Jeunesse et politique : Tendances et engagement politique des jeunes avant la crise
2015 | Déc
Depuis les années 90 jusqu’à la crise, on observe systématiquement dans le cadre de la culture politique grecque une diminution de la confiance des citoyens envers le système politique et les institutions. On relève parallèlement un éloignement grandissant de la politique, notamment chez les jeunes, dans le sens de moins d’intérêt pour le politique et d’une participation effective moindre, aussi bien en comparaison des jeunes des périodes précédentes qu’en comparaison des autres tranches d’âge de la même période. Toutes les recherches de terrain de cette période donnent l’image d’une jeunesse grecque conforme à celle d’autres pays européens de la même génération, avant tout individualiste, moins préoccupée de questions sociopolitiques, moins intéressée et participant moins à des collectifs politiques. Parallèlement, un certain cynisme et un sentiment d’inanité quant à l’efficacité de leur intervention politique éventuelle semblent en augmentation. L’environnement sociopolitique et culturel au sens large a déterminé un « climat » de je-m’en-fichisme, les jeunes canalisant d’abord leur intérêt et leur dynamisme vers d’autres directions, en opposition claire avec la génération de leurs parents. La crise, facteur très important de (re)socialisation, a joué un rôle catalytique dans ce domaine également, comme nous le verrons. Toutefois, dès 2008, les événements de décembre avaient surpris, précisément parce qu’ils ne correspondaient pas au caractère collectif qu’on attribuait ordinairement aux jeunes dans la culture politique grecque de l’époque. Quelque chose avait déjà commencé à changer.
Jeunesse et génération politique
Bien que la jeunesse ne constitue pas une catégorie sociale unifiée, nous pouvons généraliser et parler des jeunes en tant qu’acteurs d’une action politique dans la mesure où il existe un facteur essentiel d’homogénéisation repérable dans ses expressions politiques. Facteur qui remonte au moment historique où cette tranche d’âge en tant que génération a traversé / traverse des phases importantes de socialisation, qui aboutissent à des similitudes importantes d’abord dans leur vision politique, mais aussi dans le comportement politique des individus composant une génération particulière [1]. De plus, en nous appuyant sur la théorie des représentations sociales (Moscovici 1984), nous admettons que les membres d’une même génération partagent des représentations communes du monde aussi du fait de leur construction en tant que génération par les médias. Cette communauté est extrêmement importante parce qu’elle constitue en groupe les membres appartenant à la même tranche d’âge, du moment qu’ils acquièrent des codes spécifiques de communication et des modes communs d’évaluation et de compréhension (Potter 2005, 205).
Les classes de jeunes successives des dernières décennies ont été socialisées au cours de leur enfance et de leur adolescence dans un environnement de défiance envers le politique et le collectif, dans une ambiance qui promouvait le repli sur soi et l’individualisme, et dans un cadre médiatique qui met en avant et favorise certains modèles de mode de vie et certains standards de socialité et d’implication politique. Cela se reflète systématiquement dans les pourcentages comparativement bas de participation politique des jeunes, phénomène qui ne concerne pas seulement la culture politique grecque, malgré ses particularités. Au niveau européen, ce changement de physionomie politique de l’électorat est amplement documenté, qu’on le relie à l’émergence, dans l’après-guerre, de modèles post-matérialistes, particulièrement répandus chez les jeunes (Inglehart 1977, 1997), ou qu’on les relie à la consolidation progressive de tendances postmodernes en rapport avec de nouvelles identifications au travers desquelles s’exprime la jeunesse actuelle (Gibbins 1989) du fait de la mondialisation et de la phase actuellement traversée par le développement du capitalisme. La tendance dominante est à la diminution de toutes les formes traditionnelles de participation politique, qui va de pair avec une diminution de l’identification à un parti ; on observe en même temps une diminution de l’importance du vote de classe ainsi que de la valeur explicative des choix idéologiques dans les prises de position électorales. Ces tendances sont en règle générale plus apparentes chez les plus jeunes, le « conflit des générations » devenant en définitive l’aiguillon principal des changements politiques (Hooghe 2004). D’où l’intérêt accru à étudier du point de vue d’un politologue la physionomie politique des jeunes.
