L’immeuble résidentiel de la contreprestation et la ségrégation sociale verticale
Maloutas Thomas|Spyrellis Stavros Nikiforos
Cadre Bâti, Logement, Migration, Structure Sociale
2015 | Déc
Athènes s’est développée de façon très dynamique dans les trois premières décennies de l’après-guerre, période où sa population a plus que doublé (de 1 500 000 en 1951, elle a passé à 3 500 000 en 1981).
La population de la ville en augmentation constante a trouvé à se loger de deux manières principalement : par le logement populaire laissé à l’initiative privée à la périphérie de la ville, qui a répondu surtout au grand flux de migration intérieure des années 1950 et 1960, avec son lot de constructions sans permis ; le logement dans des appartements neufs et modernes construits à des rythmes endiablés selon le processus de la contreprestation, qui répondait surtout aux besoins d’un large éventail de classes moyennes mais aussi populaires.
Contreprestation, densité de construction et ségrégation spatiale
La contreprestation consiste en un accord entre le propriétaire d’un terrain et un promoteur en vue d’ériger un immeuble et de répartir entre eux la propriété des appartements ou bureaux et magasins qui en résulteront, sur la base d’un contrat initial qui formule la participation de chaque partie à l’investissement en question.
Le grand succès de la contreprestation est dû :
- à la très grande demande de logements bon marché et modernes des couches moyennes de la ville qui s’accroissaient continuellement et à l’augmentation globale de la population au cours des trois premières décennies de l’après-guerre
- au fait qu’elle convenait au petit nombre de propriétaires de terrains en ville et au petit nombre d’entreprises du secteur du bâtiment
- à la politique fiscale qui la favorisait en supprimant la concurrence en matière de coût de production de la construction d’immeuble
L’immeuble de la contreprestation, qui est aujourd’hui encore prédominant dans le parc immobilier d’Athènes, est dans une large mesure une création de la première période de l’après-guerre. Entre 1950 et 1980, on a construit à Athènes environ 35 000 immeubles de cinq étages et plus, tandis qu’avant cette période, le nombre total de ces immeubles ne dépassait pas 1000. Après 1980, la construction a diminué de façon importante, notamment dans le centre de la ville.
L’augmentation et la restructuration du parc immobilier provoquées par la contreprestation grâce à la multiplication rapide des immeubles, a eu des retombées importantes sur la géographie sociale de la ville (c’est-à-dire sur la manière dont se répartissent les groupes sociaux dans l’espace de la ville). Les deux principales retombées concernent :
- la redistribution des groupes sociaux dans l’ensemble de la zone métropolitaine
- la modification de la physionomie sociale des zones centrales de la ville, c’est-à-dire là où s’est surtout développé le système de la contreprestation
En ce qui concerne le premier volet, les retombées de ce système ont créé des réactions en chaîne :
- augmentation rapide de la densité de construction, d’abord dans les zones centrales, puis dans les zones autour du centre de la ville : entre 1951 et 1971, les habitants de la municipalité d’Athènes ont augmenté de plus de 60% (de 550 000 à 890 000)
- l’augmentation de la densité de construction a conduit rapidement à une détérioration des conditions de vie au centre, puisqu’elle ne s’est pas accompagnée d’une amélioration des infrastructures, situation encore lourdement aggravée par la forte augmentation du nombre des automobiles
La dégradation des quartiers du centre a poussé peu à peu un nombre important d’habitants des classes moyennes et moyennes-supérieures à déménager vers les banlieues nord-est et sud. Les classes supérieures ont connu une redistribution géographique importante : entre 1971 et 1991, la répartition des catégories socioprofessionnelles supérieures (cadres de direction des secteurs public et privé, professions libérales et scientifiques) a augmenté, passant de 10% à 30% dans les « beaux » quartiers et diminué au centre (municipalité d’Athènes), de 62% à 27%. Alors que les déplacements concernant les ouvriers ont été bien moindres (tableau 1).
