraient permettre d’analyser les traits architecturaux sur de grandes quantités de données et « reconnaître » les principaux facteurs et acteurs – propriété, cadre légal, politiques spatiales, initiatives entrepreneuriales, marché foncier, etc. Dans l’ensemble, en faisant la lumière sur les liens entre pratiques « spontanées » en matière de logement et d’urbanisme, d’économie politique et de décisions prises au niveau central, la présente entreprise peut soulever des questions qui ne se limitent pas à Athènes mais concernent également tout environnement où le logement et la production de l’environnement bâti n’étaient pas le produit de mécanismes centraux ou ne furent pas soutenus par l’État providence. Elles seraient également susceptibles de proposer des perspectives utiles dans l’examen de l’histoire de la planification organisée (Kalfa, Alifragkis και Tournikiotis, 2022).
Remerciements
Une partie de la recherche présentée ici fut réalisée dans le cadre du projet triennal de recherche ARCHIPAROCHI (Chargée scientifique : Κ. Kalfa), financé par l’ELIDEK (Institut Grec pour la Recherche et l’Innovation) et le GGET (Secrétariat général à la Recherche et la Technologie (contrat n° 1693). Nous souhaiterions remercier chaleureusement MM. Kyriakos Glezakos et Georgios Sariyannis pour les précieuses informations qu’ils partagèrent avec nous lors d’entretiens portant sur la question. Nous remercions également M. Thomas Maloutas pour nous avoir incités à publier le présent travail, ainsi que M. Stavros Nikiforos Spyrellis pour sa collaboration, les précieux conseils et l’assistance technique qu’il nous a offerts.
[1] L’enregistrement/interprétation des données a été effectué par Konstantina Kalfa. Le géocodage a été effectué par Eleni Gadolou.
[2] P.ex., https://www.alimosonline.gr/αναμνήσεις/30027-Λίστα%20οδών%20και%20πλατειών%20που%20άλλαξαν%20στο%20παρελθόν%20ονομασία%20στον%20Άλιμο-1.
[3] Les entretiens ont été effectués selon les méthodes de l’histoire orale par Konstantina et Stavros Alifragkis, entre février 2019 et février 2020 (une petite partie de ces entretiens a été présentée dans le court-métrage documentaire ‘Antiparochi – A Short Introduction,’ https://www.youtube.com/watch?v=dvjFiopD9wA). La recherche parmi les petites annonces et les publicités a été effectuée par Aimilia Athanassiou dans le cadre du programme de recherche ‘Η Αντιπαροχή και οι αρχιτέκτονες (της): Ιστορίες κοινωνικών δυνάμεων, χωρικών πολιτικών και του επαγγέλματος του αρχιτέκτονα στην Ελλάδα, 1929-74’ (La contre-prestation et (ses) architectes : histoires de forces sociales, de politiques spatiales et de la profession d’architecte en Grèce, 1927-74) (ARCHIPAROCHI 2018-2022) (Chargée scientifique : Konstantina Kalfa).
[4] par exemple, «Σε κοσμοπολιτικό κέντρο θα μεταβληθή η Φαληρική ακτή» (La côte de Faliron sera transformée en centre cosmopolite), To Vima, jeudi 9 février 1967, p. 4 ; «Η μεγαλύτερη ελληνική πλατεία στη Ν.Σμύρνη» (La plus grande place grecque à Néa Smyrni), To Vima, dimanche 19 janvier 1969, p. 4 ; «Εις την Ν.Σμύρνη αυξάνονται οι όροφοι κατ’ έναν εις όλας τα περιπτώσεις» (A Néa Smyrni, un étage supplémentaire est ajouté dans tous les cas), To Vima, mardi 14 juillet 1970, p. 8.
[5] Par an : 1,17 immeuble à appartements/entrepreneur en 1955, 1,27 immeuble à appartements/entrepreneur en 1960, 1,2 immeuble à appartements/entrepreneur en 1965, 1,19 immeuble à appartements/entrepreneur en 1970. Également : Entretien avec l’économiste Ilias Katsikas, dans le cadre du programme ARCHIPAROCHI, février 2019.
