Mobilité sociale intergénérationnelle : inégalité sociale des jeunes en matière d’accès à l’éducation et à l’emploi dans les années 2000*
2016 | Fév
Reproduction des inégalités au travers de l’éducation et espace urbain
Les inégalités sociales se reproduisent de façon systématique tant que l’origine sociale des jeunes continue de déterminer dans une large mesure leur parcours vers la position sociale qu’ils occuperont finalement, démentant les promesses libérales sur l’égalité des chances. L’éducation, dans les sociétés occidentales en tout cas, constitue un mécanisme privilégié et un domaine dans lequel des individus d’origine sociale différente forment systématiquement des conditions inégales pour leur parcours social (Moore 2004).
La démocratisation des études de la période contemporaine a permis à de larges groupes sociaux d’avoir accès à des emplois, mais aussi au pouvoir, qui constituaient jusque là un privilège héréditaire. La démocratisation a été progressive, elle a rallongé les cursus scolaires, augmenté le niveau moyen d’éducation ainsi que la participation des catégories sociales inférieures à tous les niveaux de l’éducation (Moore 2004). Cela a permis d’accroître la mobilité sociale, mais l’inégalité a continué de se reproduire systématiquement : l’accès aux capacités scolaires de plus en plus élevées exigées par les emplois convoités demeure inégal avec une remarquable stabilité (Duru-Bellat 2006).
En même temps, l’éducation constitue un mécanisme qui légitime le résultat socialement inégal qu’elle produit, en attribuant les capacités scolaires inégales aux caractéristiques personnelles inégales des individus et, surtout, à leurs capacités inégales et aux efforts inégaux qu’ils ont consentis pour y arriver (Duru-Bellat 2009, Dubet et al. 2010).
Les politiques qui ont augmenté les choix scolaires s’offrant aux parents au cours des dernières décennies là où prédominaient des idées néolibérales et des stratégies politiques, ont renforcé le développement de stratégies éducationnelles par les classes moyennes (Oria et al. 2007). Ces politiques ont eu pour résultat l’augmentation des inégalités sociales (Power et al. 2003, Dubet et al. 2010, Dronkers et al. 2010, Oberti et al. 2012, Merle 2012).
L’intensité des stratégies éducationnelles familiales et leurs retombées sur l’inégalité sociale sont liées évidemment au développement des classes moyennes. Les choses ont changé de façon significative depuis le moment où les classes moyennes représentaient une petite minorité. Dans l’après-guerre elles ont connu une augmentation importante, tandis que dans les dernières décennies, elles ont présenté une importante différenciation interne.
La mondialisation capitaliste et la restructuration économique ont accru les inégalités sociales. Dans les principales métropoles du monde occidental, cette intensification a pris la forme d’une polarisation sociale (Sassen 1991) et l’écart entre les groupes à haut revenu et à bas revenu s’est creusé de façon importante (Hamnett 2003). L’inégalité s’est moins marquée dans les métropoles plus petites, où la pression de la mondialisation sur le marché local de l’emploi est en règle générale plus limitée. En tous les cas, la prédominance de modèles néolibéraux de régulation sociale a alimenté l’écart des inégalités, tandis que les conséquences étaient moins nombreuses là où il y a eu de la résistance au démantèlement des systèmes d’assistance (Hamnett 1996).
L’éducation constitue depuis longtemps pour les familles grecques un champ d’investissement privilégié, investissement indissolublement imbriqué dans la mobilité sociale accrue de l’après-guerre. De nombreux chercheurs ont analysé le rôle de l’éducation dans la reproduction de l’inégalité sociale (Λαμπίρη Δημάκη 1974,Τσουκαλάς 1977, Φραγκουδάκη 1985, Κάτσικας & Καββαδίας 1994, Κοντογιαννοπούλου Πολυδωρίδη 1995, Κασσωτάκης 1996, Panayotopoulos 2000, Sianou-Kyrgiou 2006, Sianou-Kyrgiou 2008, Χατζηγιάννη & Βαλάση 2009, Θάνος 2010 & 2012).
Les données du recensement de 2001 ont permis de repérer la différenciation socio-spatiale importante induite par l’éducation (Maloutas , 2006). Plus récemment, l’exploitation d’une grande base de données avec les caractéristiques et les résultats de tous ceux qui ont participé aux examens nationaux en 2004-2005 en Attique a permis d’étudier le rapport entre résultats, école et domicile (Maloutas et al. 2013). Le rôle important de l’enseignement privé, l’emplacement des écoles privées et l’accès à ces écoles, ainsi que les particularités du marché du logement – en particulier le taux élevé de logements privés et la faible mobilité de logement (Allen et al. 2004)- constituent des facteurs essentiels pour interpréter le lien entre les stratégies de choix du lieu de séjour développées par les ménages des classes moyennes et supérieures, et leurs effets sur la reproduction des inégalités sociales.