Tableau 1 : Mobilité géographique des catégories socioprofessionnelles supérieures et des ouvriers selon la physionomie sociale des quartiers d’habitation dans la métropole athénienne
Parallèlement, plus la densité élevée de construction détériorait les conditions de vie au centre, plus l’immeuble de la contreprestation lui-même devenait une version « plébéienne » de l’immeuble résidentiel urbain de l’entre-deux guerres.
Ainsi des deux axes qui dans la cuvette athénienne séparaient socialement la ville (centre / périphérie et est / ouest), c’est le second qui prévalut et peu à peu Athènes, d’une ville où les classes sociales supérieures habitaient au centre et les classes ouvrières en périphérie, s’est rapprochée jusqu’à un certain point du modèle du monde anglo-saxon, où les riches habitent les banlieues et les classes ouvrières autour du centre. Les classes sociales inférieures –outre leur présence accrue au centre– sont restées prédominantes dans la plus grande partie des banlieues ouest et dans les zones plus périphériques de l’Attique (carte 1).
Carte 1: Différenciation sociale des quartiers résidentiels à Athènes selon le taux de présence des catégories professionnelles supérieures (2011)
Ségrégation sociale verticale
Le deuxième aspect des retombées de la contreprestation concerne les changements que celle-ci a provoqués dans les quartiers du centre, où elle s’est davantage développée :
- augmentation importante de la population durant la période de la grande floraison de la contreprestation (1960-1980) en raison de l’augmentation importante du parc immobilier résidentiel, mais aussi diminution à partir de cette date (890 000 en 1981 et 660 000 en 2011) en raison de la dégradation des conditions de vie au centre, due au développement incontrôlé de la contreprestation
- plus grande mixité sociale, avec l’arrivée de classes moyennes-inférieures au cours de la période de croissance et le départ des classes supérieures-moyennes à l’époque de son ralentissement
- présence importante de groupes de migrants à partir des années 1990, attirés par le coût abordable du logement dans les quartiers en voie de dégradation
Carte 2 : Quartiers d’Athènes où se concentrent les immeubles d’habitation construits avant 1980 (2011)
Les réarrangements sociaux se sont traduits spatialement, dans une large mesure, du fait de la structure même de l’immeuble de la contreprestation, qui a reporté en hauteur les différences que ses retombées avaient sur la détérioration des conditions de vie au centre : la densité de construction n’a pas affecté avec la même intensité les habitants des étages supérieurs et inférieurs des immeubles, créant ainsi une ségrégation sociale verticale.
La ségrégation verticale est due à la qualité de vie différente des étages supérieurs (plus belle vue, moins de bruit, meilleur ensoleillement, meilleure aération, balcons utilisables,…). La différence dans la qualité du logement selon l’étage s’est intensifiée avec l’augmentation de la densité de construction. La ségrégation verticale est due également à la taille systématiquement plus grande des appartements des étages supérieurs (fig. 1).
Figure 1 : Répartition des logements par taille des appartements et par étage dans les immeubles résidentiels de la municipalité d’Athènes (2011)
Figure 2 : Pourcentage des catégories sociales par étage dans les immeubles résidentiels de la municipalité d’Athènes (2011)
Figure 3 : Nombre de personnes selon le niveau d’éducation par étage dans les immeubles résidentiels de la municipalité d’Athènes (2011)
Figure 4: Répartition des personnes selon l’espace habitable par personne par étage dans les immeubles résidentiels de la municipalité d’Athènes (2011)
On a repéré et discuté la ségrégation sociale verticale depuis de nombreuses années (Leontidou 1990, Maloutas & Karadimitriou 2001). Mais, alors que jusqu’à aujourd’hui son approche reposait sur de petites études de terrain, le recensement de 2011 offre la possibilité de la documenter exhaustivement, puisque pour la première fois on peut mettre en corrélation l’étage avec les autres caractéristiques des habitants. Ainsi, sur la base des données du recensement de 2011, on voit clairement ressortir une différenciation de la physionomie sociale par étage dans les immeubles résidentiels de la municipalité d’Athènes (fig. 2-6).
