Les abris d’Athènes 1936-1940
2019 | Juin
Le régime du « 04 août » de Ioannis Metaxas, qui s’empara du pouvoir en 1936, avait le sentiment qu’une guerre généralisée en Europe était une sérieuse éventualité. Parallèlement à cela, il avait intégré l’idée que l’avion de combat constituerait l’arme dominante des futurs champs de bataille, et que les bombardements frappant le tissu urbain (avec des pertes prévisibles parmi les civils), seraient hautement probables (Εθνική Ένωσις Αεροχημικής Προστασίας/ Union nationale de protection aérochimique 1936). Face à ce risque, le gouvernement Metaxas se lança dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un vaste programme de Protection Civile (Βλάσσης 2013), La principale composante de ce programme fut la construction du plus grand nombre possible d’abris souterrains anti-aériens. La nature, ainsi que la dimension de ces abris, variait selon les cas : de simples galeries de quelques mètres ou des caves de quelques mètres carrés, jusqu’à des abris aménagés de centaines de mètres carrés, disposant de sanitaires, de réservoirs d’eau, et composés d’une grande quantité de compartiments et d’espaces annexes (Κυρίμης 2017).
Photo 1: Exemple d’abri avec des sanitaires et un réservoir d’eau autonome
La construction obligatoire d’abris dans des lieux publics et des infrastructures névralgiques (bâtiments gouvernementaux, ports, gares, industries, raffineries et autres) a été légalement imposée par des Lois d’Urgence (Πετράκη 2014) .
Photo 2: Plan d’un abri dans une raffinerie
Parallèlement, la construction d’abris fut imposée dans chaque bâtiment nouvellement construit de trois étages ou plus (rez-de chaussée compris). En réalité, la soumission d’un plan d’abris aux services de la Défense aérienne, ainsi que l’approbation de celui-ci, constituait une condition indispensable à la délivrance d’un permis de construire pour n’importe quel type de bâtiment (ΓΕΣ/ΔΙΣ Φάκελος 766/Β/11).
Photo 3: Abri dans un immeuble de Kolonaki
En dépit des mesures que nous venons d’évoquer, les abris qui étaient construits ne suffisaient pas à assurer la protection de l’ensemble des habitants de l’Attique. Ainsi, de nombreux lieux déjà existants (sous-sol de bâtiments, conduits miniers, cavernes, anciennes carrières, etc.) furent renforcés et reconvertis en abris.
Photo 4: Galerie taillée dans la roche et utilisée comme abri
Selon le général Papagos, au cours de la période 1936-40, 400 abris publics furent construits, susceptibles de protéger près de 40 000 personnes (Παπάγος, 1997). Dans le même temps, c’est au moins 5 000 abris privés qui furent construits, assurant une protection à plusieurs dizaines de milliers de citoyens. Avec un peu d’exagération, nous pourrions soutenir qu’au cours de la période considérée, une « ville sous la ville » fut construite.
Photo 5: A shelter under a factory, partially filled with water
Du point de vue de la construction, les abris étaient régis par un cadre réglementaire particulièrement rigide («Τεχνικαί Οδηγίαι δια την μελέτην…» 1941). L’organisme étatique compétent était la Direction Supérieure de la Défense Anti-aérienne (DSDA – ΑΔΑΑ en grec), dirigée tant par le personnel militaire (en premier lieu des officiers du génie) que civil (professeurs de l’École Polytechnique Nationale d’Athènes, et des ingénieurs civils). Les règlements (et leurs fréquentes révisions) portaient sur l’ensemble des éléments composant les abris : épaisseur des murs, matériaux de construction, dimensions, nature des différents lieux, agencement, etc.
Photo 6: Couloir souterrain d’un abri
Chaque abri devait obligatoirement disposer d’une sortie de secours située au point diamétralement opposé de l’entrée principale. En empruntant cette sortie de secours – et souvent en ouvrant une trappe métallique dans le toit – il était possible de gagner en toute sécurité l’espace extérieur le plus proche.