Nous concentrerons ici notre attention exclusivement sur les formes de reproduction des positions sociales pour différents groupes sociaux à Athènes. L’objet de cette recherche est d’étudier la différenciation sociale tout au long du cursus scolaire, la corrélation entre la catégorie professionnelle des parents et des enfants, et le rôle du domicile.
Objectif et choix méthodologiques
L’objectif est de faire ressortir les tendances de la mobilité sociale à Athènes au cours d’une période déterminée (2001-2011) qui commence une fois terminée la mobilité sociale longue et intense de l’après-guerre et se termine au moment où la présente crise se fait désormais sentir. Les tendances à la mobilité intergénérationnelle s’appuient sur la corrélation entre la position sociale des parents et celle de leurs enfants selon les données des recensements de 2001 et de 2011.
Pour étudier la mobilité sociale, on utilise habituellement de grandes enquêtes par échantillonnage, de manière à rendre possible l’analyse du passage intergénérationnel entre catégories professionnelles avec le degré de détail recherché. On utilise également des enquêtes sur le terrain avec échantillon fixe (panel), de manière à contrôler les changements des tendances observées au fil du temps. Les recherches de Goldthorpe (1980) sur la mobilité sociale en Grande-Bretagne sont parmi les plus complètes et les plus caractéristiques du genre.
On essaiera ici de repérer les schémas de mobilité sociale en utilisant une approche alternative : l’étude des données détaillées des recensements de 2001 et de 2011 (ELSTAT-ΕΚΚΕ 2015).
Cette approche repose sur le constat que à Athènes –mais aussi dans l’Europe du Sud plus généralement– la cohabitation intergénérationnelle, qui résulte du fait que les jeunes prennent relativement tard leur indépendance par rapport au foyer parental, donne la possibilité de repérer des formes de mobilité en corrélant des particularités (professionnelles et autres) des membres du foyer en fonction de la place de chacun(e) dans la famille nucléaire. Ce qui est valable pour le sud de l’Europe n’est pas valable pour des pays où les jeunes deviennent indépendants du foyer de leurs parents habituellement avant d’avoir une profession particulière. La cohabitation intergénérationnelle de longue durée en Europe du Sud offre cette possibilité de recherche, à la condition bien sûr que tous ceux qui restent au foyer parental pour une longue durée ne diffèrent pas de façon significative des autres de la même tranche d’âge, ce que nous verrons par la suite.
Les questions que nous avons posées au matériel des recensements –qui évidemment sont limitées– sont les suivantes :
- Le calcul de la longueur des cursus scolaires pour la tranche d’âge 15-29 ans (tous ceux qui sont nés entre 1972 et 1987 pour le recensement de 2001 et entre 1982 et 1997 pour celui de 2011) par rapport au statut social du ménage parental. Cela nous donne une première image des inégalités en matière de mobilité sociale, dans le sens que pour un statut social différent des parents on voit une longueur différente du cursus scolaire de leurs enfants.
- La corrélation de la catégorie professionnelle de ceux qui continuent d’habiter chez leurs parents et appartiennent à la tranche d’âge 22-34 ans (tous ceux qui sont nés entre 1967 et 1980 pour le recensement de 2001 et entre 1977 et 1990 pour celui de 2011) avec le statut social du ménage parental. Cela nous donne sur la relation entre des situations professionnelles précises des parents et des enfants, une image directe des formes et des tendances de la mobilité sociale.
- Le rôle que joue le quartier de domicile sur la mobilité sociale, examiné par le biais de la comparaison des formes et des tendances de la mobilité concernant le même groupe social dans des quartiers de domicile avec un statut social différent.
Pour compléter le facteur fondamental de la position sociale, nous avons examiné également le rôle joué par le sexe et l’appartenance ethnique dans la formation des formes et tendances de la mobilité sociale.
Le point méthodologique le plus important en l’occurrence est la manière dont est défini le statut social du ménage parental. Étant donné le caractère exploratoire de la présente recherche, nous avons choisi de ne prendre en considération que la profession du père [1].
