La réforme incomplète: la régulation de l'espace à Athènes pendant la période de la Metapolitefsi 1978-1985
2023 | Mar
La réforme incomplète: la régulation de l’espace à Athènes pendant la période de la Metapolitefsi 1978-1985
Cet article traite des tentatives de régulation de l’espace à Athènes dans les premières années de la transition démocratique, en se focalisant sur les politiques d’aménagement de la période 1978-1985. Cette recherche se concentre sur les questions de politique et de gouvernance dans une triple perspective : elle fait d’abord l’analyse du « contexte structurel », c’est-à-dire de l’ensemble des facteurs économiques et sociaux qui influencent les systèmes de gouvernance. Elle aborde en second lieu le contexte culturel, c’est-à-dire les spécificités « nationales » et les traditions institutionnelles ancrées dans les systèmes de gouvernance et qui les façonnent. Enfin, il interroge le rôle des acteurs politiques, des partis, groupes de pression locaux et mouvements [1]. Dans l’analyse qui suit, nous soutenons que la relation et l’interaction entre les trois domaines mentionnés ci-dessus forgent le cadre de gouvernance dans son ensemble, et par extension les politiques d’aménagement à Athènes.
Les questions posées sont les suivantes : Quels facteurs ont déterminé les « succès et les échecs » des politiques d’aménagement à Athènes ? Comment s’inscrivent-ils dans le système global de gouvernance de la ville ? Quel est le rôle des sujets politiques ? Et comment influencent-ils les politiques urbaines ?
L’héritage de la Junte et le « problème » athénien
Athènes va entrer dans la décennie 1970 chargée du poids de l’héritage du modèle d’urbanisation de l’après-guerre, qui s’achèvera au cours des sept ans de dictature. En réalité, la junte va poursuivre et renforcer la même politique de développement et de renforcement du secteur de la construction (Πρεβελάκης, 2001; Παπαγιάννης, 2019; Οικονόμου, 2002; Φιλιππίδης, 1990) [2]. Au début de la décennie 1970 le bassin athénien se sera presque totalement urbanisé, avec une densité de construction amplifiée dans le centre de la ville (Αβδελίδη, 2010). La densification des zones centrales mène progressivement à la saturation et à la dégradation environnementale. Parallèlement à quoi l’usage du véhicule individuel se généralise, générant d’importants problèmes de congestion et aggravant la pollution atmosphérique (Ρωμανός, 2004; Πρεβελάκης, 2001). Dans ces conditions, Athènes commence à perdre son attractivité, ce qui conduit au premier « exode » vers la banlieue et les zones jusqu’alors réservées à la villégiature. Ces tendances seront aussi encouragées par le cadre institutionnel au cours de la dictature. Par la loi d’exception 395/68, les coefficients d’utilisation du sol vont augmenter de 30%, ce qui donnera le feu vert, comme l’indique Giorgos Sariyannis, à l’urbanisation des banlieues et du littoral de l’Attique suite aux pressions des milieux immobiliers et des propriétaires fonciers (Σαρηγιάννης, 2000) [3]. Avec le rétablissement de la démocratie en 1974, les problèmes suscités par ce modèle de développement à Athènes et dans les autres villes grecques sont désormais nettement visibles. La pollution de l’air, le trafic automobile et la question de l’urbanisme en général commencent à occuper le devant de la scène dans le débat public (Πρεβελάκης, 1984) [4], tandis qu’une série de catastrophes naturelles telles que les inondations de 1977 vont intensifier la pression politique pour que des mesures soient prises [5]. Bien entendu, beaucoup doutaient à cette époque que la Nouvelle Démocratie soit prête à payer le prix politique de telles initiatives (Παπαγιάννης, 2019.04.08; ΑΝΤΙ, 1980). Au cours de la période 1978-1980, Stéphanos Manos succède à Kyprianos Biris au poste de Secrétaire d’Etat aux travaux publics. Dans les années 1980, sous le gouvernement du PASOK, Antonis Tritsis occupera le poste de ministre de l’Aménagement du territoire, du Logement et de l’Environnement.