Il convient par ailleurs de souligner que lorsque nous parlons de la relation « jeunesse et politique », nous entendons en définitive qu’il y a un impact de l’âge sur le comportement politique, en particulier sur la participation politique, phénomène largement documenté dans la recherche en sciences politiques. Il convient toutefois d’inclure dans notre problématique deux paramètres au moins de cette variable, qui constituent les dimensions sociologiques de l’âge et qui influent sur la définition du comportement politique : a) l’âge en tant qu’expression de la génération politique à laquelle appartient chaque sujet ; et b) l’âge en tant que position dans le « cycle de la vie », qui implique différents rôles (Παντελίδου Μαλούτα 2012). D’ordinaire (comme nous le faisons nous aussi ici) on se concentre sur la jeunesse du point de vue des influences qu’elle reçoit en tant que génération ; il convient toutefois de ne pas ignorer l’impact de la position dans le cycle de vie, qui diffère aussi bien selon les évolutions économiques de la société en question que selon la position de classe et le sexe des acteurs de l’action politique du même âge (par exemple, le chômage ramène beaucoup de jeunes au domicile des parents, créant des conditions qui influent sur la vision du monde, tandis que de façon générale, les filles quittent leurs familles plus tard que les garçons, etc.).
Il est en tout cas clair que les jeunes interviennent dans le processus politique quand ils se sentent concernés par les enjeux. La différenciation fondamentale d’une génération de jeunes à l’autre reste toujours la question de savoir ce qu’ils considèrent comme les intéressant eux. Il apparaît concrètement que si l’axe Gauche-Droite a construit le comportement électoral dans de nombreuses sociétés européennes jusque dans les années 90 (Van der Eijk, Franklin 1996), son importance a diminué par la suite, parallèlement à la diminution du vote de classe (Franklin et al. 1992). Cela est particulièrement évident chez les électeurs les plus jeunes. De la même façon, le développement de ce que l’on a appelé le « vote thématique » qui a remplacé les distinctions ci-dessus (Rose, Mc Allister 1986), semble en définitive concerner la jeunesse en premier lieu. Les résultats empiriques des recherches politologiques soutiennent l’idée que ce sont les facteurs structurels qui déterminent davantage l’orientation du vote chez les électeurs socialisés avant 1960, tandis que c’est le positionnement personnel sur l’axe Gauche-Droite qui joue ce rôle pour ceux qui ont été socialisés jusqu’en 1990 (Van de Brug 2010) ; on trouve également des indices du côté de la culture politique grecque que le vote thématique renvoie davantage à des jeunes électeurs socialisés au cours de leur adolescence après 2000.
Expériences de socialisation et de resocialisation des jeunes
L’importance des messages de socialisation par période et des premières expériences formatives de chaque génération politique est déterminante pour la manière dont cette génération gère les stimuli ultérieurs ; et l’on a maintes fois étudié l’orientation avant tout individualiste et orientée vers le mode de vie de l’attitude «ça me concerne » de la jeunesse d’après 1990, qui s’oppose à une vision plus sociale des jeunes de la génération de leurs parents (Παντελίδου Μαλούτα 2012). Toutes les données disponibles sur l’âge se concentraient jusqu’à récemment sur les changements substantiels dans les messages fondamentaux pour la socialisation qui caractérisent les différentes générations dans la culture politique grecque, du fait des changements que l’on observe dans l’environnement social et culturel interne et international dus à la mondialisation et à l’intégration de la société grecque dans des structures supranationales. Cela a créé des champs radicalement différents et souvent contradictoires de messages de socialisation, qui se manifestent bien au delà des changements de comportement politique.
