Cartographie de la pauvreté énergétique dans l’Athènes de la crise
Chatzikonstantinou Evangelia|Vatavali Fereniki
Cadre Bâti, Politique, Structure Sociale
2016 | Déc
Introduction
L’un des nouveaux phénomènes qui ont fait leur apparition avec une intensité particulière ces dernières années à Athènes est la difficulté d’accès des ménages à l’énergie. Depuis que la crise de la dette souveraine a éclaté en Grèce en 2010, une combinaison de facteurs (diminution des revenus, augmentation des impôts, montée du chômage, augmentation du prix des carburants, réduction des prestations sociales, etc.) a réduit de nombreux ménages à l’impossibilité de couvrir leurs besoins en énergie pour le chauffage, la climatisation, l’éclairage, voire pour la cuisine, comme le montre toute une série de recherche dans ce domaine (Santamouris et al 2013; Πάνας 2012; WWF and Public Issue 2013; Dagoumas & Kitsios 2014) et par extension, à un changement des pratiques individuelles et collectives par rapport à la consommation domestique de l’énergie.
Ce phénomène, c’est-à-dire l’exclusion ou l’accès insuffisant des ménages à l’énergie, que l’on désigne sous le terme de pauvreté énergétique ou précarité énergétique, s’est retrouvé ces dernières années au cœur des débats publics en Grèce et en Europe (Healy 2004; Walker & Day 2012; Atanasiu 2014; Santamouris et al 2007). Dans la plupart des cas toutefois, aussi bien au niveau des politiques qu’au niveau des controverses académiques, ce phénomène est lié à des données techniques et économiques, comme le prix des carburants, les revenus et le rendement énergétique des bâtiments, sans prendre en compte ses dimensions géographiques, telles qu’elles apparaissent au travers des processus de production de l’espace urbain et en particulier dans les pratiques individuelles et collectives au niveau de l’immeuble, du quartier et de la ville (Chatzikonstantinou & Vatavali 2016). Dans le cas d’Athènes en particulier, nous considérons que les questions de la consommation domestique de l’énergie et plus particulièrement les controverses et les défis liés au chauffage peuvent enrichir le débat concernant les retombées de la crise sur les relations et les inégalités spatio-sociales, aussi bien au niveau de la ville qu’au niveau de l’immeuble, un type de bâtiment qui a joué un rôle central dans les processus de développement urbain d’Athènes dans l’après-guerre.
Géographies de la pauvreté énergétique dans la municipalité d’Athènes
La répartition géographique de la pauvreté énergétique à Athènes n’a pas été étudiée de façon détaillée jusqu’à aujourd’hui, entre autres raisons, du fait qu’elle n’est que récemment apparue comme un problème social important, à cause du manque de données quantitatives appropriées et des difficultés d’accès aux informations au niveau du quartier ou du pâté de maisons. Dans le présent article, nous essaierons de donner une première image macroscopique des dimensions spatio-sociales de la pauvreté énergétique, en nous concentrant sur la municipalité d’Athènes. À cet effet, nous avons rassemblé et traité des données primaires sur les caractéristiques et l’usage des bâtiments, sur les revenus des ménages, sur la consommation d’énergie ainsi que sur la participation des ménages à des programmes d’allocation énergétique, afin de dresser toute une série de cartes sur ces critères. L’étude parallèle de ces cartes donne la possibilité de tirer des conclusions générales et partielles sur les dimensions spatio-sociales de la précarité énergétique dans l’Athènes de la crise. Cette recherche permet d’étendre les résultats de la recherche sur les géographies émergentes de la pauvreté énergétique à Athènes réalisée en 2015 à partir d’entretiens avec des ménages demeurant dans des immeubles de la municipalité d’Athènes, de la cartographie de données quantitatives et d’une évaluation des politiques [1].
Les informations exploitées pour dresser les cartes proviennent d’instances publiques. Les cartes qui reposent sur des données du recensement de 2011 de l’Autorité hellénique de la Statistique (ELSTAT) ont été dressées par secteur de recensement, tandis que les cartes qui s’appuient sur des informations du Secrétariat général aux Systèmes informatiques (GGPS) et du Secrétariat général aux Recettes publiques du ministère des Finances, du Concessionnaire du réseau national de distribution de l’énergie électrique (DEDDIE S.A.) et de la Gouvernance électronique de la Sécurité sociale (IDIKA S.A.) ont été établies sur la base du code postal. Relevons enfin que les limites de notre traitement ont été dictées par les difficultés et les restrictions d’accès aux données quantitatives (protection de la sphère privée, absence de réponse des autorités, restrictions commerciales, etc.).