Les efforts de réforme de la politique foncière qui ont eu lieu au cours de ces deux périodes, différentes sur le plan de la gouvernance du pays, respectivement grâce à l’action de Stéphanos Manos et d’Antonis Tritsis, sont tout aussi importants. L’étude des réformes introduites par chaque Secrétaire d’Etat, ainsi que des raisons qui ont conduit à leur échec, nous mènera à des conclusions importantes en ce qui concerne le système de gouvernance ainsi que la manière dont les politiques urbaines sont élaborées à Athènes (Poulios 2021).
Image 1 : La page de couverture de la revue ANTI, numéro 156 (1980), avec un dossier sur le « Problème athénien »
Tentatives de régulation de l’espace à Athènes (1978-1980)
Lorsque Stéphanos Manos prend en charge le poste de Secrétaire d’Etat en janvier 1977, les politiques de régulation de l’espace à Athènes étaient principalement formulées au niveau central, par le biais du ministère des Travaux publics. Ce système centralisé avait également été institutionnalisé par la Constitution de 1974, qui conférait au gouvernement central des compétences en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Le travail du ministère jusqu’aux premières années de la transition, comme le relève Prévèlakis (2001:53), était « presque complètement déconnecté de la pratique », qui était déterminée par les forces du marché et un certain nombre de petits et grands intérêts (Σαρηγιάννης, 2000; Φιλιππίδης, 1990; Βοϊβόνδα κ.α., 1977). Comme l’indique Manos lui-même, le travail du Secrétaire d’Etat consistait à « déplacer des routes » et à amender des plans d’aménagement (Μάνος 2018.03.10).
La politique qu’il a menée, avec l’aide d’un groupe de jeunes conseillers revenus de l’étranger, comportait de forts éléments de nouveauté et de modernisation [6]: il a achevé le Plan régulateur d’Athènes, qui était en suspens depuis 1972. Celui-ci comportait des Plans d’action visant à réhabiliter certaines zones. Enfin, et c’est peut-être le plus important, il a défini sur le plan législatif une nouvelle politique foncière limitant la spéculation et protégeant le patrimoine architectural, tout en fixant de nouvelles conditions de planification (Ρωμανός, 2004; Πρεβελάκης, 2001; 1984; Μάνος 2018.03.10).
Le Plan régulateur d’Athènes sera rédigé par le ministère de l’Aménagement du territoire au cours de la période considérée. Le Plan-cadre « Capitale 2000 » était un plan d’orientation, dans le cadre de la politique nationale d’aménagement du territoire, qui avait pour objectif principal la décongestion d’Athènes et en second lieu de Thessalonique, comme l’avait formulé le Conseil national de l’aménagement du territoire et de l’environnement en 1979 (Ρωμανός 2004). Au-delà de ce principe de base, le plan « Capitale 2000 » selon Prévèlakis (2001) ne présentait pas de caractère particulier d’originalité. Il fixait toutefois des orientations importantes en termes d’infrastructures de transport, telles que le métro, les nouveaux axes de transport et l’aéroport de Spata.
Carte 1 : Les neuf districts du Plan « Capitale 2000 » où l’on peut lire les densités de population. Le plan régulateur de Manos était basé sur un développement d’Athènes reposant sur neuf unités administratives constituant des centres d’intégration de nouvelles activités et usages
Source: Πρεβελάκης, 2001
Les Plans d’action pour la revalorisation de zones données constituaient des interventions de réhabilitation urbaine qui ont commencé à être mises en œuvre à cette époque, comme par exemple la piétonisation. Parmi elles, il faut noter la piétonisation de la rue Voukourestiou, et tout particulièrement le réaménagement global du quartier de Plaka, un processus qui devait s’achever en 1986.