Photo 7: Exemple-type de sortie de secours dans un abri
Autre caractéristique des abris de cette époque, les lourdes portes blindées qui condamnaient hermétiquement les abris vis-à-vis de l’air et de l’eau. De même, l’abri lui-même ainsi que ses portes était encadré par de strictes spécifications (dimensions des portes, densité des métaux, etc.). Ce cadre était défini par le Comité de Contrôle du Renforcement des Abris (CCRA – ΕΕΔΚ en grec), et constituait en fait une déclinaison grecque des spécifications allemandes équivalentes.
Photo 8: Une lourde porte blindée
Le problème posé par la rigueur de ces spécifications était que jusqu’en 1938 il n’existait en Grèce aucune industrie ni artisanat susceptible de produire des portes blindées répondant à des standards si élevés. Ce qui mena à l’importation de portes provenant d’Allemagne. Cette pratique déboucha sur le paradoxe historique suivant, que le pays qui fournissait la Grèce en moyens de protection fut celui qui l’attaqua quelques années plus tard.
Photo 9: Porte blindée de fabrication allemande, dans un abri de Syntagma
A l’intérieur d’un abri, il était prévu que chaque individu puisse disposer d’une surface de 0,8 mètres carrés, et d’un volume de 3 mètres cubes. Cet espace/volume rendait possible un séjour de 3 heures dans l’abri, sous réserve d’immobilité complète. Dans le cas où à l’intérieur d’un abri, il était nécessaire d’accomplir un travail, ou que l’espace était insuffisant pour tous, l’installation d’un système d’aération devenait impératif.
Photo 10: Descente dans la sombre galerie d’un abri de 1938
L’entrée dans un abri était un processus complexe : chacun devait d’abord pénétrer dans le sas d’entrée (le « coupe-gaz », comme il fut officiellement appelé) De là, les personnes en bonne santé pouvaient passer directement dans l’une des chambres principales. A l’inverse, les « gazés » (ceux qui avaient été exposés à des gaz chimiques) devaient d’abord passer par une chambre spéciale de désinfection avant que ne leur soit autorisée l’entrée à l’intérieur de l’abri.
Photo 11: La galerie centrale d’un abri au sein d’une unité de production de la Compagnie d’électricité
L’abri le plus solide d’Athènes était celui du « Palais du Fonds d’Investissement de l’Armée » (où se trouve actuellement le centre commercial Attica). Alors que les règles en vigueur rendaient obligatoire une épaisseur de 30 centimètres de béton armé pour les murs, l’abri du PFIA disposait de murs d’un mètre d’épaisseur. Cela n’échappa pas à l’attention des services de l’armée, qui dédièrent une partie de l’abri à l’hébergement de services de télécommunication de première importance.
Un autre exemple emblématique d’abri de cette époque est celui qui se trouvait sur la colline de l’Arditos. Sa superficie utile était d’environ 5 000 mètre carrés et il disposait de la plus grande pièce centrale de toute l’Attique (5 x 35 mètres, pour une hauteur de 5 mètres). Il pouvait héberger autour de 1 300 personnes.
Photo 12: Galerie de l’abri de l’Arditos
Plus l’année 1940 approchait, et plus les préparatifs militaires épuisaient les stocks de matières premières, et notamment de fer. Résultat de ces pénuries, la structure de nombreux abris fut renforcée au moyen de différentes « innovations ». Un exemple caractéristique est celui des abris se trouvant sous les gares ferroviaires, qui furent renforcées par de vieux rails de chemin de fer.
Photo 13: Entrée d’abri dont la structure est renforcée (entre autres) par de vieux rails
Cependant, aucune infrastructure ne peut suffire sans formation intensive de ceux qui auront à l’utiliser. Le régime Metaxas prit des mesures visant à éclairer et à former la population urbaine sur les questions de défense aérienne (Αντωνόπουλος 1940). L’Organisation Nationale de la Jeunesse (ONJ, émanation du régime – Εθνική Οργάνωση Νεολαίας (EON) en grec) y joua un rôle significatif, ses membres recevant régulièrement une formation à ce sujet (Μάνθος 1941) et encadrant les organismes de défense aérienne (unités de pompiers, de déblaiement de ruines, de transport de blessés, etc.). De plus, ils prenaient en charge la distribution auprès de la population du matériel d’information relatif à la défense aérienne.