La recherche a de fait repéré des changements importants dans le portrait sociopolitique des jeunes au début 2000, en comparaison avec les anciennes générations, des changements aussi bien quantitatifs (moins d’intérêt pour la politique, implication politique réduite) qu’idéologiques (identité de gauche beaucoup moins répandue), qui sont surtout liés à des changements de valeurs. Une recherche conduite en 2006, qui compare les données avec celles de 1988, a fait clairement ressortir l’image d’une jeunesse comparativement plus à droite (diminution de l’identité de gauche chez les jeunes de 18-29 ans, de 37,1% en 1988, à 9,8% en 2006), plus cynique et plus hostile à l’égard du système politique (« tous ceux qui arrivent au pouvoir ne pensent qu’à leurs intérêts », 49% en 1988, 70,6% en 2006), déclarant ouvertement n’avoir absolument aucun intérêt politique (15,9% en 1988, 39,5% en 2006), et nettement moins participative, sur la base de tous les indicateurs habituels en ce domaine [2]. Par ailleurs, comme nous le voyons ci-après dans le tableau 2, les jeunes non seulement semblent clairement plus cyniques que la catégorie du même âge par le passé, mais aussi plus cyniques que leurs aînés, avec une inversion claire de la courbe.
Tableau 1 : Intérêt pour la politique (%)
Source : Comportement politique des femmes, Centre national de Recherches sociales (ΕΚΚΕ) 1988. Recherche sur les modèles politiques et le comportement politique, Univ. d’Athènes 2006
Tableau 2 : Idées sur la politique et sur les hommes politiques (entièrement d’accord %)
Source : Comportement politique des femmes, Centre national de Recherches sociales (ΕΚΚΕ) 1988. Recherche sur les modèles politiques et le comportement politique, Univ. d’Athènes 2006
Tableau 3 : Face à un problème brûlant concernant le quartier ou le village, ils préfèrent (%)
Source : Comportement politique des femmes, Centre national de Recherches sociales (ΕΚΚΕ) 1988. Recherche sur les modèles politiques et le comportement politique, Univ. d’Athènes 2006
Tableau 4: Auto-positionnement idéologique des personnes interrogées (%)
Source : Comportement politique des femmes, Centre national de Recherches sociales (ΕΚΚΕ) 1988. Recherche sur les modèles politiques et le comportement politique, Univ. d’Athènes 2006
La grande diminution de la diffusion de l’identité de gauche (environ ¼ des jeunes), l’augmentation importante du dédain pour la distinction Gauche / Droite, qui a doublé dans la jeunesse de 2006, ainsi que le changement net de la courbe des âges pour la diffusion de l’identité de gauche, mais aussi de l’identité de droite, constituent les éléments idéologiques les plus remarquables du dernier tableau : ces changements sont significatifs de beaucoup d’autres paramètres décrivant la physionomie des jeunes dans la culture politique grecque peu avant la crise.
Si nous suivons la tradition des études sur la socialisation politique qui se concentrent sur l’adolescence, « en préjugeant » d’une certaine façon l’évolution de la culture politique globale, nous observons que les adolescents d’Athènes (12-15 ans) de 1990, en comparaison avec ceux de 1982, se caractérisent déjà par une vision du monde nettement plus orientée à droite, sont beaucoup plus familiers avec le processus politique qu’ils dédramatisent et dans lequel ils ne s’investissent pas sentimentalement [3]. Bien que clairement moins participatifs que les ados des années 80 -qui avaient passé la première phase de leur socialisation dans le climat d’euphorie accompagnant en Grèce le retour de la démocratie- quand ils se sentaient concernés par les enjeux politiques, ils sont intervenus activement dans le processus politique. On a pu le constater dans le mouvement de masse de novembre 1990 pour l’occupation des écoles (Παντελίδου Μαλούτα 1991), suite aux décrets réglant la vie quotidienne de l’école. Le facteur de différenciation central par rapport à la génération précédente d’adolescents a été toutefois qu’est-ce qu’ils considéraient comme les concernant : c’était quelque chose de plus individualiste, au contraire des inquiétudes plus sociales des jeunes (de gauche) qu’étaient devenus les « ados de la période post-dictatoriale » (Παντελίδου Μαλούτα 1991).
Tableau 5 : Répartition (%) des adolescents de l’échantillon selon la réponse concernant leur identité idéologique, en 1982, 1990 et 2010.