Les initiatives les plus importantes au niveau des politiques urbaines ont été prises dans le domaine de la réforme de l’aménagement du territoire, ce qui a eu un impact direct sur Athènes. Plus précisément, en 1979 la décision est prise de réduire les coefficients d’utilisation du sol, dans certains cas de 30% (Μάνος 2018.03.10), et la création de places de stationnement dans les sous-sols des immeubles d’habitation est rendue obligatoire (Πρεβελάκης, 1984). Bien entendu, la loi la plus décisive de cette période est la loi 947/79 « sur les zones résidentielles ». Cette loi a tenté de régler l’un des problèmes les plus importants du système grec d’aménagement du territoire : la manière dont les zones résidentielles s’intégraient dans le plan d’urbanisme. Contrairement au passé, où ce processus se déroulait de façon largement informelle et sous la pression de divers intérêts, la loi établit un cadre totalement différent. Selon la loi, une étude spécifique doit être réalisée pour justifier toute expansion, tandis que les besoins en infrastructures seront couverts par apport de terrains et d’argent de la part des propriétaires eux-mêmes. Les réactions à la loi ont été rapides, de la part de divers réseaux de propriétaires, de promoteurs, etc., ce qui a poussé Stéphanos Manos lui-même à la démission, et au gel de la mise en œuvre de la loi par le gouvernement et le nouveau ministre de l’Aménagement du territoire. Tandis que le gouvernement suivant, celui du PASOK, commença à élaborer une nouvelle réglementation.
Image 2 : Couverture du magazine « Epikaira » consacré au plan d’urbanisme de Stéphanos Manos. La qualification du jeune politicien de l’époque comme d’un « immature » qui « menace la propriété des gens » sera un exemple du discours d’opposition aux réformes proposées
Source: Πρεβελάκης, 2001
Politiques urbaines au cours de la période du premier gouvernement du PASOK (1981-1985)
Le PASOK arrive au pouvoir en octobre 1981, renforçant les ruptures démocratiques déjà en cours et la politique de soutien aux revenus, basée sur une stratégie de type socialiste et un plan économique alternatif à celui de la Nouvelle Démocratie (Καζάκος, 2007; Close, 2006).
L’élément central de cette stratégie était le renforcement de la province par des politiques de décentralisation ainsi que la décongestion d’Athènes (Souliotis 2013). Cette politique, qui domine dès l’époque de Manos, est associée à une « hostilité diffuse envers Athènes » (Pyrgiotis 24/07/2019). Cette vision a été adoptée par la quasi-totalité des urbanistes grecs de l’époque (Πρεβελάκης, 2001) et était particulièrement répandue dans les partis de gauche. Pour la gauche particulièrement (le PASOK et les deux partis communistes), le phénomène de l’« exode rural » – le développement d’Athènes – a toujours été lié aux politiques de contrôle par l’État de l’après-guerre civile et par la droite en Grèce, ainsi qu’à la formation d’intérêts économiques particuliers autour du marché foncier (Σαρηγιάννης, 2000; Βαϊου και Χατζημιχάλης, 2012).
Ainsi, le PASOK adoptera une série de politiques et une série d’orientations visant à lutter contre l’« hydrocéphalie » de la capitale. Ce qui signifiait moins d’infrastructures pour la ville et une limitation des activités économiques. Ainsi, avec la loi 2601/1984, l’implantation d’industries en Attique sera interdite (Coccossis et al., 2003). Tandis que le nouveau Plan régulateur ne comprendra pas de grandes infrastructures telles que l’aéroport de Spata et le métro (Hastaoglou et al. 1987; Souliotis et al., 2014). Plus généralement, une logique de limitation de la croissance de la ville sera suivie (Ρωμανός, 2004). Ces vues étaient également celles d’Antonis Tritsis, urbaniste, député du PASOK et figure centrale qui a déterminé la formulation des politiques d’aménagement au cours du premier gouvernement d’Andréas Papandréou. La période de Tritsis sera caractérisée par la généralisation des réformes et la tentative de régulation de l’espace dans tout le pays. Les ruptures les plus importantes de la période ont été l’adoption de la nouvelle loi sur le logement 1337/1983, le Plan régulateur d’Athènes 1515/85 et la fondation de l’Agence du plan régulateur d’Athènes (ORSA).