Caractéristiques du parc immobilier et réseaux des infrastructures
La majorité des bâtiments de la municipalité d’Athènes sont des immeubles construits dans les premières décennies de l’après-guerre selon le système de la contreprestation (antiparochi). La vétusté et les caractéristiques de construction du parc immobilier [2], combinées au fait que très peu de bâtiments ont bénéficié d’interventions de rénovation ou de modernisation systématiques entre le moment de leur construction et aujourd’hui, constituent un corpus de bâtiments présentant de graves problèmes fonctionnels, en particulier en ce qui concerne les performances énergétiques. En ce qui concerne plus particulièrement le chauffage, la majorité des immeubles disposent de systèmes de chauffage central qui ne permettent pas de choix différenciés quant à l’utilisation du chauffage central au niveau des appartements. Enfin, en ce qui concerne les sources d’énergie utilisées, celles-ci sont liées entre autres aux réseaux des infrastructures qui existent dans les quartiers d’Athènes et surtout à l’existence ou non d’un réseau de gaz naturel.
Carte 1: Densité d’immeubles conformes aux règlements sans aucune isolation, 2011
Comme on le voit en cartographiant les informations provenant du recensement de 2011 de ELSTAT, sur l’ensemble de la municipalité d’Athènes, les pourcentages des bâtiments qui n’ont aucune isolation sont particulièrement élevés. Au centre d’Athènes et dans des zones comme Aghios Pavlos, place Attikis, Kypseli et Patisia, il existe des unités où le pourcentage des bâtiments sans isolation dépasse 80%. Dans les zones périphériques de la municipalité d’Athènes (Sepolia, Ano Patisia, Ano Kypseli, Polygono) et dans certaines zones partielles du centre (par ex. la zone autour du Lycabette), les habitations sans isolation sont moins nombreuses, fait qui peut être corrélé à l’existence d’un pourcentage plus important de constructions élevées après 1979, date à laquelle l’isolation des bâtiments est devenue obligatoire [3]
Carte 2: Densité des ménages utilisant le mazout comme source d’énergie principale pour le chauffage, 2011
Carte 3: Densité des ménages utilisant le gaz naturel comme source d’énergie principale pour le chauffage, 2011
L’utilisation du mazout comme source principale d’énergie pour le chauffage est particulièrement élevée dans certains quartiers périphériques de la municipalité d’Athènes (Ampelokipi, Gkyzi, Ano Kypseli, Ano Patisia, Rizoupoli, Probonas, Sepolia, Akadimia Platona, Petralona, Gouva, Neos Kosmos) et plutôt limitée dans les quartiers du centre (Triangle commercial, Aghios Panteleïmonas, Kato Patisia, Exarchia, Musée, Neapoli, Kolonaki, Ilisia, Pangkrati, Plaka, Koukaki, Thisio, Metaxourgio, Keramikos, Gazi), tandis que l’utilisation du gaz naturel comme source principale de chauffage présente une image inverse. Cela est lié au mode de développement du réseau de distribution du gaz naturel, qui, depuis des décennies, couvre principalement les quartiers du centre d’Athènes. De même, et ce malgré le fait que depuis 2000, « il est interdit d’utiliser du mazout pour chauffer l’eau ou les espaces habités » dans le centre historique d’Athènes [4] les données de ELSTAT (2011) montrent que l’utilisation du mazout pour chauffer les logements, bien qu’inférieure par rapport à d’autres zones de la municipalité d’Athènes, continue de se situer à des niveaux importants.
Consommation domestique d’énergie
Bien que l’accès à des données quantitatives pour la consommation d’énergie domestique dans les villes grecques soit difficile voire impossible dans certains cas, des recherches existantes donnent une image générale des tendances depuis que la crise a éclaté en Grèce, en mettant en évidence la grande diminution de la consommation de toutes les formes d’énergie [5], mais aussi les grands changements dans les formes d’énergie utilisées pour couvrir les besoins des ménages [6].