Figure 5 : Répartition des personnes selon la nationalité par étage dans les immeubles résidentiels de la municipalité d’Athènes (2011)
Figure 6: Répartition des personnes selon le régime locatif par étage dans les immeubles résidentiels de la municipalité d’Athènes (2011)
Les quartiers de la ville qui réunissent les conditions pour l’apparition de la ségrégation verticale sont ceux où l’on trouve un pourcentage important d’habitants aux emplacements socialement « extrêmes » des bâtiments (sous-sols / rez-de-chaussée et étages supérieurs). Il convient toutefois de relever que tous les immeubles de la contreprestation ne présentent pas ces conditions.
Seuls les immeubles construits avant 1980 ont une structure et un aménagement intérieur qui favorise la ségrégation sociale verticale. Nous y trouvons des appartements plus petits et dégradés au demi-sous-sol et au rez-de-chaussée, à l’opposé des grands appartements privilégiés des étages supérieurs. Dans les immeubles de cette période, un pourcentage élevé d’habitants (40%) se concentrent dans les emplacements « extrêmes », dont 16% au rez-de-chaussée et en dessous (fig. 7).
Figure 7 : Population par étage selon l’année de construction de l’immeuble (munic. d’Athènes)
Par la suite, avec le changement du règlement de construction, l’usage du sous-sol et du rez-de-chaussée change radicalement (caves, usages commerciaux, places de parking) et parallèlement les différenciations qualitatives entre les étages du 1er et au-dessus se réduisent. Ainsi tous les immeubles de la contreprestation ne favorisent pas la ségrégation sociale verticale ; seuls sont concernés ceux qui ont été construits avant 1980. Toutefois ce sont les immeubles construits au cours de la période de floraison de la contreprestation qui continuent d’abriter la plus grande partie de ceux qui vivent en immeubles (75% pour la municipalité d’Athènes).
La concentration de population dans les immeubles construits entre 1946 et 1980 aide de façon significative à repérer la spatialisation de la ségrégation sociale verticale. La carte 2 montre que les quartiers présentant de fortes concentrations d’immeubles de cette période comprennent surtout des quartiers de la municipalité d’Athènes (Patisia, Acharnes, Kypseli, Gkyzi, Ampelokipi, Pangkrati, Exarchia, Centre historique, Kolonaki, Ilisia, Neos Kosmos) et en second lieu, des quartiers de municipalités limitrophes (Zografou, Kallithea, Nea Smyrni) et le centre du Pirée.
Cartographie de la ségrégation sociale verticale
Grâce aux données détaillées du recensement de 2011 (Panorama des données des recensements 1991-2011), nous avons la possibilité non seulement de constater l’existence de la ségrégation sociale verticale à Athènes, mais aussi de corroborer le fait qu’elle concerne une part importante des habitants, notamment au centre de la ville. Ces données ont permis d’établir une cartographie à un niveau très détaillé (UASV-Unités d’analyse spatiale des villes qui constituent une forme réélaborée des secteurs de recensement de ELSTAT pour qu’elles aient toutes une taille analogue : en moyenne entre 900 et 1250 habitants).
La cartographie de la ségrégation verticale présente des défis importants. Au contraire de la forme classique de ségrégation résidentielle (qui fait apparaître la physionomie sociale différente d’unités horizontales, comme municipalités ou quartiers), la ségrégation verticale n’a pas jusqu’à présent été formulée sous forme de carte. Le défi principal en l’occurrence est de savoir comment on peut représenter la ségrégation lorsque les groupes socialement ou ethniquement différents habitent littéralement l’un sur l’autre et non dans des quartiers différents. Si nous utilisons les méthodes figées de cartographie de la ségrégation sociale, la différenciation verticale n’apparaît pas et il ne reste rien de plus qu’une image de mixité sociale ou ethnique plus ou moins intense.