Image 3: Brochure du Ministère sur le Plan régulateur de 1983
Source: Papagiannis’s Office
La principale différence de la loi d’urbanisation de 1983 avec celle de Manos (947/79) est l’introduction de critères sociaux dans le mode d’attribution de l’apport foncier, ce qui a favorisé la petite propriété. Toutefois, l’élément et l’objet principal de la loi est le Programme de restructuration urbaine (PRU), en vertu duquel 428 Plans généraux d’urbanisme (PGU) devaient être réalisés dans diverses zones résidentielles à travers tout le pays. En même temps, cette loi comprend des dispositions visant à endiguer et à réguler la construction sans permis [7]. Ce plan ambitieux, bien qu’il ait été accepté à l’époque (Zeikou 19/12/2015 ; Romanos 19/01/2018), a rencontré des obstacles importants dans sa mise en œuvre. D’abord en raison des insuffisances du système d’aménagement du territoire lui-même, qui n’a pas su répondre rapidement aux nouveaux besoins qui apparaissaient (Pyrgiotis 24/07/2019 ; Zeikou 19/12/2015) par manque d’expertise, ignorance de la situation prévalant dans les zones les plus problématiques, etc. Mais surtout, les obstacles étaient politiques et découlaient des réactions des communautés locales et des propriétaires fonciers sur les questions de planification et de contribution (Papayannis 08/04/2019). Les réactions ont été si véhémentes que lors du remaniement de 1984, Tritsis fut démis de son poste de ministre.
Carte 2 : Le Plan régulateur de 1985 suite aux modifications de la loi 2730/1999. Contrairement au plan « Capitale 2000 », le développement de la zone métropolitaine ne se limite pas aux neuf unités administratives mais à une multitude de centres plus ou moins grands formant un réseau
Source: NTUA
Toutefois, le changement de direction au sein du ministère n’a pas empêché l’adoption du Plan régulateur d’Athènes en 1985. L’adoption du Plan régulateur d’Athènes en 1985 et la création de l’Agence du Plan Régulateur d’Athènes (ORSA) par la loi 1515/1985 a sans aucun doute été un moment institutionnel important pour la ville, en ce qu’il entérinait pour la première fois le cadre de son futur développement (Pagonis, 2013; Οικονόμου, 2000; Τριάντης, 2017). Pourtant, comme la pratique l’a démontré, les problèmes de mise en œuvre du Plan et de fonctionnement de l’Agence furent nombreux (Psychogios 07/03/2019 ; Zeikou 19/12/2015 ; Οικονόμου, 2000; Ρωμανός, 2004), à tel point qu’Aristidis Romanos soutiendra qu’il est peu probable « qu’il existe un autre exemple de loi qui ait été annihilée à ce point, tant par les faits que par l’incapacité de l’administration à agir » (Ρωμανός, 2004: 154). Les problématiques majeures peuvent être ainsi résumées:
- Il y a eu une absence de lien avec la planification financière, ce qui a abouti à une incapacité de trouver des ressources pour la mise en œuvre du Plan (Οικονόμου, 2000; Ρωμανός, 2004) [8]. De plus, l’ORSA en particulier n’a pas su jouer son rôle de coordination (Οικονόμου, 2000; Zeikou 12/19/2015). Ceci est lié à la structure même du secteur public, du chevauchement des responsabilités et du système centré sur le ministre, qui ont entraîné des dépendances politiques et une limitation de l’autonomie d’organismes tels que l’ORSA et, plus tard, l’ORTHE (Zeikou 19/12/2015).
- Enfin, le caractère contraignant de la mise en œuvre du Plan et sa relation avec la planification qu’il induisait, résultat de la jurisprudence du Conseil d’État, vont également créer des problèmes importants (Οικονόμου, 2000)
En très peu de temps, le plan commencera à être remis en cause et modifié.
Conclusions-commentaires sur les réformes de la période 1974-1985
L’écartement de Tritsis en 1984, ainsi que la démission de Manos en 1980, sont révélatrices de l’échec global de mise en application de tout effort de réforme en matière de politique foncière, préalable indispensable à l’élaboration d’une politique à Athènes comme dans l’ensemble du pays. L’incapacité à mettre en œuvre les plans et lois approuvés au cours de la période suivante va dans ce même sens.
