Le Programme «Athènes-Attique 2014»
2015 | Déc
Dès la fin 2009, le nouveau ministère de l’Environnement, de l’Énergie et du Changement climatique (YPEKA), par ses Services et les Organismes sous sa tutelle, a mis les bouchées doubles pour élaborer un premier cadre cohérent pour aborder et traiter les problèmes importants à l’échelle de la ville et de la zone métropolitaine. Il s’agit du « Programme ATHÈNES-ATTIQUE 2014 », publié sous forme de brochure (photo 1), qui a été présenté en juin 2010. Le titre n’indiquait pas un point d’aboutissement mais symbolisait une occasion perdue au niveau de la ville : dix ans après les Jeux Olympiques, il était nécessaire de procéder aux changements concernant l’aménagement du territoire, le développement et l’environnement que l’on n’avait pas eu le courage de faire après les J.O.
Photographie 1 : Couverture de la brochure du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et du Changement climatique « ATHÈNES-ATTIQUE 2014 »
Ce Programme marquait une rencontre entre des visions et un ensemble de mesures stratégiques que l’on prévoyait pour Athènes et pour l’Attique. Il englobait des projets importants : l’intervention au centre-ville le long de la rue Panepistimiou qui répondait à la stratégie principale visant à la soulager de la circulation automobile et à en redéfinir le rôle, la création – après des retards injustifiables dans la mise en œuvre du processus – du Parc métropolitain sur la baie de Faliro et le réaménagement de l’avenue Vasilissis Olgas (photo 2) qui doit compléter le grand circuit archéologique.
Photographie 2 : Réaménagement de l’avenue Vasilissis Olgas
Avec le début de la crise, la ville a dû s’adapter à un monde en changement, tandis que le rôle et les intentions de la planification ont été reformulés en tenant compte de synergies et de processus d’un nouveau genre. Les objectifs étaient le développement durable (équilibre entre la production et l’environnement), la promotion d’une prise de conscience sur nos modes de déplacement et la manière dont nous envisageons la ville, la réhabilitation de l’environnement bâti dégradé, la recherche d’une image de la métropole en termes modernes et la préservation de sa richesse naturelle et culturelle. Le présent article présente les priorités, la méthode et les mécanismes et dévoile les intentions du nouveau Plan directeur d’Athènes et de l’Attique.
L’articulation de ses quatre chapitres révèle la nouvelle logique qui sous-tend l’entreprise. Dans le 1er chapitre, Amélioration du fonctionnement et de l’image de la ville, on répertorie des projets emblématiques ou de petite taille, dont plusieurs sont en chantier. De nombreuses questions, comme la recherche d’une solution pour réhabiliter la rue Pireos, ont été intégrées dans un grand projet de recherche confié à l’École polytechnique d’Athènes Metsovio, qui a également servi de référence à l’appel d’offre pour l’intervention le long de la rue Panepistimiou. Ce programme de recherche analyse également la relation dynamique entre les deux pôles que constituent les centres d’Athènes et du Pirée, qui pourraient servir de tronc pour la métropole et prévenir sa dispersion. Après des années, le même ministère par l’intermédiaire de la Direction des Projets spéciaux pour la Revalorisation locale (DEEAP) a élaboré des études, par exemple pour la place Ag. Panteleïmonas-rue Agorakritou (photo 3), pour les places Attikis et Ag. Nikolaou, et a achevé l’étude préliminaire pour la réhabilitation à Kaisariani du quartier des HLM des Réfugiés. Le même chapitre comprend la réhabilitation ou la reconstruction de quartiers de la ville en suivant de nouveaux modèles d’approche ; c’est dans cet esprit que l’on y a inclus une étude pilote élaborée par l’équipe SARCHA pour la zone de Gerani dans le centre-ville dégradé. On y recense également les grands chantiers métropolitains de réaménagement de la baie de Faliro, d’Elliniko où priorité sera donnée à la création d’un Parc métropolitain, de la Zone industrielle et portuaire de Drapetsona-Keratsini, d’Eleonas, des Parcs métropolitains de Goudi et « Α. Tritsis ». Enfin on souligne que pour mener à bien ces projets, il est nécessaire d’adopter des réformes légales et institutionnelles, des politiques et des outils de financement.
Photographie 3: les environs de la place Ag. Panteleïmonas
Le chapitre 2, Mobilité urbaine durable en Attique, souligne l’urgence d’un changement de mentalité en ce qui concerne nos modes de déplacement et la manière dont nous envisageons la ville, en des termes nouveaux (photo 4). Le chapitre 3, Protection et gestion durable de la campagne et des massifs montagneux de l’Attique, affirme la nécessité de protéger l’environnement naturel (photo 5) et de limiter la diffusion dans les zones hors planification, option confirmée par les propositions ultérieures du nouveau Plan directeur. Enfin le chapitre 4, Gestion durable du littoral de l’Attique, donne la priorité à l’ouverture de la ville vers le golfe Saronique et le reste du littoral. Le manque d’espaces verts à Athènes est remplacé par l’intégration des côtes dans le tissu urbain, qui compensent les zones non bâties. En annexe, on trouve les préalables pour lutter contre les constructions sans permis, les problèmes de gestion et fonciers, et le Programme s’achève par une liste des actions importantes, dont la planification, pour beaucoup, a été réalisée ou achevée, mais pas appliquée.