Jeunes habitant chez leurs parents
L’intégration de plus en plus difficile des jeunes dans le marché de l’emploi et l’élargissement des inégalités sociales ont abouti à une augmentation du pourcentage des jeunes qui quittent le foyer parental de plus en plus tard. Selon une recherche EUROFOUND sur les jeunes de 18-29 ans en Europe, le pourcentage de ceux qui résident avec leurs parents a passé de 44% en 2007 à 48% en 2011. La Grèce se trouve près de la moyenne avec 37% et 46% respectivement, tandis que l’Italie et certains pays de l’Europe de l’Est (Hongrie, Slovénie, Lituanie) présentent des pourcentages passablement plus élevés avec une accélération importante (http://www.theguardian.com/news/datablog/2014/mar/24/young-adults-still-living-with-parents-europe-country-breakdown). La tendance à la hausse concerne également des pays où traditionnellement ces pourcentages étaient réduits, comme le Royaume-Uni, où le pourcentage des jeunes de 20-34 ans habitant chez leurs parents a passé de 21% en 1996 à 26% en 2013 (http://www.bbc.com/news/uk-25827061).
Selon les données des deux derniers recensements, le pourcentage des jeunes de 22-34 ans habitant chez leurs parents à Athènes a passé de 35,4% en 2001 à 39,3% en 2011. Cette augmentation semble concerner surtout les jeunes chômeurs (tableau 1), mais par ailleurs le pourcentage des jeunes qui travaillent et habitent chez leurs parents représente plus de 1/3.
Tableau 1 : Répartition des jeunes entre 22 et 34 ans vivant chez leurs parents par rapport à leur emploi principal à Athènes
Figure 1 : Répartition des jeunes Grecs et Grecques vivant chez leurs parents à Athènes en 2011
La cohabitation chez les parents concernent plus les hommes (43,6%) que les femmes (34,9%, figure 1), phénomène que l’on observe également au niveau international. Parallèlement, cela concerne plus les Grecs de souche (44,1%) que les migrants (17,3%), parmi lesquels nous avons rangé ceux qui viennent de l’Europe de l’Est (à l’exception des pays de l’Eurozone), du Maghreb, du Moyen-Orient et du sous-continent indien.
Les jeunes habitant chez leurs parents sont-ils représentatifs ?
Pour évaluer la représentativité des jeunes habitant chez leurs parents par rapport à l’ensemble des jeunes de leur âge, nous avons comparé toute une série de caractéristiques de ces deux groupes.
Les Grecs de souche de 15-29 ans qui habitent chez leurs parents présentent presque la même longueur de cursus scolaire que l’ensemble des jeunes de leur âge. Entre 2001 et 2011, on ne constate qu’un très léger rallongement de ces cursus pour les premiers. Ce qui n’est pas le cas pour les jeunes migrants, qui présentent des cursus scolaires significativement plus longs lorsqu’ils habitent avec leurs parents. Cette différence doit refléter les conditions différentes entre la première et la deuxième génération des migrants.
En ce qui concerne le chômage, les jeunes de 15-29 ans qui habitent chez leurs parents en 2001 ne diffèrent pas de façon significative de l’ensemble, tandis que pour 2011, le chômage semble être une raison importante pour habiter chez ses parents.
Les jeunes habitant chez leurs parents ne semblent pas se différencier des autres de la même tranche d’âge en ce qui concerne les catégories professionnelles auxquelles ils appartiennent. Sur la base d’un classement brut en catégories professionnelles supérieure, intermédiaire, artisanale et sans spécialisation, les deux groupes de jeunes présentent des répartitions parallèles. En 2011, d’ailleurs les différences entre eux diminuent encore (figures 2 et 3).
Figure 2 : Répartition des jeunes entre 22 et 34 ans par catégorie professionnelle à Athènes en 2001
Figure 3 : Répartition des jeunes entre 22 et 34 ans par catégorie professionnelle à Athènes en 2011
Pour les jeunes migrants, la situation est relativement différente. Pour ceux originaires de l’Europe de l’Est, du Moyen-Orient et du Maghreb, les professions exercées par ceux qui habitent chez leurs parents sont significativement supérieures, tandis que pour ceux qui sont originaires du sous-continent indien, les professions sont tout aussi inférieures dans les deux cas (figures 4, 5 et 6), ce qui confirme la hiérarchie sociale entre groupes ethniques (Kandylis et al. 2012).