Tout d’abord, il convient de noter qu’un certain nombre de facteurs exogènes, tels que la crise économique des années 1970 et les efforts d’intégration avec le reste de l’Europe, ont constitué à la fois le socle et les mécanismes pesant en faveur du transfert de politiques et d’idées au niveau national et local. Toutefois, la mise en œuvre de ces politiques a été influencée par les conditions et particularités locales. Cette « exception athénienne » (Παγώνης, 2005), a précisément découlé de l’articulation d’acteurs et sujets locaux avec les conditions (locales et internationales) dans lesquelles ceux-ci ont opéré. En ce qui concerne Athènes en particulier, nous soutenons que le rôle des acteurs-sujets locaux était central dans l’élaboration des politiques et le mode de prise de décision (centré sur l’agence). Il s’agit là d’un effet secondaire de la centralisation, que nous constatons dans d’autres cas nationaux (Andreotti et al. 2001), où les tentatives de contrôle total conduisent à la fois au développement de relations clientélistes et à l’imbrication d’intérêts avec le secteur privé, ainsi qu’à la formation de réseaux et de tendances à l’esprit de clocher importants.
Mais quels furent ces réseaux et acteurs locaux ? Nous distinguons deux niveaux:
Au premier niveau, il convient de mentionner l’appareil et les réseaux du gouvernement central, des ministères compétents et particulièrement de l’ancien ministère de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et des Travaux publics. L’ensemble du système de prises de décisions était déterminé par le ministre et le cabinet ministériel, c’est-à-dire les groupes de conseillers qui se formaient autour du ministre (Zeikou 19/12/2015 ; Papayannis 04/08/2019 ; Kloutsinioti 01/08/2016 ; Psychogios 07/03/2019 ; Pyrgiotis 24/07/2019 ; Romanos 19/01/2018) [9].
Au deuxième niveau, nous avons un grand nombre de groupes d’intérêts hétéroclites : des syndicats, des organisations professionnelles et entrepreneuriales, des organismes scientifiques, des organisations de la société civile, ainsi que des entreprises et des groupes principalement privés, qui ont agi comme des groupes de pression et ont été actifs au niveau national (TEE, SEV, SETE, etc.) mais ont également été prédominants au niveau local.
Selon les cas, ces réseaux ont également fonctionné comme alliés des partis politiques, et ont bien sûr évolué en fonction des conditions économiques et sociales plus larges. En substance, à travers l’échelle locale, le réseau de clientélisme des partis s’est restructuré pendant la transition démocratique (Chorianopoulos, 2012; Lyberaki and Tsakalotos, 2002) [10]. Ce point était crucial, car la capacité de ces réseaux à accéder au pouvoir central, soit en promouvant soit en sapant les politiques, était essentielle à la mise en œuvre de ces dernières. Ainsi, toute la période 1974-1985 est déterminée par les dépendances et les conflits entre les niveaux susmentionnés. C’est dans ce contexte général qu’est élaborée chaque politique.
L’évolution des politiques était liée à l’incapacité de contrôler les intérêts organisés et les réseaux clientélistes qui étaient principalement actifs autour du marché immobilier, tant par la Nouvelle Démocratie que par le PASOK (Παπαγιάννης, 2019.8.4; Πρεβελάκης, 1984). Il faut comprendre que pour ce système, le moment et la manière d’intégrer les propriétés dans le plan d’urbanisme revêtaient une importance fondamentale, c’est pourquoi les lois qui s’y rapportaient, la loi 947/79 et la loi 1337/83, ont concentré l’attention. La résilience de ces mécanismes s’est dévoilée à travers les réactions pendant la période de Manos, et aussi de Tritsis [11]. Ces réactions révèlent à la fois la réticence de larges pans du corps social à accepter des changements qui ébranleraient les pratiques jusqu’alors établies, liées à la micro-propriété et aux différents intérêts concernant l’immobilier [12], et l’incapacité à moderniser le secteur de la construction. En outre, ces réactions peuvent être considérées comme les premières étapes du consensus « de la transition démocratique » de la part des partis de gouvernement (Γιαννακούρου και Καυκαλάς, 2014; Γιαννακούρου, 2019.6.25; Λυγερός, 2011).