Au niveau de la municipalité d’Athènes, on n’a pas relevé la taille du problème et l’on se forme une image générale à partir de la juxtaposition d’informations partielles. Selon le directeur général de EPA Attiki A.E. (EPA ATTIKIS), 33% environ des immeubles à Athènes n’ont pas eu recours au chauffage central durant l’hiver 2012-2013 et 44% environ au cours de l’hiver 2013-2014 [7]. Cette image peut être complétée par les informations fournies par DEDDIE (Électricité de Grèce) : selon ces données, la consommation d’énergie électrique pour la période 2008-2015 dans la municipalité d’Athènes a diminué en moyenne de 12% par raccordement domestique. En ce qui concerne la consommation de mazout en Attique, sur la base des informations de ELSTAT, il ressort une baisse de 920 664 tonnes en 2008 à 271 792 tonnes en 2013, ce qui correspond à une diminution de l’ordre de 70,5%. Au delà de la contraction générale des revenus et de la montée des prix internationaux de l’énergie, la diminution ci-dessus est directement liée aux politiques appliquées, et surtout en 2012, à l’augmentation de 450% de la taxe spéciale à la consommation sur le mazout, qui avait été introduite dans le but de réduire la distribution de carburants sur le marché noir et d’augmenter les recettes de l’État.
Carte 4: Variation de la consommation d’électricité des ménages raccordés à DEI, 2008-2015
Sur toute l’étendue de la municipalité d’Athènes, on constate une réduction de la consommation d’électricité entre 2008 et 2015, à l’exception de quelques petites enclaves au centre ville, où l’on note une légère augmentation. L’importance de cette réduction présente de grandes différences. Dans certains quartiers du centre en particulier (Omonia, place Vathis, Metaxourgio, Psyrri, Gherani), les diminutions sont particulièrement élevées, puisqu’elles oscillent entre 25% et 40% par raccordement domestique. On note des réductions importantes de la consommation d’électricité dans les zones situées entre l’axe de la rue Patision et la ligne de l’ISAP, à Sépolia, Kypseli, mais aussi dans la région du Musée archéologique, à Plaka et à Kolonaki. On observe une diminution moins importante à la lisière nord de la municipalité d’Athènes (Ano Patisia, Rizoupoli, Probona), mais aussi à Polygono, Gherokomio et Ampelokipi.
Programmes pour combattre la pauvreté énergétique
Compte tenu de l’augmentation de la précarité énergétique à partir de 2012 et jusqu’à aujourd’hui, on a appliqué toute une série de politiques et de mesures exceptionnelles pour répondre aux besoins d’accès à l’énergie de certains groupes sociaux et certaines classes de revenus en accordant une allocation chauffage, en adoptant un système de facturation sociale pour la consommation d’électricité des ménages, en rétablissant gratuitement l’électricité qui avait été coupée, en accordant du courant gratuitement, des règlements bienveillants pour les factures d’électricité impayées, des tarifs plus bas les jours où les conditions atmosphériques favorisent la création d’un nuage de pollution et des rabais aux consommateurs parcimonieux en électricité. Les cartes qu’on peut établir à partir du traitement des informations sur les programmes susmentionnés nous donnent la possibilité d’une part d’estimer les dimensions géographiques de la pauvreté énergétique et plus généralement, de la pauvreté à Athènes, d’autre part d’évaluer les aspects spatiaux des politiques et mesures contre la pauvreté énergétique.
Carte 5: Nombre des bénéficiaires de l’allocation chauffage, 2014
Dans l’optique de soutenir les ménages pour couvrir leurs besoins en chauffage, de l’hiver 2012-2013 à l’hiver 2015-2016, le ministère des Finances a appliqué successivement différents programmes d’allocation mazout, dont les bénéficiaires étaient les ménages à faible ou moyen revenu [8]. Selon un communiqué dudit ministère, pour l’hiver 2013-2014, le total des allocataires était de 184 973 et pour l’hiver 2014-2015 de 351 043 (ministère des Finances 2014), tandis que les chiffres du Secrétariat général aux Recettes publiques montrent que pour la municipalité d’Athènes plus spécialement, le nombre des allocataires se montait à 12 057 en 2013, 21 935 en 2014 et 23 012 en 2015.
