La restructuration du centre d’Athènes sur l’axe de la rue Panepistimiou
2015 | Déc
Le projet de « restructuration du centre d’Athènes sur l’axe de la rue Panepistimiou », baptisé « Repenser Athènes » (Re-think Athens), fait partie d’une planification beaucoup plus large du centre de la métropole, élaborée par l’État à l’initiative du ministère de l’Environnement et de l’Organisme du Plan directeur d’Athènes, dans le cadre du Plan régulateur 2021. Les objectifs principaux comprennent la redéfinition de la circulation des piétons et des véhicules au centre-ville, dans la perspective du renforcement fonctionnel et de la réhabilitation qualitative de l’espace public. Le projet s’appuie sur un programme consistant à détourner le trafic de transit du centre-ville, en renforçant simultanément les transports publics, mais aussi les accès en voiture lorsque la destination en est le centre-ville. De cette manière, la rue Panepistimiou s’intègre dans un anneau urbanistique et architectural conjuguant les points forts de l’activité culturelle et commerciale moderne avec la promenade dans les sites archéologiques et la visite des grands musées archéologiques.
L’intervention totale porte sur 3 km environ et redéfinit la circulation de la rue Dionysiou Areopagitou au Musée archéologique. Pour la rue Panepistimiou en particulier, on prolongera la ligne de tram depuis Syntagma jusqu’à l’extrémité de la rue Patision. Cette planification ne retient pas le concept de rue piétonne, mais prévoit une utilisation mixte des voies par les piétons, le tram, avec des pistes spéciales pour les taxis, les bus et autres véhicules de service, ainsi que par les cyclistes, grâce à une véloroute intégrée dans le nouveau réseau de la métropole. Redonner la priorité au piéton dans une avenue dévolue aux automobiles fait apparaître un nouveau visage de la centralité urbaine, qui peut redéfinir le concept de centre métropolitain, avec le concours de l’architecture de l’espace public, et donner un souffle au centre-ville, en agissant comme un catalyseur pour réorganiser globalement ses éléments contradictoires.
La planification de l’espace public a été réalisée par un concours d’architecture. Étant donné la crise économique, mais aussi en tenant compte de la nécessité pressante de l’ouvrage, l’État s’est adressé à la Fondation d’utilité publique Onassis, qui s’est chargée d’organiser le concours à des conditions précises et de financer toutes les études nécessaires, sous le contrôle des instances publiques compétentes. Ce concours, lancé en mai 2012, qui s’est achevé en février 2013, a récompensé à l’unanimité la proposition du bureau hollandais OKRA et Collaborateurs [1]. Les études définitives ont été achevées grâce à la participation de nombreux ingénieurs, principalement grecs [2]
Du point de vue architectural et urbanistique, la conception est simple, extrêmement fonctionnelle, avec une esthétique minimaliste ; elle intervient sur l’espace public en y faisant de la place pour les activités des citoyens tout en mettant en valeur l’architecture de la ville. Ce dernier point est l’une de ses caractéristiques les plus importantes, étant donné que le trajet de la rue Amalias aux rues Panepistimiou et Patision se caractérise par une succession de bâtiments historiques à l’architecture exceptionnelle qui doivent s’offrir au regard des citoyens d’une manière « naturelle ».
Les deux grandes places objets de l’intervention, la place Omonia et la place Dikeosynis, où seront aménagés des itinéraires et des lieux de détente avec des arbres et des plans d’eau, devraient constituer des points d’attraction et de rencontre. Omonia retrouve la forme carrée de son plan néoclassique. La place Dikeosynis sera mieux reliée à son environnement tout en mettant en valeur l’Imprimerie nationale de style néoclassique.
Contrairement aux places, qui sont des points de rencontre et de détente, la rue Panepistimiou sera un espace de mouvements parallèles. La priorité accordée au piéton est une condition pour redéfinir un espace urbain permettant un développement souple de nombreuses utilisations parallèles. C’est dans le même esprit qu’ont été repensés l’avenue Amalias, le tronçon de l’avenue Vasilisis Sofias de la rue Akadimias jusqu’à Syntagma et la rue Patision jusqu’au Musée archéologique. On y développera parallèlement de nombreuses zones vertes, c’est-à-dire des espaces avec végétation haute et basse, bancs, kiosques ou sièges avec tables, qui inviteront les passants à s’arrêter pour un petit ou un plus long moment.