Photographie 4: Problèmes de circulation et nécessité d’une mobilité durable
Photographie 5: Le Parnès en feu : la destruction des ressources naturelles
L’investissement pour le nouveau Plan directeur d’Athènes-Le Pirée (PDA) a été important, et marqué par un retour à un développement de l’espace mettant l’accent sur l’environnement et promouvant des politiques intégrées de reconstruction du tissu urbain existant (photo 6). Le nouveau PDA devrait permettre de suspendre l’extension des constructions dans l’espace extra-urbain – notamment dans le nord et l’est de l’Attique, – offrir des possibilités pour déplacer des activités de production gênantes dans des zones industrielles organisées, existantes ou nouvelles, ainsi qu’un système durable de transports pour passagers et marchandises en donnant la priorité au rail, au vélo et au piéton.
Photographie 6 : Couverture de la brochure du ministère de l’Environnement proposant le nouveau Plan directeur d’Athènes
Aujourd’hui, le temps écoulé depuis la publication du Programme permet d’en évaluer les avantages et les éventuels défauts. En comparant le programme à l’approche conjoncturelle actuelle des mêmes problèmes, on peut le percevoir comme pénétrant, visionnaire et audacieux dans la manière de traiter la réalité qu’il devait affronter. Le nouveau PDA visait en particulier à servir d’outil principal pour une nouvelle planification du développement durable à long terme de tout l’espace de l’Attique. Quant aux problèmes complexes du centre, le Programme a considéré dès le début que la mauvaise image de l’espace public et sa privatisation avaient des répercussions négatives sur les comportements sociaux et créaient des modèles dépréciant la coexistence collective. Il soulignait la nécessité d’avoir une mixité sociale et culturelle et de réhabiliter des quartiers présentant des phénomènes de marginalisation ; il allait de soi qu’inverser la tendance à l’abandon du centre, qui était liée au fait qu’un grand nombre de migrants acceptaient d’y vivre dans des conditions de misère inacceptables, demandait au préalable qu’on traite ce problème de manière positive pour assurer le fonctionnement social et économique cohérent du centre. Dès ce moment-là on avait souligné la nécessité de la coopération des différentes instances compétentes de l’État avec les administrations locales et la société civile, pour faire face aux problèmes complexes concernant la diversité et l’exclusion des groupes de population fragiles (photo 7).
Photographie 7: Les migrants au centre
Aujourd’hui, cinq ans après, gérer humainement les divers groupes de migrants dans la ville reste encore à réaliser, alors qu’ils pourraient contribuer à couvrir les déficits des services sociaux et donner un peu d’air frais à de nombreuses PME.
La rue Panepistimiou, l’épine dorsale des interventions au centre-ville, a été choisie comme l’axe le plus important qui méritait d’être rendu au piéton et à la ville en raison de son emplacement, de sa géométrie, de son architecture et de son histoire, pour son importance urbanistique et économique, pour son importance pour les transports publics et le réseau de tram, et on attend la réalisation de ce projet. Malheureusement, malgré l’ouverture du projet à une société de réaménagement urbain, la suppression ultérieure – au lieu de la modernisation – de la société ΕΑΧΑ A.E. (S.A. pour l’Unification et l’aménagement de la Zone archéologique) prive le programme de la possibilité de réaliser de façon efficace les interventions historiques, esthétiques et fonctionnelles que l’on avait prévues.
Le Programme Athènes-ATTIQUE 2014 a généré un nombre important de concours d’architecture lancés dans un nouveau cadre législatif, qui ont fait avancer la discussion autour de l’architecture et de la culture urbaines. Outre le concours pour la rue Panepistimiou, il s’agit des concours attribués à ΕΑΧΑ S.A. pour le réaménagement de la place du Théâtre et pour le projet ATHINA X 4 (acquisition et restitution de l’espace public, réhabilitation de l’image et équilibre vert) et, projet capital, pour le quai dans le parc métropolitain de Faliro (confié à la DEEAP). Enfin, par attribution directe à l’École supérieure des Beaux-Arts et un appel d’offre, on a mené à bien trois fresques emblématiques sur des façades aveugles de bâtiments, qui ont permis des rencontres inattendues entre l’art et les habitants de la ville à une époque où le citoyen était désactivé, où l’espace public se rétrécissait ou cédait à la marchandisation, et où le rôle de l’art était décisif (photo 8).
Photographie 8 : Fresque sur une façade de bâtiment aveugle rue Pireos
Référence de la notice
Kaltsa, M. (2015) Le Programme «Athènes-Attique 2014», in Maloutas Th., Spyrellis S. (éds), Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr/article/plan-athenes-attique-2014/ , DOI: 10.17902/20971.36
Référence de l’Atlas
Maloutas Th., Spyrellis S. (éd.) (2015) Atlas Social d’Athènes. Recueil électronique de textes et de matériel d’accompagnement. URL: https://www.athenssocialatlas.gr/fr , DOI: 10.17902/20971.9
Références
- ΥΠΕΚΑ (2010) Αθήνα – Αττική 2014. Αθήνα.