Mais nous devons également tenir compte d’un certain nombre d’autres facteurs plus globalement liés au système de gouvernance athénien. Le premiet est que les experts de l’époque n’ont pas su comprendre les tendances réelles déterminant l’évolution d’Athènes et, plus généralement, le cours du modèle d’urbanisation de l’après-guerre (Πρεβελάκης, 2001; Hastaoglou et al., 1987). Les estimations de la croissance démographique de la capitale étaient erronées, car il y a eu une nette stabilisation dans les années 1980. La crise des années 1970 a également ébranlé le modèle de mobilité sociale des décennies précédentes (Μαλούτας 2018). Le résultat de ce processus a été l’étalement urbain d’Athènes et d’autres grands centres urbains de province, institutionnalisé par les extensions « généreuses » des plans d’urbanisme. Deuxièmement, il y a eu une incapacité de l’appareil d’État lui-même à répondre aux exigences de planification et aux besoins techniques qui se sont présentés (Zeikou 19/12/2015 ; Pyrgiotis 24/07/2019) [13]. Ainsi, dans les années 1980, les caractéristiques de base du système/régime de gouvernance d’Athènes qui allait prévaloir tout au long de la période suivante ont commencé à se consolider : le rôle important du secteur privé dans la production de l’espace, l’incapacité à établir des institutions de contrôle et d’élaboration des politiques, et la « réticence » politique à l’égard d’un modèle de gouvernance urbaine particulièrement centralisé.
[1] Cette méthodologie s’inspire fortement des approches néo-institutionnelles de l’étude des politiques urbaines (Peters 2005; 1998; Pierre 1999; 2005; Lowndes 2009; Pierre 1998) et des schémas de pensée qui se focalisent sur le rôle de la politique et des sujets politiques dans la formation des politiques (P. Kantor, Savitch, and Haddock, 1997; Paul Kantor and Savitch, 2005; Sellers, 2002; DiGaetano and Strom, 2003).
[2] La contribution de ce secteur a d’ailleurs été déterminante pour l’ensemble de l’économie grecque tout au long des années 1960. Dans la période 1965-1969, l’investissement dans le logement représentait environ 40 % du total des investissements privés et 9 à 10 % du PIB total (Τριανταφυλλίδης, 1972). Tandis qu’en 1971, la Grèce se classait au premier rang mondial pour la construction de logements neufs pour 1000 individus (Hastaoglou et al., 1987).
[3] Evidemment, cet état de fait devient sensible bien plus tard, à la fin des années 1980.
[4] En mai 1976, Kathimerini écrira que « les problèmes d’urbanisme, d’environnement urbain, de vie quotidienne dans les villes sont proches d’atteindre le seuil de crise ». En 1980, le magazine ANTI consacrera un dossier spécial à Athènes, déclarant qu’« Athènes est une ville a-typique. La qualité de vie, quotidiennement dégradée, est devenue dangereusement problématique. » (ΑΝΤΙ 1980)
[5] Les défis étaient bien sûr de taille. Le problème fondamental, comme le mentionne Kostas Sophoulis, était d’une part de dompter le « monstre de l’industrie de la construction » et l’ensemble des réseaux économiques qui s’étaient tissés autour d’elle et, d’autre part, de renverser les perceptions de larges pans de la société grecque selon lesquelles « on se fait de l’argent grâce aux terrains » (Σοφούλης, 1976).
[6] En réalité, les efforts visant à moderniser le cadre avaient commencé en 1974 à l’initiative de Kyprianos Biris (Σαρηγιάννης, 2000)
[7] Les dispositions de la loi 1337/1983 sur les constructions sauvages comprenaient un certain nombre de dispositions combinant quelques outils visant à faire face à la construction sans autorisation, dont des démolitions et expropriations, ainsi qu’un cadre de régularisation. On estime que le plan du ministère prévoyait la démolition de plus de 3 000 bâtiments non autorisés, ce qui n’a pas été mis en œuvre.