[6] Ν. et Ι. Bougiouris ont réalisé deux immeubles à appartements (en 1935 et 1937) et V. Chaniotis en a réalisé quatre (1931, 1939, 1940, 1941). Il est à relever que, suite à un contrôle par échantillonnage aléatoire des petites annonces « demande de contre-prestation », nous avons identifié la société Chaniotis-Kathreptis dans 5 petites annonces de 1964 (Eleftheria des 5, 10 et 14 mars et To Vima du 5 juillet et du 15 août) à la recherche de terrains dans les régions de Patissia, Kypseli, Acharnon, pour y bâtir selon le système de la contre-prestation
[7]Signalons, afin d’étayer cela, que, pour la période allant de 1945 à 1975, un contrôle par échantillonnage aléatoire effectué dans la presse (petites annonces et publicités) nous a permis d’identifier seize entreprises supplémentaires actives dans la construction d’immeubles à appartements qui n’avaient pas été identifiées parmi les permis des années considérées. (Certaines de ces entreprises présentaient une activité remarquable, telle que l’Organisme de développement et de crédit Mich. Papaïlias – Chr. Moschandréas et Cie ou les Entreprises de développement Georgiou Sakketou).
[8] Parmi les autres entrepreneurs, il n’est pas possible de tirer de conclusions concernant 9 d’entre elles étant donné que la dénomination de la société ne contient pas de nom-prénom (p.ex. ESTIA OE).
[9]Sur l’ensemble des permis cartographiés, 156 portent la signature d’ « ingénieurs » qu’il n’a pas été possible d’identifier dans les registres de la Chambre Technique de Grèce
[10] Les 2 712 permis cartographiés sont signés par 1 334 ingénieurs (architectes et ingénieurs civils), au total. Relevons également que le rapport entre le nombre total d’ingénieurs de tous les permis et celui des ingénieurs signant les permis probables d’immeubles à appartements érigés par contre-prestation est le même pour les architectes et les ingénieurs (=1,9).
[11] Jusqu’à 1967 inclus, les étudiants en génie civil représentent 1/3 de l’ensemble des étudiants des Facultés de l’Université technique d’Athènes. V. http://www.civil.ntua.gr/info/history/ et Σαρηγιάννης, 1977: 64-91.
[12] Nous remercions Georgios Sarigiannis de nous avoir aimablement autorisé à publier cette information
[13] Le deuxième ingénieur civil le plus actif, Charalampos Vovos (né en 1934, diplômé en 1957), avec 12 permis probables en contre-prestation, est l’entrepreneur connu de la société « Babis Vovos Elliniki Touristiki S.A. » (1974) qui, au mois d’août 1999, changea de dénomination en « Babis Vovos – Diethnis Techniki (société technique internationale) S.A. » (http://www.babisvovos.gr/home.asp?pg=glance, https://el.wikipedia.org/wiki/Μπάμπης_Βωβός).
[14] Qui plus est, de récentes recherches ont révélé que même des architectes connus, tels Konstantinos Doxiadis et Suzanna et Dimitris Antonakakis, étaient profondément impliqués, pour des raisons et selon des modalités diverses, dans la construction d’immeubles à appartements par contre-prestation (Kalfa et Alifragkis 2022, Kalfa et Theodosis 2022). En outre, les permis de construire que nous avons examinés portaient, entre autres, la signature de quelques-uns des architectes les plus réputés de l’époque.
[15] Ainsi que l’on peut conclure suite à la recherche que nous avons effectuée sur les permis de construire et les petites annonces.
[16] Une anecdote caractéristique : l’entreprise Zygos A.T.E. (société technique anonyme) de l’Organisme Doxiadis, qui construisait des immeubles à appartements par contre-prestation, « espionna », début septembre 1970, les entreprises Kakkavas pour en apprendre les « secrets du succès » (Kalfa et Theodosis 2022).
[17]Le fait que Chaïmalas-Glynos opéraient par contre-prestation dans les régions de Kypseli, rues proches de Patission et Acharnon, est également confirmé par les petites annonces afférentes parues dans le journal To Vima (v. par exemple : 27 nombre 1964, 18 février 1965, 14 juin et 31 décembre 1967).
[18]Il est à noter que, pour étudier ces deux exemples, nous avons également recherché des données issues de petites annonces et de publicités des deux entreprises, en particulier dans les journaux To Vima, Makedonia, Oikonomikos Tachydromos, Eleftheros Kosmos.
Référence de la notice
Kalfa, K. (2024) Athènes « immeuble-à-appartementalisée », 1955-1970, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/athenes-immeuble-a-appartementalisee-1955-1970/ , DOI: 10.17902/20971.116
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
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