Le traitement cartographique des données du Secrétariat général aux Recettes publiques fait également ressortir que durant la période 2012-2015, les densités des bénéficiaires de l’allocation chauffage sont plus importantes dans les zones périphériques de la municipalité d’Athènes. Plus précisément, en 2014 par exemple, on constate de fortes densités d’allocataires à Sepolia, Rizoupoli, Ano Patisia, Ano Kypseli, Polygono, Ghirokomio et Neos Kosmos. Cette image peut être corrélée à la forte densité de bâtiments avec un chauffage central au mazout, puisque le réseau de gaz naturel ne dessert pas ces zones dans leur ensemble, ainsi qu’à la forte concentration de bâtiments abritant des ménages qui auraient probablement droit à l’allocation chauffage. Elle reflète également les critères de revenus et de fortune des programmes successifs d’allocation chauffage, qui se sont élargis en général pour englober outre les plus pauvres, des couches moyennes plus larges. Il est également significatif que les zones de chaque côté de la rue Patision, bien qu’elles concentrent des pourcentages élevés de pauvreté, ne présentent pas une grande participation au programme, d’une part parce qu’elles sont couvertes par le réseau de gaz naturel et que de ce fait, beaucoup de bâtiments n’utilisent pas de mazout pour le chauffage, d’autre part parce qu’elles sont habitées en grande partie par des migrants, qui soit sont exclus de fait du programme faute des documents indispensables, soit n’ont pas accès à l’information. Sur la base de ce qui précède, nous pouvons dire que la carte des bénéficiaires de l’allocation chauffage n’exprime pas nécessairement la répartition de la pauvreté énergétique dans l’espace, parce que l’image qu’elle donne résulte d’une combinaison de facteurs qui ne sont pas directement liés à l’impossibilité d’avoir accès à l’énergie.
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Carte 6: Densité des personnes ayant droit gratuitement au rétablissement du courant électrique et à la fourniture gratuite de courant d’après le Programme pour faire face à la crise humanitaire, 2015
En 2015, le ministère du Travail et de la Solidarité sociale a annoncé un programme pour les ménages vivant dans des conditions de pauvreté extrême, lequel, parallèlement à des allocations pour produits de première nécessité et le logement, fournit aux personnes à qui on avait coupé le courant, du courant électrique gratuit jusqu’à 300kwh par mois, un rétablissement gratuit du raccordement électrique et un aménagement pour le paiement des factures impayées [9]. En 2015, le programme en question s’appliquait à 89 288 familles comptant 212 216 personnes (ministère du Travail, de la Sécurité sociale et de la Solidarité 2015), tandis que son application a été prorogée en 2016. Plus précisément, sur la base des chiffres de IDIKA S.A., pour la municipalité d’Athènes, les bénéficiaires de ce programme se montaient pour 2015 à 7849.
According to the data of the Electronic Governance of Social Security S.A., there is a high concentration of beneficiaries for the subsidy for access to electric power in the areas of Sepolia, Kipseli, Patisia, Kolonos, Akadimia Platona, Agios Pavlos and Metaxourgio, while concentration is very low in central areas, such as Thision, Plaka and Kolonaki. The spatial distribution of the beneficiaries of the electricity subsidy reflect to a great extent the concentration of poverty in Athens, as, on the one hand, electricity is a basic amenity for all households, and on the other hand the financial criteria posed by the program exclude middle-income groups. However, considering that income is the only criterion for applying for electricity subsidy, the spatial distribution of beneficiaries does not provide a fully reliable input about the spatial patterns of energy deprivation.