Les surfaces de sol retouchées seront recouvertes de matériaux naturels. Les alignements d’arbres existants seront complétés par de nouveaux arbres et de nouvelles plantations, là où cela sera nécessaire, pour tracer des itinéraires et des aires de repos ombragés, selon la position du soleil. Les eaux de pluie seront collectées directement des rues et des terrasses des bâtiments pour être redistribuées lentement et régulièrement dans le sous-sol, assurant aux sols une irrigation naturelle et un refroidissement indirect de longue durée. L’eau en excès sera stockée, permettant ainsi l’irrigation et le lavage quotidien autonomes de l’espace public sans gaspiller l’eau potable. Le résultat final sera une intervention bioclimatique de pointe offrant un confort environnemental de façon naturelle. À cet effet, on a procédé à des études spécifiques qui ont pris en compte la circulation et les tourbillons du vent sur les places et dans les rues, la manière dont interagissent, positivement ou négativement, l’ombre des arbres, les plans d’eau et les façades en dur des bâtiments.
Les études de trafic ont montré que la circulation au centre d’Athènes se stabilisera à des niveaux meilleurs qu’aujourd’hui, y compris en bordure des zones touchées par l’intervention, grâce aux changements des conditions qui seront bien sûr particulièrement importants en son centre. Ces changements réduiront drastiquement la pollution atmosphérique, en donnant le la pour une nouvelle approche de l’espace urbain, axé sur la qualité de vie des gens. Dans tous les cas, cet effort a pour objectif l’environnement humain, qui n’est pas seulement naturel ou construit, mais aussi social, économique et multiculturel.
Ce dernier paramètre est tout aussi décisif pour le centre-ville et pour l’ensemble du Grand-Athènes. L’intérêt architectural et urbanistique n’est qu’une partie de l’intérêt pour la ville dans sa dimension sociale à multiples facettes. C’est pourquoi l’intervention métropolitaine qui a été symboliquement liée à la rue Panepistimiou a été conçue en même temps qu’un Plan d’intervention urbaine global, qui se développe parallèlement en s’assurant, à différents niveaux d’approche stratégique et d’application, des collaborations à grande et à petite échelle, une diffusion complémentaire de tous les résultats attendus.
[1] OKRA Architectes paysagistes en collaboration avec Mixst Urbanisme, Wageningen University (Département des Sciences environnementales, Groupe d’Architecture du paysage), STUDIO 75 et Werner Sobek Green Technologies.
[2] Étude de gestion du trafic : Attiko Metro et POLINDE Ingénieurs conseils. Étude statique et voirie : ΝΑΜΑ Ingénieurs conseils et études. Étude électromécanique : LDK Ingénieurs conseils. Étude d’impact environnemental : Enveco, en collaboration avec les universités de Salonique et de Thessalie. Étude de l’éclairage : Atelier Roland Jéol.
Abréviations des sources :
OKRA : Étude définitive de restructuration du centre d’Athènes sur l’axe de la rue Panepistimiou, OKRA Architectes paysagistes en collaboration avec STUDIO 75, Attiko Metro, ΝΑΜΑ, LDK, Enveco, Werner Sobek Green Technologies, Atelier Roland Jéol.
MHP : Tournikiotis, P. (dir. scient.) (2012) Changements de caractère et de politiques aux centres-villes d’Athènes et du Pirée, programme de recherche, Athènes, École polytechnique Metsovio-Ministère de l’Environnement et de l’Énergie (YPEKA).
Référence de la notice
Tournikiotis, P. (2015) La restructuration du centre d’Athènes sur l’axe de la rue Panepistimiou, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/regenerer-le-centre-ville/ , DOI: 10.17902/20971.23
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
Références
- Τουρνικιώτης Π (2012) Μεταλλασσόμενοι χαρακτήρες και πολιτικές στα κέντρα πόλης Αθήνας και Πειραιά. Αθήνα.