[8] Cela s’est manifesté le plus clairement au niveau des Plans généraux d’urbanisme, où il a été impossible de trouver des ressources pour les expropriations nécessaires et le développement de l’infrastructure sociale.
[9] Une référence particulière doit être faite à ces groupes et réseaux de conseillers techniques, principalement issus du secteur privé mais aussi public. Nous faisons référence aux chercheurs, aux universitaires et, plus généralement, aux « détenteurs de connaissances » (Giannakourou, 2011) qui ont conseillé l’administration publique de multiples façons.
[10] Les municipalités en particulier ont été particulièrement vulnérables aux pressions, ce qui dans de nombreux cas s’est traduit par le viol du cadre législatif (Γιαννακούρου, 2019).
[11] Tritsis lui-même attribuera l’échec des mesures ministérielles à des intérêts organisés. La « confusion, dira-t-il, a été provoquée principalement par désinformation du public de la part d’intérêts qui considéraient et considèrent toujours le logement et l’environnement comme leur affaire privée, à savoir les grands promoteurs, les propriétaires fonciers, les usurpateurs de terrains, les coopératives du bâtiment, les groupes d’entrepreneurs qui pratiquent la construction sauvage, etc. » (Καθημερινή 1984)».
[12] Les résultats de ces pressions se traduiront par la chute rapide des pourcentages du PASOK à Athènes, où il passera de 47% à 37,1%. (Hastaoglou et al., 1987)
[13] Comme le dit Zeikou (29/12/2015), ancienne Directrice de l’aménagement du territoire au ministère de l’Environnement, de l’énergie et du changement climatique, « du temps a été perdu à cause du manque d’infrastructures techniques (cadastre, bases) […] beaucoup de temps et d’argent se sont perdus dans cette orientation de mise à jour des bases. Cette décennie s’est perdue à cause de ça. »
Référence de la notice
Poulios, D. (2023) La réforme incomplète: la régulation de l’espace à Athènes pendant la période de la Metapolitefsi 1978-1985, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/la-reforme-incomplete-a-athenes-pendant-la-metapolitefsi/ , DOI: 10.17902/20971.110
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
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Interviews
- Giannakourou (25/06/2019), Professeur associé Université Nationale Kapodistrienne d’Athènes. Entretien individuel informel.
- Evmolpidis (18/01/2018), Planificateur d’espace et d’urbanisme, conseiller Municipalité d’Athènes. Entretien individuel informel.
- Zeikou (29/12/2015), ancien directeur de l’aménagement du territoire YPEKA. Entretien individuel informel.
- Zifou (28/03/2018), Aménageur Spatial-Urbain, Consultant YPEN (2015-2019). Entretien individuel informel.
- Kaltsa (11/07/2019), Architecte, ancien secrétaire général de l’aménagement du territoire et de l’environnement urbain à YPEN (2009-2011). Entretien individuel informel.
- Kaminis (11/11/2019), ancien Maire d’Athènes (2011-2019). Entretien individuel informel.
- Klampatsea (18/10/2019), Professeur associé NTUA, Secrétaire général de la conception spatiale et de l’environnement urbain à YPEN (2015-2019). Entretien individuel informel.
- Kloutsinioti (01/08/2016), Aménageur Spatial-Urbain. Entretien individuel informel.
- Ikonomou (14/09/2017), Professeur Université de Thessalie, Vice-Ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement YPEN (2019-2020). Entretien individuel informel.
- Polyzos (22/11/2019), Professeur NTUA, Directeur de l’ETAD (2018-2020). Entretien individuel informel.
- Pyrgiotis (24/07/2019), Architecte-urbaniste, membre du conseil d’administration « Athènes 2004 », secrétaire général du tourisme et des infrastructures culturelles – politique et développement du tourisme (2009-2015). Entretien individuel informel.