«Agroscholoi Vrilissou» : Amis de la nature et jardiniers assidus de la ville
2015 | Déc
C’est en été 2011, dans les locaux de l’association « les Amis de la nature de Vrilissos » – un collectif d’action qui fonctionne depuis 2001 et organise toute une série de manifestations autour de la nature grecque (tourisme pédestre, alpinisme, journées éducatives) – que l’on a discuté pour la première fois l’idée d’une agriculture urbaine. Comme le soulignent les membres eux-mêmes, « avec l’aggravation de la crise économique et financière, l’idée a mûri rapidement, comme le fruit au soleil ». Un terrain offert par Irini à Spata a été l’étincelle qui a donné vie à la vision qu’ils partageaient. En octobre 2011, lors de la première visite du terrain, qui comprend un champ et une vigne, on fonde les « Agroscholoi de Vrilissos » (~ Agri-culturistes).
Le point de départ a été la mise en culture d’une superficie de 100 m2
« … un terrain rocailleux, inculte depuis des années. Il a fallu le domestiquer… grâce à quelques citadins rêveurs de Vrilissia. Nous le bonifions avec tous les moyens que nous indique Andréas, notre camarade agronome… C’est ainsi que, petit à petit, c’est devenu un vrai potager. Nous y avons planté 30 cultures d’hiver : épinard, bette, tordyle, chicorée, betterave, carotte, radis, chou, laitue, brocoli, pomme de terre… nous n’avons utilisé que des méthodes de culture naturelles… Ce fut notre première leçon ! Cela nous a donné un immense plaisir, le contact avec la terre et l’air, la dynamique de la collectivité et la créativité à un moment où personne ne pense que quelque chose puisse porter ses fruits dans ce pays … » |
Le groupe a démarré avec un noyau stable de 20 personnes, qui s’élargit sans cesse. Il fonctionne comme tous les collectifs, sur la base de l’autogestion, du bénévolat, de la solidarité et du temps que chacun peut y consacrer. Un comité de coordination de cinq membres, renouvelé régulièrement, veille à l’organisation des actions et au bon fonctionnement du champ. Le soutien technique est apporté par un agronome et cultivateur bio, qui est en même temps un membre des Agroscholoi. La coordination générale et l’information des membres pour les actions et les travaux agricoles se font – comme dans tous les collectifs activistes – via Internet, par courriels, textos et blog.
Les Agroscholoi se définissent eux-mêmes comme des amis de la nature qui revendiquent l’espace public ouvert pour des actions sociales productives. Leur objectif est la culture collective de la terre, selon les principes de l’agriculture bio et autres méthodes écologiques, pour produire des aliments sains et nutritifs. L’objectif n’est pas d’obtenir une production massive immédiate pour couvrir les besoins alimentaires de ses membres, mais d’offrir une éducation aux fonctions et aux rythmes biologiques de la nature, de permettre le retour à la terre et au jardinage et remettre en valeur l’esprit collectif qui manque tant aux sociétés urbaines modernes.
Après la première récolte d’hiver à Spata, qui fut un succès, l’Association décide au printemps 2012 de demander au Conseil municipal de Vrilissia un lopin de terre dans l’ancienne base navale – l’actuel parc Maria Callas (5,2 ha) – afin de promouvoir l’agriculture urbaine et d’y créer un centre d’initiation à l’alpinisme. Le Conseil municipal après une recommandation positive, concède un terrain de 2000 m2 à Orygma.
Le terrain est particulièrement stérile, car il s’agit d’une colline artificielle qui servait de retranchement à la marine nationale. La terre est de très mauvaise qualité (déblais et matériaux inertes) : il a fallu l’enrichir de compost fabriqué par l’Association et d’engrais naturels, après analyse du sol par l’Institut d’étude des sols. Il a fallu beaucoup d’efforts et de ténacité pour le rendre cultivable (enlèvement de rochers et de pierres, labourage, installation d’un système d’irrigation). On dressa un plan prévoyant jardin botanique et potager, et plus tard arbres fruitiers, oliviers et vigne… Ainsi naquit le « Perivoli de Vrilissos » à Ano Vrilissia, un nouveau potager communautaire en ville. Il a surtout un caractère démonstratif pour les gens qui s’intéressent à l’agriculture urbaine et peut être visité par les écoles. On y utilise des semences locales fournies par « Pelitis », par le domaine écologique Arvanitis à Kiourka et par d’autres cultivateurs bios.
La première récolte d’été au Perivoli, en 2012, fut très mauvaise, car le sol demandait encore du travail et la canicule fut nuisible aux plantes. Mais les Agroscholoi ne se sont pas découragés : « nous avons la patience de suivre la nature, avec ses rythmes. De lieu pelé qu’il était, le terrain a retrouvé sa biodiversité » (Andréas, membre des Agroscholoi, agronome). Aujourd’hui le jardin s’est agrandi, il a multiplié les espèces cultivées et renforcé sa mission éducative.
En pleine crise, les Agroscholoi étoffent leurs actions par la création d’un fonds de solidarité, de cuisines collectives et d’éco-fêtes, par des visites et le réseautage avec d’autres initiatives de cultures bios collectives ; leurs plans immédiats comprennent la création d’une station météo, d’un mur de varappe, etc.
« Nous sommes en conversation constante avec la nature de l’Attique, nous découvrons des rapports qui nous étaient inconnus… Avec des hauts et des bas, mais collectivement, avec nos camarades. Car si nous étions isolés, nous n’aurions rien apprécié de tout cela ! » |
Référence de la notice
Anthopoulou, T. (2015) «Agroscholoi Vrilissou» : Amis de la nature et jardiniers assidus de la ville, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/jardiniers-urbains/ , DOI: 10.17902/20971.35
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
Sources en ligne
- http://www.vrilisos.gr/
- http://www.vrilisos.gr/agrosxoloi.html
- http://www.blog.gr/tag/αγρόσχολοι