Source : « Aspects de la socialisation politique des adolescents : expériences en Attique au cours des trois dernières décennies » Univ. d’Athènes, 2010
La génération « loin de la politique » des adolescents des années 90 a été suivie par d’autres ados qui ont essentiellement poursuivi et renforcé les tendances individualistes et le dédain de la politique, mais ont peu à peu perdu le sens élevé de l’efficacité que l’on trouvait chez les premiers. Les adolescents de la fin des années 2000 présentent des paramètres importants de leur vision du monde dans des conditions d’insécurité, de pessimisme où ils se sentent dans l’impasse, qui s’accompagne d’un dédain généralisé de la politique et des hommes politiques. Ils se caractérisent par la continuité de la tendance que l’on a notée pour les ados de 1991, (Παντελίδου Μαλούτα 1991, Δεμερτζής & Σταυρακάκης 2008), mais aussi par un éloignement encore plus grand du politique et un dédain accru pour les hommes politiques et pour la politique, une diminution plus nette de leur disposition à participer, de leur intérêt politique et de leur identité idéologique, ainsi que par l’importance moins grande qu’ils accordent au collectif et au public au profit du privé et du personnel (Παντελίδου Μαλούτα 2011).
Relevons toutefois que la manifestation comme modalité de réaction est mieux acceptée en 2010 qu’en 1991, et se rapproche des pourcentages des années 80. En même temps, et cela n’est pas sans rapport avec ce qui précède, on note un très grand pourcentage d’adolescents ayant, deux ans après, un souvenir très net des événements de décembre 2008 (53,2%), tandis que les réponses à une question ouverte confirment la justesse de l’ensemble des réponses positives (Παντελίδου Μαλούτα 2011). Il convient de relever également le taux comparable d’acceptation de la manifestation chez les ados de gauche et de droite en 1982 et en 2010 (tableau 6).
Tableau 6 : Diffusion (%) de la conception que la manifestation constitue un mode d’expression du désaccord politique
Source : « Aspects de la socialisation politique des adolescents : expériences en Attique au cours des trois dernières décennies » Univ. d’Athènes, 2010
L’impact de l’âge sur la formation des positions et du comportement politiques ne saurait être nié, dans la mesure où de nombreuses études expérimentales ont établi son importance prépondérante comme paramètre politologique, résultat obtenu après avoir vérifié les paramètres concernant l’origine sociale et le sexe. La question qui surgit alors, et qui trouve différentes réponses, est de savoir si ces différences sont dues à l’âge, au sens de la position dans le cycle de vie –si donc elles ont une tendance innée au changement–, ou si elles sont dues à des influences générationnelles, au sens d’expériences de socialisation fortes aux étapes clés de la vie. Dans le second cas, elles ont (auront) des conséquences plus graves sur le système politique, puisqu’elles peuvent créer des « discontinuités » lorsqu’une nouvelle génération prend part à la vie politique comme membre du corps électoral. Dans les groupes d’âge que nous avons comparés ici, il est évident que la génération joue un rôle important, ses effets de socialisation dans le contexte de la culture politique grecque s’accordant (avec un léger décalage temporel) aux tendances européennes, ce qui démontre à la fois l’importance du « climat de période » au sens large et les expériences plus spécifiquement grecques. Sur la base de ces dernières, nous avons des indications que vers la fin de la période antérieure à la crise, un processus de resocialisation a déjà commencé. Mais c’est cette crise qui fonctionnera semble-t-il, de façon décisive dans le sens d’une inversion de la tendance à l’aliénation politique des jeunes.
[1] Sur la question de la succession des générations, l’étude de Mannheim publiée pour la première fois en 1929 reste un classique (Mannheim 1968, 276-322). Sur les générations politiques, v. Percheron, Remond 1991, Crête, Favre 1989. Cf. Παντελίδου Μαλούτα 1987, 2012.
[2] V. Παντελίδου Μαλούτα 2012, 219-222, où l’on trouvera des renvois détaillés aux deux programmes de recherche qui donnent les sources et où sont publiés les tableaux qui suivent.
[3] Pour une comparaison détaillée de ces deux générations, sur l’échantillonnage et la méthodologie de ces recherches, v. Παντελίδου Μαλούτα 1991, 41-69. La même recherche a été reconduite en 2010. V. Παντελίδου Μαλούτα 2011.
Référence de la notice
Pantelidou Maloutas, M. (2015) Jeunesse et politique : Tendances et engagement politique des jeunes avant la crise, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/jeunesse-et-politique-i/ , DOI: 10.17902/20971.50
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
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