Photo 14: Abri d’évacuation. Une échelle métallique de 7 mètres mène sous le trottoir de la rue Karagiorgi Servias
Dans le même temps, l’idée de « communauté de défense aérienne » fit l’objet d’une législation (Αγγελέας 1940); celle-ci était composée de toutes les personnes supposées se réfugier dans un même abri en cas de besoin. Une « communauté de défense aérienne » pouvait donc correspondre à une famille (dans le cas d’un abri privé), aux habitants d’un immeuble (abri d’immeuble), aux résidents d’un quartier (abri public) ou à l’ensemble des travailleurs dans un lieu donné (abri d’usine). Le chef de chaque communauté de défense aérienne était appelé « concierge » (littéralement gardien de la maison).
Les concierges devaient faire preuve d’un certain nombre de qualités telles que le courage, une bonne condition physique, de l’éducation, du sang-froid et du charisme. Pour l’attribution du titre de concierge, il était obligatoire de passer par une « école de conciergerie » d’État spécialisée, pour une durée de 1 à 4 semaines (en fonction de la dimension de chaque Communauté de défense aérienne). Au cours de la période de paix, le concierge veillait à transmettre ses connaissances aux autres membres de la communauté et à maintenir l’abri en bon état. En cas d’exercices ou de guerre, il veillait à l’ouverture de l’abri, à la protection de la communauté, et au respect des règles pré-établies. Le concierge était le maillon reliant la Communauté de Défense Aérienne et la Défense Aérienne officielle. Dans chaque Communauté de Défense Aérienne figurait au moins un concierge remplaçant. De plus, pour remplir cette fonction, on choisissait des hommes hors d’âge d’être mobilisés (17-19 ans, ou 45 et plus), de façon à ce que même en cas de mobilisation générale, la communauté ne soit pas privée de son « chef » naturel. Le concierge était secondé dans ses fonctions par un « pompier » et une « infirmière », chacun ayant ses propres tâches (Γαλανάκης 1940).
Photo 15: Galerie dans un abri proche du Jardin national
De nos jours, cet « embrigadement » de la population civile peut sembler terrifiant. L’idée de réaliser régulièrement des exercices dans des sous-sols et des galeries sombres génère certainement de l’anxiété. Cependant, pour les Athéniens de cette époque, les abris faisaient partie intégrante de leur vie quotidienne (« Défense aérienne familiale (directives aux habitants) » 1938). Ils furent même un élément facilitant le brassage social ; des gens qui jusqu’à présent ne se connaissaient pas entre eux, étaient appelés à coopérer dans le cadre d’un exercice de défense aérienne, ou à survivre ensemble dans un espace souterrain, dans des conditions de bombardements aériens. La familiarisation des Athéniens avec les abris était telle, que Kostas Varnalis (1941) les qualifiait d’ « abrités » et de façon éloquente écrivait : « Les abris – bien qu’ils s’agissent de sombres sous-sols, très souvent humides – sont de véritables « lieux de récréation » ! On peut y trouver de nombreux inconnus, mais aussi des personnes que l’on connaît. Ils y entrent tranquillement, comme s’ils étaient chez eux, et y restent. La plupart des gens sortent leur journal et se plongent dans la lecture, pour tuer le temps. Des dames ou des filles sortent de leurs sacs un tricot et s’y mettent, ou lisent un roman. Et lorsque la sirène siffle la dispersion, personne n’est pressé de sortir. Tel un fleuve tranquille, les gens de tous âges se dirigent vers la sortie lentement et avec sérieux, comme des personnes sortant de chez eux. Car tous les « abrités » ont le sentiment que l’abri est leur chez-soi. »
Photo 16 : Une pièce de l’abri d’un immeuble
Avec le début de l’occupation, de nombreux abris furent réquisitionnés par les Allemands et utilisés comme prisons. Des lieux conçus pour sauver les Grecs devinrent les lieux de leur martyr. Les bâtiments se trouvant au 4 de la rue Koraï et au 7 de la rue Zalokosta, en sont des exemples caractéristiques. Mais l’occupation n’a pas sonné la fin de l’utilisation des abris. Ces lieux étaient destinés à protéger à nouveau les citoyens de l’Attique. Lors des bombardements du Pirée (11/01/1944) par l’aviation alliée, les citoyens fuirent à nouveau dans les abris (qu’ils avaient abandonnés en 1941), pour survivre. Enfin, peu avant 1945 les abris protégèrent les Athéniens une ultime fois. L’éclatement des « journées de décembre » 1944 contraignit de nombreux Athéniens à chercher une protection dans les abris, lieux qu’ils connaissaient bien.