Dans le dessein de faire ressortir aussi clairement que possible la morphologie de la ségrégation sociale verticale, nous nous sommes concentrés sur la population qui dès le départ est liée à ce phénomène, c’est-à-dire aux habitants des immeubles résidentiels construits entre 1946 et 1980. Il s’agit d’une part importante de la population, qui atteint 70% pour la municipalité d’Athènes. Nous avons également limité l’étendue de la cartographie aux UASV où la population compte au moins 150 personnes et où ceux qui vivent aux « extrémités » des bâtiments (sous-sols et rez-de-chaussée d’une part, 4e étage et au-dessus d’autre part) représentent au moins 15% de la population. Nous avons retenu 1010 UASV -sur un total de 3000- pour l’ensemble de la zone métropolitaine. Parmi ces UASV, 426 appartiennent à la municipalité d’Athènes, les autres appartenant principalement à des municipalités limitrophes – comme Kallithéa -, à certaines banlieues urbanisées avec un régime spécial – comme Holargos et Paléo Faliro -, ainsi qu’au second grand centre, la municipalité du Pirée.
Le problème principal est de faire ressortir les zones de ségrégation verticale et de les représenter sur une carte différemment de celles où cette ségrégation n’existe pas. L’hypothèse fondamentale est qu’une zone de ségrégation verticale doit présenter une surreprésentation des catégories sociales élevées ou bien des groupes ethniques dominants dans les étages supérieurs en même temps qu’une surreprésentation des catégories inférieures ou encore des groupes fragiles au rez-de-chaussée ou au sous-sol.
Plus concrètement, dans le but de simplifier l’image, nous avons classé les étages en trois catégories (inférieurs = rez-de-chaussée et sous-sol, médians = 1er-3e étages, supérieurs = 4e étage et au-dessus). De la même manière nous avons regroupé les catégories sociales (supérieures = cadres de direction et professionnels dirigeants, moyennes = artisans, employés de bureau, prestataires de services, inférieures = ouvriers spécialisés et non spécialisés). Parallèlement, nous avons fixé deux niveaux de surreprésentation des catégories sociales ou ethniques dans les différents étages : forte surreprésentation lorsque le pourcentage de la catégorie est supérieur d’un écart-type au moins à la moyenne dans la zone métropolitaine, et surreprésentation simple entre la moyenne et un écart-type.
Sur la carte de la ségrégation sociale verticale (carte 3), les zones se différencient d’abord entre zones socialement homogènes et zones avec ségrégation verticale. Les premières comprennent les zones où l’une des trois catégories sociales de base est surreprésentée – fortement ou simplement- à tous les étages. Les secondes comprennent toutes les zones qui ont une surreprésentation des catégories supérieures aux étages supérieurs et des catégories inférieures dans les étages inférieurs. La forte surreprésentation est indiquée sur la carte avec une couleur foncée, qu’il s’agisse d’une zone homogène ou d’une zone avec ségrégation. La carte 3 fait apparaître que la plupart des 1010 UASV retenues pour notre analyse sont des zones à ségrégation sociale verticale et que le phénomène est particulièrement intense dans des zones comme Gkyzi, Exarchia, Néapoli, Kypséli, Ampélokipi, Zografou, etc. Les zones connaissant une homogénéité sociale à tous les étages des immeubles sont la minorité, notamment en ce qui concerne les catégories sociales supérieures, et surtout, les catégories moyennes. Toutefois, on constate une concentration importante et spatialement cohérente des catégories inférieures dans toute la zone autour des axes des avenues Patision et Acharnon.
Carte 3 : Zones de ségrégation sociale verticale et quartiers socialement homogènes à Athènes (2011) (habitants d’immeubles construits entre 1946 et 1980)
La carte 4 présente l’image correspondant à la ségrégation ethnique verticale. Malgré les différences entre les cartes, les ressemblances sont si nombreuses qu’il ne fait aucun doute qu’inégalité sociale et hiérarchisation ethnique dans les étages des immeubles résidentiels de la ville sont fortement corrélées, en particulier dans les zones les plus centrales.
Carte 4: Zones de ségrégation sociale verticale et quartiers ethniquement homogènes à Athènes (2011) (habitants d’immeubles construits entre 1946 et 1980)
Conclusion
Le cas de l’immeuble résidentiel de la contreprestation à Athènes illustre comment l’environnement construit peut intervenir dans la formation de la géographie sociale de la ville selon des processus qui ne sont en général ni prévus ni prévisibles.