Figure 4 : Répartition des jeunes entre 22 et 34 ans originaires de pays de l’Europe de l’Est par catégorie professionnelle à Athènes en 2011
Figure 5 : Répartition des jeunes entre 22 et 34 ans originaires de pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient par catégorie professionnelle à Athènes en 2011
Figure 6 : Répartition des jeunes entre 22 et 34 ans originaires de pays du sous-continent indien par catégorie professionnelle à Athènes en 2011
Pour récapituler ce qui précède, nous constatons que les jeunes qui habitent chez leurs parents présentent quasiment les mêmes caractéristiques que l’ensemble de leur tranche d’âge en ce qui concerne la longueur du cursus scolaire et leur répartition en catégories professionnelles larges. Cette similarité est quasi-totale pour les Grecs de souche, tandis que pour les jeunes migrants ou les descendants de migrants, on observe des différences importantes, tant en ce qui concerne la durée du cursus scolaire qu’en ce qui concerne la répartition par catégories professionnelles.
Tendances de la mobilité sociale dans les années 2000
Éducation
Ce qui caractérise la décennie 2000, selon les résultats des recensements de 2001 et de 2011, c’est le rallongement net des cursus scolaires (Figure 7).
Figure 7 : Répartition des étudiants entre 15 et 29 ans à Athènes en 2011
La courbe de 2011 par rapport à celle de 2001 montre que le cycle de 12 ans tend à être suivi par quasi l’ensemble des jeunes de 17 ans, tandis que la proportion de ceux dont l’âge correspond à des études secondaires et supérieures augmente de façon significative. Les cursus scolaires connaissent indubitablement un rallongement.
Le rallongement du cursus scolaire concerne aussi bien les jeunes gens que les jeunes filles, tandis que l’avance qu’avaient les femmes en 2001 s’élargit en 2011.
Emploi et chômage
Figure 8 : Pourcentage des jeunes de souche grecque (22-34 ans) par catégorie professionnelle large à Athènes (2001, 2011)
La répartition des jeunes Grecs de 22-34 ans en quatre catégories professionnelles larges au début et à la fin des années 2000 montre que seule augmente la proportion de ceux qui figurent dans des positions élevées, tandis que celle des autres diminue, notamment celle de ceux qui exercent des professions manuelles spécialisées. Pour les jeunes migrants ou enfants de migrants, on constate une augmentation de la proportion de ceux qui appartiennent aux catégories intermédiaires et supérieures, tandis que diminue la proportion de ceux qui figurent dans les autres catégories. De façon globale, les données de la décennie montrent une augmentation à la partie supérieure de l’échelle et une diminution dans le reste du spectre des situations professionnelles ( figures 8 et 9).
Figure 9 : Pourcentage de jeunes migrants (22-34 ans) par catégorie professionnelle large à Athènes (2001, 2011)
Au début de la décennie, le chômage est plutôt bas et montre une différence importante aux dépens des jeunes femmes. Avec la montée du chômage total à la fin de la décennie, la différence liée au sexe diminue fortement, en tout cas pour les tranches d’âge les plus basses (Μαλούτας 2015, 147-148).
Les tendances générales pour les années 2000 peuvent être résumées comme suit :
- Les cursus scolaires se rallongent de façon globale et le cycle de 12 ans semble suivi désormais par quasi tous les jeunes
- Augmentation de la proportion des catégories professionnelles supérieures et diminution des autres catégories, notamment des métiers manuels
- Catégories professionnelles intermédiaires toujours prédominantes
- La répartition de la population indigène et de la population des migrants dans les catégories professionnelles est très différente, les migrants se concentrant dans les catégories inférieures
- L’emploi des femmes se concentre dans les catégories professionnelles intermédiaires et supérieures
- Le chômage des jeunes a augmenté de façon significative au cours de la décennie 2000, tandis que diminuaient les différences liées au sexe
Reproduction des inégalités sociales
Différenciation sociale au cours des cursus scolaires
La durée moyenne des cursus scolaires correspondant aux foyers dont les chefs appartiennent à des catégories socioprofessionnelles différentes nous donne une image de la reproduction de l’inégalité sociale (figure 10). Dans un contexte d’égalité des chances, les différences entre ces catégories devraient être faibles et aléatoires, ce qui n’est pas le cas en réalité.
Figure 10 : Pourcentages des jeunes de 15-29 ans en formation selon la catégorie professionnelle de la personne de référence de leur foyer à Athènes
Nous constatons tout d’abord qu’au cours de la décennie 2000, la durée des cursus scolaires a augmenté pour l’ensemble des jeunes – c’est-à-dire indépendamment du milieu social dont ils sont issus.
Le deuxième constat est que le cursus des jeunes issus des catégories professionnelles supérieures est en règle générale plus long que celui des catégories intermédiaires et inférieures
Le troisième constat est que l’augmentation de la durée des cursus est significativement plus importante pour les jeunes des catégories intermédiaires et inférieures. Cela indique une réduction des inégalités sociales, sans toutefois que cela suffise à lui seul à la confirmer.