Photo 17: A la recherche d’une protection, quelques mètres sous terre
Après la fin de la seconde guerre mondiale, l’utilité des abris se trouva nettement réduite pour devenir nulle quelques décennies plus tard, étant donné que les évolutions de l’industrie de guerre les avaient rendus obsolètes en tant que moyens de protection. Par suite de ces évolutions, la plupart des abris furent comblés, transformés en caves ou disparurent sous les constructions ultérieures. De nos jours, tous ceux qui subsistent se trouvent littéralement sous nos pieds. Nous marchons au-dessus d’eux, pressés et indifférents, ignorant leur existence, ainsi que l’histoire qui les entoure. Ils dissimulent leur empreinte historique et ne laissent entrevoir les signes de leur existence qu’aux observateurs « initiés ».
Photo 18: Un couvercle apparemment innocent sur le trottoir est en fait la sortie de secours d’un ancien abri
En dépit de leur disparition progressive, les abris sont parvenus à s’inscrire dans l’inconscient collectif des Athéniens (y compris de ceux qui ne les avaient jamais visités). Oubliés, souterrains, sombres et labyrinthiques, ces lieux stimulaient l’imagination au point de nourrir de nombreuses légendes urbaines. Les histoires selon lesquelles untel était entré dans un vieil abri souterrain et – après avoir traversé un dédale de galeries – était sorti en un autre point d’Athènes, étaient assez répandues. Selon la théorie des tenants de l’ « Attique Souterraine Secrète », de nombreux abris étaient reliés entre eux, mais aussi avec le Parlement, le Jardin National, la grotte du Pentélique, et d’autres endroits encore. Pourtant, des recherches historiques de terrain ont démontré qu’il ne s’agissait que de mythes (Κυρίμης 2015).
Les abris étaient de dimension limitée et ne correspondaient pas entre eux, ni avec n’importe quel autre endroit. Sans que cela n’enlève rien à l’ « aura mystérieuse » que – de manière justifiée, jusqu’à un certain point – ces lieux exerçaient.
Photo 19: Sortie de secours d’abri. Lieux mythiques et légendes urbaines
La perte d’utilité des abris ne signifie pas pour autant la perte de leur valeur historique. Dans d’autres villes européennes, ces lieux ont été rénovés et rendus visitables. Athènes, ville comportant des centaines d’abris, manque de telles initiatives. Il serait éminemment positif, dans l’avenir immédiat, que soit remis en état au moins l’un d’entre eux et qu’il soit transformé en « véhicule » faisant « voyager » ses visiteurs dans les époques troublées (mais en même temps particulièrement intéressantes), qui constituèrent une part importante de l’histoire moderne.
Photo 20: Entrée à l’intérieur d’un abri anti-aérien souterrain dans une célèbre station de métro
Remerciements :
Toutes les photographies du présent article sont originales, et résultent d’une recherche personnelle de terrain. Bon nombre d’entre elles ont été prises par nos amis et collaborateurs Yannis Arseniadis et Marios Michailos, que je remercie chaleureusement pour leur aide.
Référence de la notice
Kyrimis, K. (2019) Les abris d’Athènes 1936-1940, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/les-abris-dathenes-1936-1940/ , DOI: 10.17902/20971.90
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
Références
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