La ségrégation sociale verticale ne constitue pas un trait caractéristique d’Athènes. Elle apparaît au 19ème siècle et au début du 20ème à Paris et dans d’autres villes d’Europe continentale, avec une autre logique toutefois et une répartition sociale inverse : les riches dans les étages inférieurs, les pauvres sous les toits. Il s’agissait alors d’appartements sans ascenseur abritant surtout des classes moyennes et moyennes-supérieures. Les traces de cette ségrégation verticale ont disparu avec la revalorisation progressive des étages supérieurs (rénovations radicales et fusions de petits appartements, installations d’ascenseurs) et le changement de la physionomie sociale des habitants suite au départ des anciens résidents (gentrification) ou l’extension progressive des classes moyennes supérieures (embourgeoisement) dans des zones voisines.
La forme particulière de la ségrégation verticale à Athènes et surtout son poids spécifique important constituent une particularité de la ville. Cette particularité distingue également Athènes des autres grandes villes grecques (à l’exception, dans une certaine mesure, de Salonique), surtout parce que la contreprestation s’y est développée avec un certain retard, la part des immeubles ainsi construits avant 1980 y étant plus faible.
Les aspects négatifs de la contreprestation, en ce qui concerne l’organisation urbanistique de la ville, sont connus et ont été largement discutés. L’aspect positif est qu’elle a créé des zones de cohabitation sociale par le biais de la ségrégation verticale. Toutefois, comme on l’a vu par la suite, la mixité sociale et ethnique ne garantissent pas en soi la cohabitation harmonieuse, ni la convergence des modes de vie entre les différents groupes qui vivent dans les mêmes espaces.
Le grand parc immobilier créé par la contreprestation se situe dans des zones de la ville où les problèmes sociaux sont nombreux et se sont aggravés notamment à cause de la crise. Dans ces quartiers on voit un grand nombre d’appartements et de locaux professionnels vides à cause d’une demande limitée, par manque d’entretien du parc immobilier, alors qu’il y a des groupes qui connaissent des difficultés importantes (chômeurs, migrants, personnes âgées, etc.), si bien qu’augmente la pression sur le marché du logement aussi bien pour les locataires que pour les petits propriétaires. Au milieu de ces difficultés, encore aggravées de façon importante par le régime fiscal de la petite propriété, ces zones constituent éventuellement un champ privilégié pour développer des politiques de logement social et renforcer les relations d’entraide entre les groupes locaux.
Référence de la notice
Maloutas, Th., Spyrellis, S. (2015) L’immeuble résidentiel de la contreprestation et la ségrégation sociale verticale, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/segregation-verticale/ , DOI: 10.17902/20971.14
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
Références
- Αντωνοπούλου Σ (1991) Ο μεταπολεμικός μετασχηματισμός της ελληνικής οικονομίας και το οικιστικό φαινόμενο 1950-1980. 1η έκδ. Αθήνα: Παπαζήσης.
- ΕΛΣΤΑΤ – ΕΚΚΕ (2015) Πανόραμα Απογραφικών Δεδομένων 1991-2011. Available from: https://panorama.statistics.gr/.
- Πρεβελάκης ΓΣ (2001) Επιστροφή στην Αθήνα. Πολεοδομία και γεωπολιτική της ελληνικής πρωτεύουσας. 1η έκδ. Γκανά Π (επιμ.), Αθήνα: Εστία.
- Leontidou L (1990) The Mediterranean city in transition: Social change and urban development. 1st ed. Cambridge: Cambridge University Press.
- Maloutas T, Arapoglou V, Kandylis G, et al. (2012) Social polarization and de-segregation in Athens. 1st ed. In: Maloutas T and Fujita K (eds), Residential Segregation in Comparative Perspective. Making Sense of Contextual Diversity, Farnham: Ashgate, pp. 257–283.
- Maloutas T and Karadimitriou N (2001) Vertical social differentiation in Athens: alternative or complement to community segregation? International journal of urban and regional research 25(4): 699–716. Available from: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17672030.