En ce qui concerne le sexe, la durée du cursus apparaît plus longue pour les hommes des catégories supérieures (exemple représentatif : les juristes) ; au contraire, pour les catégories intermédiaires (exemple représentatif : les vendeurs) et inférieures (exemple représentatif : les ouvriers non spécialisés de l’industrie et BTP), ce rallongement concerne les femmes.
Les cursus scolaires se rallongent pour tous les jeunes indépendamment de leur milieu socioprofessionnel d’origine. Les différences toutefois persistent et l’écart se réduit surtout pour le secondaire, mais il demeure important pour les études supérieures (figure 11). La convergence importante des catégories intermédiaires et inférieures avec les catégories supérieures concerne donc surtout le cycle de 12 ans (différence de 5 points environ à l’âge de 17 ans) tandis que pour l’âge correspondant à la fin d’études supérieures de 4 ans, la différence reste importante (40-50 points).
Figure 11 : Pourcentages des jeunes de 15-29 ans en formation par âge et par catégorie professionnelle de la personne de référence de leur foyer à Athènes
Les cursus se rallongent également pour les jeunes migrants et pour les enfants de migrants. Les trois grands groupes d’origine que nous avons choisis comme représentatifs des différences à l’intérieur de la population des migrants (pays de l’Europe de l’Est, Maghreb et Moyen-Orient, pays du sous-continent indien) montrent que pour les deux premiers groupes, il y a une convergence significative avec les Grecs de souche en ce qui concerne la durée du cursus scolaire –ce qui reflète aussi l’intégration relativement réussie de la deuxième génération dans l’éducation. Pour le troisième groupe, le rallongement du cursus est beaucoup plus réduit et l’écart avec les Grecs de souche a augmenté au lieu de diminuer.
La convergence entre Grecs et groupes de migrants pour ce qui est de la longueur du cursus scolaire de leurs enfants concerne surtout –comme la convergence sociale observée précédemment– le cursus dans le cycle de 12 ans et moins l’enseignement post-secondaire ou les études supérieures.
Différenciation sociale dans la reproduction des catégories professionnelles
Le tableau 2 indique les probabilités pour les jeunes issus de trois catégories professionnelles indicatives (juristes, vendeurs, ouvriers non spécialisés de l’industrie ou BTP) d’avoir accès à l’un des quatre groupes de catégories professionnelles. Les valeurs du tableau sont des sous-multiples ou des multiples de l’unité, celle-ci constituant la probabilité moyenne de chaque jeune d’accéder à la catégorie professionnelle mentionnée, indépendamment de son origine sociale.
Tableau 2 : Probabilités d’avoir accès à des groupes professionnels différents (probabilités moyennes = 1) pour les jeunes de 22-34 ans selon que la personne de référence de leur foyer est juriste, vendeur ou ouvrier non spécialisé de l’industrie ou BTP
Il ressort du tableau 2 que les inégalités d’accès aux situations professionnelles supérieures et inférieures demeurent très importantes même à la fin de la décennie 2000, malgré une légère diminution par rapport à 2001. Ainsi, pour les jeunes issus d’une famille de juristes, les probabilités d’exercer un métier inclus dans le groupe des catégories professionnelles supérieures sont trois fois supérieures à la moyenne, tandis que pour ceux issus d’une famille d’ouvriers non spécialisés, les probabilités sont trois fois plus petites que la moyenne.
Le sexe fait varier les probabilités de mobilité sociale, les femmes présentant de meilleures probabilités pour un parcours professionnel à la hausse que les hommes, indépendamment de l’origine sociale. Toutefois les probabilités pour les femmes d’exercer une profession figurant dans les catégories supérieures ou de ne pas exercer un métier qui n’exige aucune spécialisation, sont à peine supérieures à celles des hommes lorsque les deux proviennent d’un milieu appartenant aux catégories supérieures, les juristes par exemple. La différence se creuse de façon significative en faveur des femmes lorsque l’origine sociale des jeunes est basse et concerne les catégories professionnelles intermédiaires ou inférieures des parents. Cette différence est plus importante quand il s’agit pour les femmes d’éviter les professions artisanales ou d’ouvriers non spécialisés, qui de toute façon, sont plutôt des professions d’hommes.