Conclusions
La cartographie des chiffres disponibles fait ressortir que l’on n’observe pas de clivages entre les quartiers de la municipalité d’Athènes, puisqu’il y a une diffusion de l’abandon et des normes énergétiques basses des bâtiments, de la pauvreté et de la diminution de la consommation électrique. Le constat ci-dessus, dirions-nous, recoupe le débat plus large sur la mixité sociale à Athènes au cours des années d’après-guerre (Mantouvalou 1996; Mantouvalou & Mavridou 1993; Maloutas et al. 2006). On repère toutefois des unités spatiales plus ou moins grandes où les problèmes sont particulièrement plus aigus. Nous mettons à part la zone qui comprend une partie du centre historique d’Athènes et des zones au nord (Patisia, Sepolia, Kypseli, etc.). Dans cette zone où se concentrent classes à faible revenu (pour la répartition spatiale des différentes classes de revenus, v. à titre indicatif la carte 7) et parc immobilier dévalorisé, on relève une forte diminution de la consommation d’électricité, tandis que la possibilité d’avoir accès à une énergie meilleur marché grâce au réseau du gaz naturel ne semble pas décisive. L’image ci-dessus concorde avec les résultats de recherches grecques et internationales qui font ressortir le rapport étroit entre revenus faibles et pauvreté énergétique. Mais de nouveau, l’image est plus complexe. Dans les quartiers avec le plus de problèmes, on repère des poches pour lesquelles il ressort des informations disponibles une image relativement meilleure, alors qu’en même temps, dans certaines zones privilégiées, il existe des foyers de pauvreté, d’aggravation des conditions de vie et de précarité énergétique, ce que confirme la recherche qualitative (Chatzikonstantinou & Vatavali 2016).
Carte 7: Revenu annuel moyen par ménage pour l’année fiscale 2011 par code postal de l’adresse fournie par le contribuable
Parallèlement, la participation aux programmes pour combattre la pauvreté énergétique est assez limitée et présente une grande dispersion géographique, sans densité particulière dans les zones connaissant les plus grands problèmes. Le programme de fourniture d’électricité et de raccordement gratuits du ministère du Travail, de la Sécurité sociale et de la Solidarité constitue une exception : les bénéficiaires de ce programme se concentrent dans des zones à faibles revenus. Toutefois, même dans ce cas-là, l’impossibilité pour les ménages d’avoir accès à l’énergie est résolue par le biais de mesures soutenant le revenu, qui plus est, communes à tous les ayants-droit, sans modulation en fonction des ressources des ménages et sans que cette aide soit liée aux caractéristiques géographiques du phénomène, ou avec une stratégie plus large pour combattre la précarité énergétique.
Nous pouvons dire, plus généralement, que le débat sur les questions de la consommation domestique de l’énergie et les informations qui ressortent de la cartographie des différents aspects du phénomène s’articulent avec le constat plus général de l’apparition de vitesses et de polarisations multiples dans les quartiers d’Athènes dans la conjoncture de crise (par ex. Encounter Athens 2011; Maloutas et al. 2013). La question qui surgit également par rapport à la distribution de la pauvreté énergétique dans l’espace est de savoir dans quelle mesure le creusement de l’écart entre les conditions de vie dans les unités partielles de la ville et plus généralement, l’élargissement des inégalités spatio-sociales affecte la vie quotidienne des habitants d’Athènes, ainsi que les processus plus larges de productions de l’espace et d’intégration sociale dans la ville.
[1] Cette recherche, intitulée « Géographies de la pauvreté énergétique dans l’Athènes de la crise » a été financée par le programme « Études scientifiques 2015 » de la Fondation Ioannis S. Latsis.
[2] 80% des immeubles en règle de la municipalité d’Athènes ont été construits avant 1980 (ELSTAT 2011).Cf: Maloutas & Spyrellis 2015.
[3] Décret « Homologation du règlement sur l’isolation thermiques des bâtiments » (JO 362 IV/1979).
[4] Décision interministérielle ΚΥΑ 4241/796/2000 « Restrictions imposées sur le genre de carburants utilisés dans la zone du Centre historique d’Athènes » (JO 239 II/2000). Selon les décrets des 1 / 9 / 1979 (JO 567 IV) et 26 / 5 / 1989 (JO 411 IV), le centre historique d’Athènes comprend les zones du Thisio, de Plaka, du Triangle commercial, du Keramikos, du Metaxourgio, du Polytechnio et d’Exarchia, ainsi que les zones autour des collines de l’Acropole et de Philopappos et autour du Jardin national.
