Le Pirée et la COSCO
Chlomoudis Constantinos
Infrastructures, Transports, Économie
2015 | Déc
C’est en 1930 qu’est créé l’Organisme du port du Pirée (OLP) sous la forme d’une personne morale de droit public. L’évolution spatiale des terminaux de l’Organisme après les années 70 a changé la donne concernant la relation ville-port, l’Organisme entretenant désormais des interactions avec d’autres municipalités urbaines côtières en plus du Pirée. Les terminaux portuaires de l’Organisme fonctionnent désormais à de nombreux emplacements différents : à Perama, avec le terminal des conteneurs (SEMPO) et la zone de radoub, à Keratsini-Drapatsona avec le terminal automobile, au Pirée avec le port passagers. Depuis 1999, cet organisme économique fonctionne comme une personne morale de droit privé ; depuis 2003, il est introduit en bourse, 25% de ses actions étant disponibles sur le marché financier. En 2005, le gouvernement a choisi d’ouvrir au secteur privé la prestation de services portuaires dans les terminaux de conteneurs du Pirée et de Salonique (OLT). En 2008 ont été lancés des appels d’offre internationaux pour la concession (35+5 ans) du Terminal de conteneurs (SEMPO) du Pirée, en particulier pour le seul Quai II dans la région de Perama.
En avril 2009, le Parlement a adopté la loi 3755/09 ratifiant la convention entre les deux sociétés OLP et SEP (Terminal des conteneurs du Pirée S.A.) qui concédait le Quai II de SEMPO intégralement achevé et opérant pleinement, au port du Pirée, avec tout son équipement mécanique, ainsi que la construction de la partie est du Quai III pour 35+5 ans, par le biais d’un accord bilatéral entre États.
L’Organisme du Pirée, de petit port régional, est devenu un port central de l’Union européenne (le 6e désormais). Selon les estimations de la Banque nationale, on aura fait transiter par le Pirée en 2015, 4,7 mios. de conteneurs (TEUs) au lieu de 3 mios. en 2012 ; cela devrait rapporter à l’économie grecque des revenus de l’ordre de 900 millions d’euros, soit une valeur ajoutée de l’ordre de 0,4% du PIB, avec environ 9000 nouveaux emplois créés. Les analystes de la Banque nationale soulignent que, outre le profit immédiat dû à l’accroissement du trafic des conteneurs, on peut s’attendre à un impact à long terme important sur le développement d’un réseau d’entreprises autour du port du Pirée.
« Nous estimons que d’ici 2018, la valeur ajoutée augmentera de 1,1 mia. d’euros pour les entreprises directement liées à la marine marchande et de 2,1 mias. pour le réseau élargi des entreprises –principalement logistiques et industrielles– qui se concentrent dans la région, du fait de l’augmentation des activités ».
Parallèlement il devrait y avoir un impact indirect de l’ordre de 1,9 mias. d’euros dû à l’augmentation de la production des secteurs ne faisant pas partie de ce réseau –principalement les fournisseurs. Si l’on additionne les retombées ci-dessus induites par l’extension du réseau des entreprises autour de toute la zone des terminaux portuaires de l’Organisme, l’augmentation totale de la valeur ajoutée approche les 5,1 mias. d’euros d’ici 2018 soit 2,5% du PIB, avec la création de 125 000 emplois environ.
L’OLP est un organisme « d’autorité publique et d’activité entrepreneuriale ». Il fonctionne de manière autonome, grâce à un système de 322 concessions accordées à des organismes privés, dont la plus importante est la Convention de concession des terminaux de conteneurs à la société SEP S.A., une filiale de Cosco Pacific Ltd (VAN : 678 mios. d’euros). Une nouvelle convention d’affaires d’une valeur de 230 mios. d’euros est déjà en chantier, avec la même société. OLP S.A. réalise des travaux d’investissements avec des fonds communautaires à hauteur de 150 mios. d’euros. La loi 4150/2013 prévoit la création d’une holding « Système portuaire de l’Attique », regroupant en plus de OLP S.A., trois autres S.A. portuaires, Rafina, Lavrio et Elefsina. Elle fait désormais partie des Réseaux transeuropéens (RTE-Τ) et pourrait à ce titre bénéficier de subventions du Fonds « Connecter l’Europe », dont le budget se monte à 23 mias. d’euros.
Dans les années des mémorandums, les gouvernements ont choisi la procédure de l’appel d’offre international pour céder 67% des actions de l’OLP. L’ouverture des propositions a eu lieu le mardi 12 janvier 2015, et l’on connaît les estimations de la valeur de l’OLP des deux experts désignés par le Fonds de développement des biens de la République hellénique (ΤΑΙPED).
La procédure de cession de ces actions s’accompagne de l’engagement de la part de tout acheteur potentiel, indépendamment du montant de l’offre, d’investir 340 mios. d’euros dans le port du Pirée, principalement pour développer les croisières par des travaux portuaires, de nouveaux bassins de radoub et de nouvelles infrastructures dans la zone des chantiers navals.
L’Organisme du Pirée est la plus grande entreprise de l’industrie portuaire du pays et l’un des plus grands ports d’Europe. C’est un port avec de multiples activités, dont les installations terrestres (quais) couvrent une superficie de 37,7 km2 : il dessert les principaux secteurs d’activité d’un marché portuaire :
- trafic des conteneurs (zone de la municipalité de Perama),
- trafic automobile (zone de la municipalité de Keratsini-Drapetsona),
- croisières (zone de la municipalité du Pirée),
- trafic passagers (zone de la municipalité du Pirée) et
- travaux de radoub par le biais de la location de locaux et de bassins (zone de la municipalité de Perama).
Il est évident à partir des éléments ci-dessus que l’OLP ne dépend pas des fluctuations d’un seul secteur, comme d’autres ports ou terminaux. Ce n’est pas seulement un port pour conteneurs (SEMPO), ou seulement un port pour croisières, ou un terminal automobile, ou un port desservant uniquement le trafic des passagers. Il est tout cela à la fois ; c’est à la fois un avantage et une stratégie de développement face à d’éventuelles crises sectorielles à venir. Toutes les externalités de ces activités partielles influent de façon positive sur toute la région du Pirée, sur son agglomération urbaine, mais aussi sur l’ensemble de l’économie.
Référence de la notice
Chlomoudis, C. (2015) Le Pirée et la COSCO, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/le-piree-et-la-cosco/ , DOI: 10.17902/20971.47
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
Références
- Χλωμούδης Κ (2011) Τάσεις και Εξελίξεις στη Λιμενική Βιομηχανία: Λιμενικές Επιχειρήσεις & Συστήματα στην Εποχή της Οργάνωσης & Λειτουργίας Ανταγωνιστικών Λιμανιών. Αθήνα: Παπαζήσης.
- Voumvaki F, Savva M and Koutouzou A (2013) Container Ports: An Engine of Growth. Athens. Available from: https://www.nbg.gr/greek/the-group/press-office/e-spot/reports/Documents/Container_Ports_2013.pdf.