Le rôle de l’espace dans la reproduction des inégalités
Impact du voisinage et longueur du cursus scolaire
Le débat sur le rôle de l’espace dans la reproduction des inégalités sociales est important et complexe. Le fait que les jeunes qui grandissent à Psychiko ou à Ekali ont des probabilités plus grandes que ceux qui grandissent à Pérama ou à Zéfyri, de suivre un cursus scolaire plus long et d’occuper des situations plus élevées dans la hiérarchie professionnelle, ne constitue pas une preuve de ce rôle. La différence est due surtout à la physionomie sociale significativement différente de la population de ces quartiers et non aux caractéristiques de l’espace en soi.
Les caractéristiques de l’espace –c’est-à-dire au delà des caractéristiques du milieu social immédiat (familial) d’où sont issus les jeunes– concernent trois paramètres fondamentaux (Buck 2001, Atkinson and Kintrea 2001, Lupton 2003) :
1) La physionomie sociale globale du quartier, qui affecte les modèles sociaux (role models) et la composition sociale de la population scolaire des écoles locales
2) Le niveau des services sociaux et autres disponibles localement, et en premier lieu la qualité des écoles du quartier
3) L’image du quartier, qui peut aller de la stigmatisation au sentiment qu’il s’agit d’un quartier modèle
Les données des recensements ne suffisent pas pour une évaluation satisfaisante du rôle de l’espace –ou de l’impact du voisinage (neighbourhood effect) ou effet de voisinage comme l’on dit dans la bibliographie et dans le débat sur le sujet. Ce qui suit est une approche brute de l’effet de voisinage, étudiant les différences significatives, éventuellement, entre jeunes issus du même milieu socioprofessionnel, mais habitant des quartiers avec une physionomie sociale significativement différente. Les indicateurs utilisés sont la longueur des cursus scolaires et le chômage. Dans l’espace de la ville, nous avons retenu deux groupes de municipalités (banlieues nord et sud d’une part, banlieues ouest d’autre part, carte 1).
Carte 1 : Municipalités retenues pour le groupe des Banlieues nord et sud (en bleu) et des Banlieues ouest (en rose)
Les différences observées pour la longueur des cursus scolaires des jeunes ayant des parents juristes et vivant soit dans les banlieues nord et sud et dans les banlieues ouest sont très réduites. Au contraire, lors que ces jeunes ont des parents vendeurs ou ouvriers non spécialisés de l’industrie ou du BTP, la longueur du cursus est significativement plus longue pour les premiers.
Effet de voisinage et chômage
Le chômage a augmenté de façon importante entre 2001 et 2011 dans toute l’Attique. Toutefois, son impact sur les jeunes d’un même milieu socioprofessionnel vivant dans des quartiers dont la physionomie sociale est différente, présente des variations importantes.
Pour les enfants de familles occupant des situations professionnelles élevées (ingénieurs, juristes et médecins), le chômage en 2001 était déjà plus important pour ceux qui habitaient les banlieues ouest par rapport aux banlieues nord et sud. En 2011 toutefois, l’augmentation a été plus importante pour les premiers, ce qui a creusé encore l’écart, les premiers ayant désormais un taux de chômage double par rapport aux seconds (figure 12).
On a une image similaire pour les enfants des ouvriers non spécialisés de l’industrie et du BTP, avec cette différence que pour eux, l’augmentation du chômage a été bien plus importante encore que pour les premiers, qu’ils habitent les banlieues nord et sud ou les banlieues ouest (figure 13).
Figure 12 : Pourcentages de jeunes chômeurs (22-34 ans) ayant un père ingénieur, juriste ou médecin selon leur domicile à Athènes
Figure 13 : Pourcentages de jeunes chômeurs (22-34 ans) dont le père est ouvrier non spécialisé dans l’industrie ou le BTP selon le domicile à Athènes
Carte 2 : Pourcentage de chômage par secteur de recensement à Athènes (2011)
Un résultat plus global que nous offrent les données des recensements est que le chômage dans la zone métropolitaine d’Athènes a augmenté de façon impressionnante dans les quartiers où se concentrent les catégories socioprofessionnelles inférieures. Ainsi les coefficients de corrélation entre la répartition du taux de chômage et la répartition du taux de catégories professionnelles supérieures (cadres supérieures et professionnels) a passé de -0.46 en 2001 à -0.75 en 2011, tandis que pour les catégories inférieures (ouvriers non spécialisés), il a passé de 0.23 à 0.59 (Maloutas 2015). Cela revient à dire qu’au cours d’une décennie, la répartition spatiale du chômage est devenue beaucoup plus semblable à la répartition des catégories professionnelles inférieures et beaucoup moins à celle des catégories supérieures (carte 2).
Reproduction de l’inégalité via la reproduction intergénérationnelle des professions
Exemples de passage intergénérationnel d’une catégorie professionnelle à une autre
Les données des recensements permettent de corréler la profession des jeunes à celle de la personne de référence du foyer, lorsque ces jeunes habitent chez leurs parents.