[5] Selon une recherche du WWF Hellas et Public Issue (2013), 81% des ménages ont réduit les dépenses de chauffage et de climatisation dans leurs logements et 74% ont réduit la consommation d’électricité. La même image ressort des chiffres d’une recherche réalisée en Grèce du nord par le Département de Statistique de l’université économique d’Athènes : selon ces chiffres, 62,4% des ménages dépensent plus de 10% de leur revenu total pour le chauffage, 78,6% utilisent moins de chauffage que ce qu’il faudrait pour des raisons financières et 64% déclarent qu’ils sont incapables de payer les factures de chauffage (Πανάς 2012). De même, une recherche conduite par Santamouris et al. (2013) a abouti à la conclusion que, entre l’hiver 2010-2011 et l’hiver 2011-2012, la consommation d’énergie des ménages a diminué de 15%, bien que le second hiver ait été plus froid, et que le pourcentage de la pauvreté énergétique a passé de 11,1% à 11,7%. Enfin, d’après les échantillons des Recherches sur le budget des familles de ELSTAT, l’usage du chauffage central a passé de 76% de l’ensemble des ménages en 2008 (ELSTAT 2012) à 35,5% en 2014 (ELSTAT 2015), soit une diminution de 46,7%. Plus précisément, le nombre des ménages utilisant le chauffage central dans leurs logements a diminué au cours des hivers 2008-2009, 2009-2010, 2010-2011, 2011-2012, 2012-2013 et 2013-2014 de 2,5%, 0,4%, 1%, 22,6%, 32,1% et 2,6% respectivement (ELSTAT 2010, 2012α, 2012β, 2014, 2015).
[6] Pour couvrir leurs besoins en chauffage en 2010, 65,9% des ménages ont utilisé principalement un chauffage central à mazout, 7,2% un chauffage central à gaz, 11,8 des poêles, 4,7% des appareils électriques, 4,8% le système de climatisation et 4,9% d’autres moyens. En 2013, le pourcentage des ménages se chauffant principalement au mazout est tombé à 38,1%, tandis que 8,9% des ménages ont utilisé le gaz, 16,1% des poêles, 11,5% des appareils électriques, 12,6% la climatisation et 11,4% d’autres moyens. Il vaut la peine de relever que 0,5% des ménages en 2010 et 1,5% en 2013 n’avaient pas du tout de chauffage (ELSTAT 2015).
[7] Journal Kathimerini (2014), 4 immeubles sur 10 à Athènes sans chauffage central, 12/2/2014.
[8] Décision ministérielle ΥΑ Δ33 5042999 ΕΞ 2012 « Octroi d’une allocation de chauffage et fixation de son montant, des ayants-droit, des conditions et de la procédure d’octroi » (JO 3049 II) et Décision ministérielle ΥΑ Δ33 5037619 ΕΞ 2013 « Octroi d’une allocation de chauffage et fixation de son montant, des ayants-droit, des conditions et de la procédure d’octroi » (JO 2656 II). Circulaire du ministère des Finances ΠΟΛ. 1230/20.10.2014, modification de la décision Δ33 5037619 ΕΞ 2013 « Octroi d’une allocation de chauffage et fixation de son montant, des ayants-droit, des conditions et de la procédure d’octroi » (JO 2820 II). Circulaire ΠΟΛ.1262/10.12.2015 ΥΑ 2015 « Octroi d’une allocation de chauffage et fixation de son montant, des ayants-droit, des conditions et de la procédure d’octroi » (JO 2677 II). Pour 2012, les ayants-droit devaient avoir un revenu familial annuel inférieur à 35 000 euros et une fortune immobilière inférieure à 200 000 euros ; pour 2013 et 2014, ces chiffres étaient de 40 000 et 300 000 euros. Enfin, pour 2015, les ayants-droit de l’allocation chauffage devaient avoir un revenu familial annuel inférieur à 20 000 euros et une fortune immobilière inférieure à 200.000 euros.
[9] Le programme a été réalisé sur la base de la loi 320/2015 « Mesures d’urgence pour faire face à la crise humanitaire, fonctionnement du gouvernement et des organes gouvernementaux et autres dispositions » (JO 29 I/2015) et de la décision interministérielle n° ΟΙΚ.494 (JO 577 II/2015) qui précisait les termes, les conditions et les procédures pour la réalisation des prestations des articles 1-3 de la loi 4320/2015. V. www.anthropocrisis.gr (dernière consultation : 08/07/2016).
Référence de la notice
Chatzikonstantinou, E., Vatavali, F. (2016) Cartographie de la pauvreté énergétique dans l’Athènes de la crise, in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/pauvrete-energetique/ , DOI: 10.17902/20971.67
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
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