Les tableaux suivants illustrent les groupes professionnels les plus courants où se regroupent les jeunes (hommes et femmes) issus de milieux socioprofessionnels précis.
Les catégories professionnelles de la personne de référence du foyer familial que nous avons choisies à titre d’exemple sont les suivantes : juristes, professeurs du secondaire, vendeurs, ouvriers spécialisés du bâtiment et ouvriers non spécialisés de l’industrie et du BTP.
Les tableaux mentionnent les catégories professionnelles détaillées où sont classés les jeunes de 22-34 ans issus d’un milieu socioprofessionnel précis (colonne 1), le pourcentage du total de ces jeunes pour chaque catégorie (colonne 2) et les probabilités pour un jeune d’accéder à cette catégorie (colonne 3) ; cette probabilité est le quotient obtenu en divisant le pourcentage de la colonne 2 par le pourcentage de la même catégorie professionnelle de l’ensemble de la population de la même tranche d’âge. Ces tableaux ne mentionnent que les catégories professionnelles pour lesquelles les probabilités d’accès, pour ceux qui sont issus du milieu socioprofessionnel en question, sont supérieures à 150% de la moyenne de tous les jeunes du même âge.
Dans les tableaux 3 à 12 les catégories professionnelles supérieures sont indiquées sur fond bleu, les catégories intermédiaires en beige, les catégories artisanales en vert et les professions non spécialisées en violet.
Quand on regarde la mobilité professionnelle intergénérationnelle dans les tableaux 3-12, on voit que les probabilités qu’ont les jeunes de trouver une place dans une catégorie professionnelle spécifique sont liées :
1) à la position hiérarchique de la profession des parents, qu’ils reproduisent habituellement
2) à l’objet spécifique de la profession des parents, qui est reproduite dans une proportion plus large lorsqu’elle entraîne une spécialisation importante qui contribue à créer une tradition familiale
La plupart des catégories professionnelles présentent un taux élevé de reproduction interne (familiale) sans qu’il y ait, nécessairement, des obstacles institutionnels / réglementaires à l’accès de tiers à ces professions. Le taux de reproduction interne est, dans une large mesure, fonction du statut social de la profession (les positions élevées ont en général des taux de reproduction plus élevés, suivies par les positions plus basses d’ouvriers spécialisés).
Le tableau 13 condense les informations des tableaux précédents (3-12) en ce qui concerne le taux d’accès et la probabilité d’accès aux professions correspondant aux choix les plus usuels et les plus probables des jeunes de 22-34 ans, selon la profession de la personne de référence du foyer dont ils sont issus.
Tableau 13 : Taux et probabilités d’accès aux catégories professionnelles vers lesquelles s’orientent surtout les jeunes de 22-34 ans selon la profession de la personne de référence du foyer (2011)
Pour les jeunes issus de familles de juristes, plus de 50% (pour les femmes, ce taux avoisine les 60%) ont accès aux choix principaux du groupe concerné, qui dans leur grande majorité sont liés à la profession de juriste. Les probabilités pour ce groupe d’avoir accès à ces choix sont beaucoup plus grandes que la moyenne (c’est-à-dire que la probabilité pour un jeune d’avoir accès à ces professions indépendamment du milieu socioprofessionnel dont il est issu).
Pour les jeunes issus de foyers d’enseignants du secondaire, le taux d’accès aux choix principaux de leur groupe est plus faible, comme ses probabilités d’accès par rapport à celles d’un jeune moyen. Une autre différence par rapport au groupe précédent s’observe dans la reproduction plus petite de la profession familiale, même si ce taux reste beaucoup plus élevé que la majorité des autres catégories professionnelles. Enfin dans ce groupe, les choix habituels des jeunes femmes les conduisent à des catégories professionnelles élevées avec un taux qui dépasse 40%, tandis que pour les hommes de ce groupe, ce taux est inférieur de moitié environ (tableaux 5 & 6).
Les jeunes issus de familles de vendeurs présentent les taux d’accès les plus bas aux choix principaux de leur groupe (choix qui dans une large mesure, sont liés directement à la profession de vendeur). Cela signifie qu’il y a une large dispersion pour un grand nombre d’autres catégories professionnelles pour plus de 60% des jeunes de ce groupe.
Pour les deux derniers groupes de jeunes, issus de familles de travailleurs manuels, le taux d’accès aux choix principaux de leur groupe (qui sont de nouveau liés directement au milieu socioprofessionnel d’origine) est plus important, surtout pour les hommes. Il est vrai que les professions d’origine sont généralement des professions masculines et que leur reproduction par les jeunes femmes du groupe n’est pas facile. Le parcours de ces jeunes femmes présente donc une tendance à la hausse vers le groupe des catégories professionnelles intermédiaires. Toutefois une observation plus attentive des catégories professionnelles auxquelles elles ont habituellement accès, montre qu’elles se concentrent surtout dans des catégories inférieures de prestation de services (coiffeuses, sommelières, esthéticiennes). Sur la base de ces remarques, le constat général d’un parcours professionnel ascendant des jeunes femmes par rapport aux jeunes hommes peut être dans une certaine mesure trompeur.
Conclusion
Notre investigation de la reproduction sociale en utilisant les données détaillées des deux derniers recensements nous amène à des conclusions importantes résumées très rapidement ci-dessous :
- Les cursus scolaires se rallongent, sans que cela entraîne une diminution des inégalités sociales
- Ce rallongement concerne tous les jeunes, y compris les jeunes migrants. On constate une plus grande diffusion sociale de l’éducation, ce qui en principe semble conduire à une réduction des inégalités nourries par les qualifications scolaires inégales
- Malgré le rallongement et la diffusion sociale de l’éducation, les inégalités persistent, en particulier pour les tranches d’âge au delà du secondaire, et sont particulièrement élevées pour les tranches d’âge correspondant à la fin des études supérieures et aux études de troisième cycle. Le rallongement des cursus scolaires ne semble pas, par conséquent, toucher les degrés qui constituent un enjeu pour l’accès aux situations recherchées sur le marché de l’emploi. Il se limite essentiellement à l’achèvement des études secondaires, qui constituent de plus en plus une condition indispensable pour ne pas être exclu de la plupart des emplois, mais ne constitue pas un avantage concurrentiel, puisqu’il constitue un acquis pour l’écrasante majorité des individus de la même tranche d’âge
- La différence au bénéfice des femmes en ce qui concerne la longueur des cursus scolaires se creuse en 2011, ce qui est dû à une série de facteurs parmi lesquels le nombre restreint et la qualité des emplois dans les catégories de travail manuel pour les femmes comparativement aux hommes.
- L’emploi devient une ressource plus rare de par l’augmentation brutale du chômage à la fin de la décennie, ce qui crée des conditions pour l’augmentation des inégalités
- L’accès à l’emploi devient socialement plus inégal, comme cela ressort de l’augmentation des coefficients de corrélation entre chômage et situations socioprofessionnelles.
- L’impact à la hausse du chômage sur l’inégalité ressort également de la concentration spatiale remarquable de l’augmentation du chômage au cours de la décennie dans les quartiers où se concentrent les catégories professionnelles les plus basses.
- La comparaison des probabilités de reproduction d’une série de catégories professionnelles entre 2001 et 2011 montre une légère réduction des inégalités de probabilités d’accès entre les catégories extrêmes, tandis que celles des catégories intermédiaires restent stables. Ces petites réductions peuvent être dues :
- à l’augmentation du taux des catégories supérieures et à la diminution de celui des catégories inférieures au cours des années 2000.
- au changement de contenu des groupes hiérarchiques larges dans lesquels le BIT range les catégories professionnelles, classement du BIT que nous avons utilisés, ce qui a contribué encore davantage à faire augmenter le pourcentage des groupes supérieurs et à diminuer celui des groupes inférieurs.
- La formulation de modèles précis pour la reproduction des catégories professionnelles choisies a montré que les professions des parents conduisent à un large éventail de choix probables pour les jeunes en ce qui concerne aussi bien la hiérarchie professionnelle que le contenu dans lequel s’inscrivent la plupart des cursus intergénérationnels. En ce sens, la mobilité sociale intergénérationnelle est déterminée dans une très grande mesure par la profession des parents.
[1]Autre problème : le changement d’un recensement à l’autre du concept de « chef » (1991) ou de « responsable » (2001) du foyer, qui n’apparaît pas en 2011 ; nous l’avons donc remplacé par la personne de référence. Il s’agit de la personne figurant en premier sur la fiche de recensement, qui dans la grande majorité des cas, correspond aux définitions précédentes.
*Le présent texte est une version abrégée de Maloutas (Μαλούτας 2015).
Référence de la notice
Maloutas, Th. (2016) Mobilité sociale intergénérationnelle : inégalité sociale des jeunes en matière d’accès à l’éducation et à l’emploi dans les années 2000*, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/mobilite-intergenerationnelle/ , DOI: 10.17902/20971.61
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
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